L’éléphant d’Henri de Régnier

Pietro Longhi (Venise 1701 – 1785) L’éléphant huile sur toile

C’est un tableau très amusant. Dans une sorte de baraque foraine dont on distingue, au fond de la toile, les planches mal jointes et dont le sol est jonché de paille, se dresse une estrade basse sur laquelle parade, avec un sérieux comique et une gravité naïve, un jeune éléphant. Ses grosses jambes, dont l’une est enchaînée, supportent son corps massif. Dans sa tête aux vastes oreilles, son œil vif semble rire et, entre ses deux défenses courtes encore, sa trompe flexible pend et se courbe aimablement. Comme il a l’œil bon et narquois, ce brave petit pachyderme, tout étonné de paraître un phénomène aux regards de ceux qui sont venus l’admirer !

Outre le gardien qui les a introduits et qui est coiffé d’une espèce de turban à la turque, les visiteurs sont trois hommes et une femme. C’est elle qui s’est rapprochée le plus de la bête extraordinaire. Les mains dans son manchon, ses souliers de satin dépassant le bord de son ample robe, les épaules couvertes d’une mante noire, elle considère attentivement le monstre éthiopien. Un étrange masque blanc à bec d’oiseau, qu’un tricorne surmonte, lui couvre le visage. A ses côtés, deux de ses compagnons, masqués eux aussi, s’enveloppent des larges plis de leurs haute. Derrière elle, le troisième, monté sur un escabeau, domine la scène. Il tient un cahier de papier et un crayon. Il a repoussé son tricorne en arrière et relevé son masque en visière sur son front. Regardez-le bien, ce personnage au long nez, au menton pointu, aux yeux très noirs dans une figure mince, qui est venu prendre un croquis de l’animal exotique et qui s’est représenté ainsi dans le tableau qu’il a peint. C’est Pietro Longhi, Vénitien. Ce n’est sans doute pas un grand peintre que cet artiste charmant dont l’œuvre est familière à tous les amis de Venise et présente à tous les curieux de l’ancienne vie vénitienne. Pour ma part, je n’en sais pas de plus captivante et de plus instructive que la sienne, aussi est-ce un plaisir pour moi chaque lois que je retourne là-bas de revoir les gentils et vivants tableaux de cet agréable petit maître, ces amusants quadri qui aident si bien à imaginer ce que fut la vie patricienne, bourgeoise et populaire durant le dernier siècle de la Sérénissime République et qui en reproduisent avec tant d’esprit, de naturel et de vérité, la grâce frivole, élégante et paresseuse.

Car c’est un observateur attentif, souriant et véridique que notre Longhi, un réaliste aimable. Il a de la bonhomie et de l’indulgence. Il est le chroniqueur en images de la société du dix-huitième siècle. Il nous fait assister aux épisodes variés qui remplissaient de leur gentille frivolité l’existence d’alors. Il nous en montre les usages et les habitudes, les occupations et les divertissements ; il nous introduit dans l’intimité d’un charmant passé, dont son pinceau nous a gardé les gestes, les attitudes et les couleurs avec la plus scrupuleuse fidélité. Par lui nous savons comment on a vécu à Venise pendant plus d’un demi-siècle, comment on s’y habillait, à la mode de chaque année. Il nous apprend les costumes et les mobiliers. Il nous conduit dans les palais, nous mène dans les églises, il nous initie à tous les détails d’une journée d’autrefois et la rend présente à nos yeux. Il est le peintre toujours exact et souvent délicieux des Vénitiens et des Vénitiennes de jadis. Il nous les montre à leurs occupations quotidiennes, dont la moindre n’est pas de fréquenter les salles illuminées du Ridotto et de fouler, de leurs hauts talons, les dalles de marbre de la Piazzetta.

Mais l’observateur est, chez Longhi, il faut bien le dire, quelque peu superficiel. Il se contente de noter les aspects sans tâcher de nous faire pénétrer plus loin. Ses charmants tableaux manquent de profondeur, et ce défaut, malheureusement, n’est pas compensé par une de ces habiletés techniques qui dispensent du reste. Si Longhi sait fixer avec naturel un geste ou une attitude, s’il sait reproduire, parfois avec un art très délicat, la nuance d’une étoffe ou la couleur d’un objet, s’il sait assortir les tons avec une certaine harmonie, ses figures, par contre, manquent, la plupart du temps, d’expression. D’ailleurs, ne semble-t-il pas que la mode vénitienne d’alors ait voulu faciliter la tâche de son peintre favori en lui fournissant pour modèles ces personnages masqués, dont il peint avec tant de bonheur le blanc visage de plâtre ou de carton et dont il drape si bien l’ample baùta de satin noir. Aussi est-ce dans ces scènes de travestis, comme celle dont je parlais tout à l’heure et où il s’est représenté lui-même, le crayon aux doigts, qu’il excelle. Là, il est unique et parfait. Bien plus, il devient presque mystérieux, quand il nous montre les étranges fantômes, à la fois burlesques et élégants, en quoi le carnaval transformait les Vénitiens de jadis qui couraient au plaisir en portant sur leurs visages déformés la cadavérique pâleur de la maschera .

Impression fugitive, néanmoins, que celle-là, dans l’œuvre de Longhi, qui dit plus qu’aucune autre, au contraire, la douceur et l’amusement de vivre. Il y a des époques et des lieux, en effet, où la vie se fait facile et bienveillante, comme pour redonner confiance en elle. A ces moments, il se produit une sorte d’accalmie, une sorte d’entente des événements, qui rendent aisée l’existence. Ce sont des époques de politesse, de courtoisie, de frivolité, d’aimable indulgence, d’élégance, de luxe. C’est ce que l’on appelle, d’ailleurs, des périodes de décadence. Nul doute que Venise, au dix-huitième siècle, n’ait connu un de ces états de détente. Heureux état, où l’arrivée d’un éléphant d’Afrique était assez mémorable pour que. l’illustrissime signora Maria Pisani en commandât la représentation au bon peintre Pietro Longhi !

in Esquisses vénitiennes, Paris, Collection de l’art décoratif, 1906.

Brunetti au Palazzo Ivancich

Nous avons surpris le commissaire Brunetti, lors d’un tournage de la série, dans l’ex Grand Hotel, autrefois propriété de la famille Ivancich, et qui est devenu aujourd’hui le Palazzo de la Regione Veneto…

Ne manquez-pas la série qui se poursuit sur France 3 !

Dimanche 21 juillet à 20:45 heures.

Le cantique des innocents

Le capitaine Marvilli, membre des carabiniers, fait arrêter Gustavo Pedrolli, un pédiatre de renom. Il le soupçonne d’avoir assassiné une jeune Albanaise, mère de l’enfant qu’il a adopté. La victime voulait, semble-t-il, retrouver son enfant. Cependant, Brunetti n’est pas convaincu de la culpabilité de Pedrolli. Avec l’aide de Marvilli, il reprend l’enquête et tente de trouver de nouvelles pistes. Il n’obtient que peu de résultats, jusqu’à ce qu’il se penche sur une agence d’adoption aux agissements suspects. Le commissaire s’intéresse de près aux responsables de cette société et découvre de nouveaux indices…

 Commissaire Brunetti : enquêtes à Venise Le cantique des innocents

suivi de…

Dimanche 21 juillet à 20:45 heures.

Entre deux eaux

A Venise, en plein hiver, alors que la cité est envahie par les eaux de la lagune durant l’acqua alta. C’est là, dans une petite ruelle à l’écart, que l’archéologue américaine Brett Lynch est violemment agressée par deux individus. Son amie, la cantatrice Flavia Petrelli, informe le commissaire Brunetti qu’elle devait rencontrer Francesco Semenzato, directeur de l’un des musées de la ville. Le policier n’aura pas l’occasion d’interroger Semenzato, qui est retrouvé mort le même jour. Lorsqu’un autre meurtre est commis, Brunetti s’implique dans l’enquête. Il ne tarde pas à découvrir un trafic d’œuvre d’art, orchestré par un collectionneur : La Carpa…

 Commissaire Brunetti : enquêtes à Venise Entre deux eaux

Les Bandits de Venise

Line Diar était ravie.

Venue passer les fêtes du Carnaval à Venise avec ses parents, elle se trouvait invitée à un bal masqué chez des amis. Après bien des hésitations, elle avait choisi de se déguiser en Vénitienne de l’ancien temps.

La fête battait son plein chez les Poggi quand la famille Diar arriva. Tout de suite, M. et Mme. Diar, qui venaient régulièrement à Venise une fois l’an, retrouvèrent là quantité d’amis…

« Les bandits de Venise » est une histoire illustrée parue dans « La Semaine de Suzette » du jeudi 1er août 1957. Nous l’avons reproduite pour nos fidèles lecteurs et lectrices… et nul doute que cela rappellera de bons souvenirs à certaines.

Les Bandits de Venise - La semaine de Suzette - 1 août 1957

Les Bandits de Venise - La semaine de Suzette - 1 août 1957

Les Bandits de Venise - La semaine de Suzette - 1 août 1957

L’inquisition et les livres interdit à Venise

Ville précoce et moderne Venise était une cité exceptionnelle. Située à l’intersection des routes commerciales et de frontières culturelles, elle regorgeait de visiteurs, des commerçants, des réfugiés et d’intellectuels.

Il n’est alors pas surprenant de comprendre que cette ville devrait favoriser les groupes et les individus de croyances orthodoxes, dont les opinions et le style de vie les mettrait en conflit avec les autorités laïques et religieuses. S’appuyant une importante quantité de sources et en particulier de celles de l’Inquisition, des études reconstituent le tissu social de Venise entre 1640 et 1740. Elles ramènent à la vie une foule de personnages mineurs qui habitaient la ville, et qui ont favorisé les idées de la dissidence, l’incroyance et l’athéisme, ferments de la Contre-Réforme.

The Inquisitor in the Hat Shop: Inquisition, Forbidden Books and Unbelief in Early Modern Venice de Federico Barbierato est un livre, en anglais, qui brosse une scène vivante remplie d’artisans, de religieux et de prêtres, de libraires, d’apothicaires et de barbiers. Une ville animée, dont les espaces de sociabilité, entre les cafés et les ateliers, les apothicaires et les boutiques de barbiers, ainsi que les salons de la bonne société, permettent  de parler simplement et à tous d’exprimer publiquement leurs idées. Pour donner de la profondeur aux cas identifiés, l’auteur se superpose à un certain nombre de thèmes contextuels, tels que la survie des doctrines du protestantisme (ou crypto-protestante), la situation politique à un moment donné, et les réseaux de groupes dissidents qui ont fleuri dans la ville, tels que les « métaphysiciens libres » qui se sont réunis dans les locaux du chapelier Bortolo Zorzi.

Ce faisant ce livre riche et stimulant fournit un aperçu systématique de la façon dont les institutions ecclésiastiques vénitiennes contrôlaient la diffusion même des idées hétérodoxes et athées dans les différentes couches sociales. Il sera d’un intérêt non seulement pour les chercheurs  Venetophyles, mais aussi pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire intellectuelle, culturelle et religieuse du début de l’Europe moderne.

Index des livres interdits, vol. III : Index de Venise, 1549 ; Venise et Milan, 1554, par J. M. De Bujanda correspond à une étape importante dans l’histoire de la censure.

A Venise, le plus grand centre de production de livres de l’époque, tout projet de censure se heurte à la résistance de ceux qui vivent de cette activité économique. Les libraires importent massivement les livres « luthériens » ; les imprimeurs publient les ouvrages d’hétérodoxes italiens. L’autorité civile balance entre la répression et la tolérance tacite.

En 1549 les rigoristes l’emportent et le Conseil des Dix ordonne la composition et l’impression d’un Catalogo sous la direction de l’Inquisition vénitienne et, en particulier, du légat Giovanni Della Casa. Mais, sous la pression des « hommes du livre », l’ouvrage sera retiré après un mois seulement.

L’index des livres interdit sera finalement imposé par le pape Paul IV, rédaction purement romaine valable pour toute la chrétienté, et qui deviendra donc un document secret, exploité par l’Inquisition, dès 1559, et célèbre pour sa rigueur. Mais il sera surtout principalement diffusé, en secret, grâce à l’hétérodoxe émigré Pier Paolo Vergerio qui s’en était procuré un exemplaire. Les contrefaçon protestante de l’Index seront nombreuses, car considéré comme une incontestable publicité pour les livres qu’il fallait avoir lu.

L’Index mentionne entre autres 596 livres, dont 94 propres à Venise, alors que 2 seulement sont de Milan. Mais, un appendice purement vénitien rajoute encore 93 interdits antérieurs, portant ainsi le total à 689.

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Vous avez donc là de quoi commencer une importante bibliothèque !

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the inquisitor in the hat shop

Le retour prolongé à Venise…

Manet restera un peu plus que prévu à Venise, pour son retour dans la cité des doges.

2 Manet Ritorno a Venezia a cura di Stéphane Guégan

Grand succès auprès du public et des critiques pour l’exposition « Manet. Retour à Venise » qui est présentée depuis le 24 avril au Palazzo Ducale, et qui, ces jours-ci, a dépassé les 100.000 visiteurs. Pour cette raison, et pour s’assurer que toutes les réservations seront honorées, l’exposition a été prolongée jusqu’au dimanche 1 Septembre 2013.

Nous vous avons annoncé très tôt cette exposition, dès le 29 mars, dans Manet : retour à Venise.

Nous l’avons visitée pour vous, et nous vous en avons fait une présentation exclusive avec l’aide du service de presse du Musée d’Orsay : La rencontre de Venus et Olympia à Venise.

Nous avons été séduits par cette exposition fort remarquable par son approche unique d’un articte très connu en France, mais dont l’inspiration vénitienne était, jusqu’à ce jour, passée totalement inaperçue.

L’exposition devait se clôturer le 18 août, c’est donc deux semaines supplémentaires qui vous sont offertes pour vous donner l’occasion d’aller voir cette exposition qui devrait vous enchanter autant qu’elle nous a subjuguée.

L’exposition présente, réunis pour la première fois, quelques chefs-d’œuvre absolus de Manet, tels que Le Déjeuner sur l’herbe (1863 -1868 c.), Le fifre (1866), La conférence (1865-1873), Le Balcon (1869), Sur la plage (1873 ), Portrait de Mallarmé (1876 ca), etc. Tous présents à Venise grâce aux prêts exceptionnels du musée d’Orsay (l’institution qui conserve le plus grand nombre de chefs-d’œuvre de l’artiste) et d’autres prestigieux musées internationaux, dont le Metropolitan Museum de New York, la Bibliothèque Nationale de France, la Courtauld Gallery de Londres, le Museum of Fine Arts de Boston, la National Gallery de Washington, l’Art Institute de Chicago et bien d’autres.

Organisée et produite par la Fondation des Muséums Civiques de Venise et de 24 ORE Cultura – Gruppo 24 ORE, l’exposition est placée sous le patronage du Président de la République italienne, conçu avec la collaboration spéciale du Musée d’Orsay à Paris et réalisée avec parrainée par la Région de la Vénétie et du patrimoine architectural et du paysage de Venise et sa lagune.

"Olympia" de Manet (1863) et "La Vénus d'Ubin" de Titien (vers 1538) © Photo Nicolas Krief

« Olympia » de Manet (1863) et « La Vénus d’Ubin » de Titien (vers 1538) © Photo Nicolas Krief

Le Torson di Sotto

Torson di Sotto dans la moitié du siècle dernier

Sur cette photo, on peut voir Luigi Gigio Tolotti (1912 – 1974), légendaire figure de la lagune, naturaliste et chasseur, dans un lieu dont il ne reste aujourd’hui même plus la mémoire.

Depuis que l’on a creusé le canale dei petroli, pour le passage des pétroliers, la presqu’île que l’on nommait autrefois Torson de Sotto a subis tellement d’érosion qu’il n’en reste presque plus rien.  De la maison, dans la fin des années 1990, il ne restait que cela :

Torson di Sotto

C’était un coin perdu de la lagune, loin, entre les marais de Ravaglio et de Rivola, en bordure du canal de Piovega. Seul un habitant de la lagune savait y aller sans se perdre.

Le département de génie civil pour les travaux maritimes avait proposé avant la Seconde Guerre mondiale, puis à nouveau en 1953, l’ouverture d’un canal navigable entre l’embouchure de Malamocco et de la zone industrielle située à Marghera, sur le continent.

Le projet initial à été régulièrement agrandi pour arriver à sa forme définitive de la loi du 2 mars 1963. On y jugeait que les gros pétroliers étaient potentiellement dangereux pour ce centre historique en cas d’explosion ou d’incendie à bord. On creusa donc un canal de 18 kilomètres de long et de 140 mètres de large, avec une profondeur de 14 à 15 mètres, capable de permettre la circulation de navires de 65.000 tonnes.

Le canale dei Petroli fut inauguré en 1969.

A l’époque déjà, des craintes avaient été exprimées, notamment par l’association écologique Associazione Italia Nostra. Elles furent balayées d’un revers de main au nom du progrès industriel.

Aujourd’hui, toute cette partie de la lagune est très polluée, les activités de pêche y sont même interdites. Les courants créés par cette voie maritime et l’impact de la masse des gros pétroliers a détérioré toutes les berges.

Il y a quelques années nous étions allés pêcher le long du Canal Melison, près des marais de Rivola et pas très loin du canale dei petroli. C’était en Novembre lors de la fraima (la fraima pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le moment de l’année entre Octobre et Novembre quand la nature se prépare à hiberner, et que les poissons de la lagune repartent vers la mer). Au coucher du soleil, au moment où l’on dit que l’eau est dozana ou calme, un pétrolier est passé. Il allait vers S. Leonardo. Eh bien, dans un premier temps, notre embarcation s’est presque retrouvée à sec et ensuite nous avons été soulevés par une vague tellement importante que c’est seulement à cause de l’expérience des marins vénitiens et, de leur avis, une forte dose de chance si le bateau n’a pas chaviré. C’était une chose incroyable !

Or, des bateaux comme cela il en passe des centaines dans ce canal, même si l’activité de la zone de Marghera a fortement périclité ces dernières années.

Cela fait bien longtemps que je ne suis pas allé traîner dans ce secteur. Je ne sais même pas s’il existe encore aujourd’hui un peu de cet endroit.

Au delà de cet endroit, on a créé une zone naturelle qui s’étend presque jusqu’à Chioggia. De nombreuses exploitation y élèvent désormais les poissons qui viendront à votre table lors de vos séjours à Venise.

Article écrit avec la complicité de Gigio Zanon, que nous remercions pour son aide.

La Reine, le Bon Dieu et les ânes

On ne peut pas plaire à tout le monde… surtout quand on a le vilain défaut de raconter ce que certains souhaiteraient bien que personne ne sache… ou ne veuille vraiment savoir, même si tout le monde s’en doute.

Car si certaines certains se prennent soit pour le Bon Dieu, soit pour les Reines et les Princes, sans aucun doute ils s’imaginent que les autres sont des ânes.

Il était une fois, dans un pays imaginaire qui ne peut exister vraiment, une grosse et mauvaise femme, acariâtre, sale et menteuse comme une vipère,  qui s’était imposée comme La Reine.

C’est ce qu’elle prétendait être, et comme elle le criait plus fort que tous les autres, le bon peuple voulait, ou faisait semblant d’y croire.

Le fait est que toute cette prétendue suprématie reposait sur de fausses argumentations étayées par de faux documents. La meilleure aime de La reine était une faussaire émérite, plusieurs fois condamnée par la justice divine, mais toujours épargnée par les simples. Il suffisait de prétendre que l’on devait oublier ces condamnation, et répandre moult bruits, rumeurs et commérages pour que les  esprits s’égarent. Les simples sont comme les ânes, qui ne voient qu’en l’écurie la solution à leur peine.

Oubliées donc les années de prisons et les victimes spoliées, seule restait la grandeur et l’éclat quand La Reine et sa troupe de complices se pavanaient devant la foule des crédules, tel un Médicis a Florence au temps de la peste.

Certains, quand la lumière leur était venue, se détournaient de cette troupe de menteurs et de voleurs. Certes ils sauvaient ainsi leur honneur et leurs économies, mais ils en devenaient aussitôt les victimes d’une vindicte faite de ragots infâmes propagés par un troupeau de disciples aussi dociles que des moutons. Nos pires ennemis nous sont plus fidèles que nos meilleurs amis, c’est bien connu.
(Nous le vérifions chaque jour, ceux qui médisent à notre égard et dénigrent notre blog sont nos plus fidèles lecteurs)

Les ânes auraient ainsi pu faire prospérer ce commerce indigne pendant des temps infinis.

Mais la divine justice veillait, et celle des hommes se trouva inspirée d’aller vérifier, dans son ensemble, et séparément, ce que chacun, dans cette bande de trousse chemins, pouvait avoir à se reprocher.

C’est ainsi qu’un jour de carnaval, le soleil revint, pour la joie de tous, illuminer la lagune enfin libérée.

La Reine, le Bon Dieu et les ânes

Federico Gualdi

Federico Gualdi, était un alchimiste, né probablement aux alentours de 1600, qui  se déclarait lui-même d’origine allemande, mais l’information n’est pas certaine car elle n’est pas documentée.

Il existe un portrait de Gualdi qui figure en frontispice de La critica della morte, ouvrage édité en 1690 par un certain Sebastiano Casizzi.

Federico Gualdi en 1690

Il est incontestable que Gualdi séjourne à Venise entre 1660 à 1678. Mais de sa vie avant 1660 l’Histoire ignore tout.

Nous savons, au moins, qu’il était en relation, très proche, semble-t’il avec le jeune imprimeur Domenico Lovisa.

La terrible inondation survenue dans la nuit du 18 et dans la journée du 19 novembre 1600, va lui inspirer l’idée de lutter contre l’Acqua alta.

En 1660, puis en 1663, Gualdi soumet à la République de Venise deux propositions pour remédier aux inondations récurrentes provoquant l’Acqua alta. Pour ce faire, il utilise un droit spécifique à Venise connu sous le nom de Raccordo, qui est une « requête rédigée à titre individuel ou par une tierce personne qui autorise tout citoyen à présenter au Conseil des Dix, ou à une autre magistrature, un sujet devant être d’une très grande importance pour l’État : l’objet peut être des plus variés, un brevet, un remède spécifique contre la peste, un système hydraulique pour bonifier les lagunes, une nouvelle arme, un trésor caché…  ». Les dessins des deux projets de Gualdi ont été édités récemment. Ces projets contre l’Acqua alta restent sans suite.

Dessin autographe de Gualdi du projet "arzere" contre l'acqua alta - 1660

Pour être certain d’être payé, Gualdi ne livrera pas la totalité de ses deux projets. Nous sommes en novembre 1660, et Gualdi rédige un ambitieux mémoire qui propose de faire ériger un barrage entre la mer et la terre, sa particularité étant d’être constitué d’une pente très douce en direction de la plage, sur laquelle des pierres arrimées à des pieux reliés entre eux par des planches disposées en travers du courant.

L’arzere en pente douce est donc un barrage où l’eau ne rencontre pas d’obstacle brusque et où la vague peut monter et descendre sans faire de dégâts.

Dessin autographe de Gualdi du projet Calvezon contre l'acqua alta - 1662

Gualdi est aussi détenteur d’un savoir-faire dans le domaine minier. À ce titre, de 1663 à 1666, il est tantôt exploitant minier, tantôt marchand de minerais au service de la riche famille Crotta, propriétaire de gisements dans le val Imperina (province de Belluno). Il y expérimente un nouveau procédé de fusion du minerai par « voie sèche » et par « voie humide » qui augmente la production du cuivre. Cette trouvaille permet autant son enrichissement personnel que celui de la famille Crotta. (pour approfondir, voir, en italien, le document de Francesco Laveder)

Le grand train de vie de Gualdi durant son séjour à Venise suscite de nombreuses jalousies. Elles ne manquent pas d’aboutir à une dénonciation auprès du tribunal de l’Inquisition pour activités alchimiques et appartenance à la mouvance hermético-alchimique de l’Aurea Croce. À cet égard, on compte parmi les disciples de cette Aurea Croce le marquis et poète Francesco Maria Santinelli (proche de la reine Christine de Suède). Mais l’Inquisition, après avoir interrogé quelques personnes ayant côtoyé Gualdi dans sa vie quotidienne, ne le convoquera pas. Le procès n’aura pas lieu, ce qui peut laisser supposer que Gualdi avait des relations avec des représentants du pouvoir de la Sérénissime.

Leibniz ne mentionne pas la présence ou la figure de Gualdi lorsqu’il séjourne à Venise en février-mars 1690.

Concernant la date de mort de Gualdi, aucune trace historique, à ce jour, n’a été retrouvée.

Pryntyl à Venezia

Il a commencé à faire parler de lui à la mi juin… quand il aurait été vu par une personne, en train de nager dans le Grand Canal, à l’intersection entre la Piazzale Roma et la gare, le dimanche soir.

Les vénitiens lui ont même donné un surnom : Pryntyl.

Puis, les témoignages se sont succédé au rythme de ses mystérieuses apparitions, soit dans la lagune y compris dans les canaux de la ville historique, soit, plus récemment, au large de la plage de Bibione.

Dans la soirée du dimanche 7 Juillet un jeune Italien, qui naviguait avec sa planche à environ un kilomètre de la plage de Bibione, a croisé un phoque nageant en direction de Venise. L’internaute chanceux a pu observer de près l’animal pendant quelques secondes, cela a suffit pour donner quelques détails importants. Selon Emanuele Coppola, du Gruppo Foca Monaca, qui a recueilli le témoignage, ce pourrait être cette fois un mâle adulte reconnaissable à certains détails de la couleur de la fourrure et de la forme de la tête signalés.

Or, selon les divers témoignages, l’animal vu dans Venise, serait plutôt un ou plusieurs jeune-s. Selon notre expert, qui se réfère aux spécimens de jeune âge, pour lequel il est trop tôt pour définir le sexe : le phoque moine dans la couleur et l’apparence générale de la jeunesse ne fournit pas suffisamment d’informations pour identifier le sexe.

Donc, ce ne serait peut-être pas un mais plusieurs phoques moine qui seraient autour de Venise ces dernières semaines.

Foca-monaca

Jusqu’à présent, la LIPU n’avait enregistré que des témoignages visuels. Ils est très difficile de surprendre ces animaux et de les fixer sur l’objectif à l’état sauvage. Nous l’avons nous même constaté lors de notre voyage au lac Baïkal.

Mais depuis peu, une vidéo circule sur Internet.

Une vidéo filmée dans le Grand Canal, où vous voyez deux amis immortaliser Pryntyl dans une de ses rares ascensions à la surface. Mais difficile de vérifier l’authenticité de la vidéo, qui pourrait aussi être le résultat d’une manipulation habile.

Regardez bien, c’est vers la fin de la vidéo, très bref, mais très net :

La huitième observation du phoque qui, depuis des semaines, crée une grande curiosité dans la lagune vénitienne s’est produite à quelques centaines de mètres de Malamocco, vers les îles de Poveglia. Ce témoignage a été noté par un naturaliste qui passait sur la canal, et dont voici le témoignage fait à la LIPU : « Verso le 15 ero in barca a vela con altre due persone, ho avvistato a una decina di metri dalla barca quella che, in altre zone marine, avrei definito la testa di una foca. Era delle dimensioni più o meno di un pallone da calcio, con la caratteristica, vista bene molte volte ma solo allo zoo e in televisione, presenza di aree riflettenti del pelo aderente e bagnato.

Credo di averla vista nel momento in cui era appena emersa, comunque, dopo circa due secondi, tempo di allertare i compagni di barca, si è immersa verticalmente. Abbiamo fatto un po’ di bordi per un 10 minuti, ma poi non l’ho più vista. Non ho dubbi sulla realtà dell’osservazione e sulla fortissima e istantanea impressione che si trattasse di una foca. Ero troppo vicino perchè sia stato un effetto ottico o un miraggio. Credo però che se la foca rimanesse nella zona, non dovrebbe essere un’osservazione isolata. Luglio e agosto sono periodi in cui la laguna è molto frequentata da barche a vela« 

Giampaolo Pamio, responsable de la section vénitienne de la LIPU (Ligue Italienne de la Protection des Oiseaux) a lancé un appel pour recueillir tous les témoignages. Si vous voyez l’animal, appelez le 331/7719433 (même le samedi et le dimanche).

Le phoque moine est relativement présent dans l’Adriatique, essentiellement au large de la Croatie. Une des hypothèses était jusqu’à présent : qu’un couple observé depuis quelques temps en Istrie, aurait peut-être eu une portée. Le jeune mâle aurait ensuite été chassé par le vieux mâle. Mais si les dernières observations tendent à supposer la présence de plusieurs individus, il faudra revoir cette hypothèse. Le fait que l’animal ait déjà survécu plusieurs semaines dans la lagune est un bon indicateur de la santé de la lagune, car c’est une espèce sensible à la pollution. Il reste à espérer qu’il n’y ait pas d’accident avec des hélices de bateaux lancés à trop grande vitesse…

Avec les oiseaux au dessus de Venise

Voler au dessus de Venise, se jouer de tous les interdits, et aller voir partout, au delà des murs, une Sérénissime telle que nul être humain ne peut l’imaginer.

Voilà bien une chose que beaucoup de nos lectrices et lecteurs ont rêvé de faire !

Avec une équipe de fêlés de modélismes, nous allons vous montrer que, désormais, les pigeons et les mouettes de la lagune ne seront plus les seuls à jouir de ce panorama unique : oiseaux de la lagune, vos privilèges sont abolis !

Mais il faut commencer par apprivoiser l’engin :

Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas de suite évident…

Les R/C Daredevils de l’équipe BlackSheep (Team Black Sheep) possèdent désormais un certain savoir faire dans ce domaine et ont survolé, déjà, de nombreuses villes dans le monde.

Raphael Pirker, à Venise.

Raphael Pirker, à Venise.

Ils peuvent également vous fournir tout le matériel nécessaire pour accomplir à votre tour ce genres d’exploits et vous donner les premières formations sur le terrain.

Vous êtes prêts pour partager un moment de rêve en compagnie des pigeons ?

Nous allons partir découvrir Venise comme jamais vous n’avez imaginé la voir grâce au couple de drones TBS Zephyr et TBS Discovery :

Impure di strada

Au début du XXème siècle, avant la Première Guerre Mondiale, à Venise le comte Filippo Grimani conseiller municipal (Venise, 4 juin 1850 – Rome, 5 décembre 1921), s’oppose violemment à l‘avocat Gino Bertoloni, nationaliste, conservateur qui manifeste, dans un accès antisémite, que les hébreux sont responsables de la fin de la Sérénissime.

Filippo Grimani

Mais il a surtout commencé une croisade contre la prostitution, et insinue que ce sont les juifs de Venise qui ont conduit l’aristocratie au libertinage abandonnant dans les bras de femmes « la Vertu et la Patrie ».

Gino Bertolini, plus connu pour avoir été l’avocat et le conseiller de Lady Layard, dira ce plaidoyer resté célèbre : « Aujourd’hui, les putes sont une sorte de nécessités : ont doit demander aux employés de l’État de cesser de les obliger à se rétracter ou de les maltraiter, car tout ceci n’est rien que de l’hypocrisie et de la brutalité. » L’étude sociologique qu’il publiera vers Noël 1912 est une véritable et singulière tranche de vie vénitienne à l’aube de ce siècle.

La bella moscardina !

Dans la partie intitulée La farandole delle meretrici il explique et décrit l’offre sexuelle tarifiée importante de l’époque. Il y montre une inhabituelle compréhension pour ces filles du peuple et leurs misérables conditions de vie. Il dénonce également cette jeunesse riche qui use de leurs corps et veut partir sans payer, condamnant aussi cette société bien pensante prompte à dénigrer la « gent des égouts » mais qui ne bouge pas pour tenter d’améliorer les conditions de cette misère dont ils puisent en fait leur richesse.

Ces « impure di strada » sont des filles de Venise et de sa région. Brunes ou blondes, elles battent le pavé des calis, deux par deux, accostant le client devant les commerces, se mélant de façon désinvolte aux spectateurs qui attendent à l’entrée des théâtres ou dans les lieux publics.

Fille et son soutenur et un client, devant le Gran Teatro La fenice

La rue est leur lieu de travail ou cette population, aux confins de la loi, est constamment offensée, arrêtée, molestée et bastonée par les zélés défenseurs de la moralité publique.

Comme le Code Pénal leur interdit d’amener leurs clients dans un pied à terre, les passes se font dans la rue, sous un porche, appuyés contre une colonne, ou la balustre d’une fondamente où la fille soulève une jambe. Le tarif moyen des prestations, varie de 5 à 15 Lires, surtout en fonction de l’âge de la fille.

A la tombée de la nuit, l’éclairage public étant si faible, avec ses rares lanternes, que l’ambiance créée devenait plus « intime », spécialement dans les lieux moins passagers. Le puits du campo Santa Sofia, par exemple, était abondamment utilisé pour des libations si bruyantes que, parfois, les voisins jetaient de l’eau sur les couples en pleine action

Le printemps des filles des rues

Article librement inspiré de Venezia sconta. 7 secoli di piaceri, intrighi e scandali erotici par Claudio Dell’Orso avec la permission de l’auteur.

Images tirées de Italia. II. L’ambiente fisico e psichico. Storia sociale del secolo ventesimo de Gino Bertolini (1912)

Le retour de Brunetti

Brunetti le retour

Le célèbre commissaire vénitien fera un bref retour à la télévision cet été, avec une série de deux épisodes par soirée, dont certains seront inédits à la TV française dès dimanche prochain.

Vous pourrez ensuite retrouver les rediffusions des épisodes précédents tous les dimanches dès 20h45, à raison de deux épisodes par soirée.

A cette occasion et à partir du 4 juillet, participez au jeu-concours organisé sur le site Club France Télévisions : 25 exemplaires du dernier roman de Donna Leon, Brunetti et le mauvais augure, publié aux éditions Calmann-Lévy, seront à gagner. Nos fidèles lectrices et lecteurs n’auront aucune difficulté pour trouver les trois bonnes réponses (sinon, demandez-les nous 😉 )

Dès ce dimanche 7 juillet, à 20:45 heures, sur France 3, avec un premier épisode inédit :

La petite fille de ses rêves

Le Commissaire Brunetti vient de perdre sa mère. Pendant la cérémonie, il apprend qu’on a découvert le cadavre d’une jeune fille noyée dans le canal. Dans ses vêtements, cachés, on découvre des bijoux vraisemblablement volés. Fait étrange, nul n’a signalé sa disparition, ni celle des bijoux récupérés dans ses vêtements. Après enquête, on apprend qu’il s’agit d’une enfant, Arianna, appartenant à la communauté des gens du voyage. Elle aurait trébuché et serait tombée d’une terrasse, à moins qu’on ne l’ait poussé… Que cache donc cet accident ? Arianna était-elle seule lorsqu’elle s’introduisait dans les appartements ?
Tant que Brunetti n’aura pas résolu l’enquête, cette petite fille hantera ses nuits.

Mort à la Fenice

Le grand chef d’orchestre Helmut Wellauer est retrouvé mort dans sa loge lors d’une première à La Fenice de Venise. Le commissaire Brunetti soupçonne un empoisonnement au cyanure. En interrogeant toutes les personnes qu’il côtoyait, Brunetti découvre que Wellauer avait des ennemis : le ténor, la soprano, le baryton. Ils étaient humiliés et critiqués pour leur choix de vie par le maestro. Brunetti va également faire la connaissance de sa très jeune femme, Elisabeth, une personne très énigmatique…
Qui en voulait à Wellauer au point de le supprimer ? A qui profite le crime ?
C’est en fouillant le passé du maestro que le commissaire fera tomber les masques…

Le dimanche 14 juillet, à 20:45 heures, sur France 3, avec un premier épisode inédit :

La femme au masque de chair

Lors d’une soirée organisée par le beau-père de Brunetti, celui-ci fait la connaissance d’un couple, les Cataldo, qui veulent s’associer avec leur hôte.
Peu après, l’homme de confiance de Cataldo, Ranzato, est retrouvé assassiné : « un suspense bien distillé dans cette enquête sur la Mafia menée dans un cadre enchanteur »

Mortes eaux

Deux pêcheurs sont retrouvés morts dans le port de Pellestrina

Jeu concours Brunetti

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