Ombrelle Bartolomeo Marforo

Chacun-e de nos lectrices et lecteurs aura remarqué cette enseigne qui subsiste à l’angle de deux calli très fréquentées du sestiere de San-Marco.

Bartolomeo Marforo

C’est tout ce qui nous reste, du souvenir d’un célèbre fabriquant de parapluies qui avait sa boutique à cet endroit au siècle dernier, et qui a fourni sans faillir toute les familles vénitiennes en produits de très grande qualité.

Ombrelle Marforo

Aujourd’hui, les parapluies vénitiens sont fabriqués dans l’ouest de la Chine et à chaque coup de vent sur la lagune viennent finir dans les poubelles, ou sont abandonnés n’importe où…

Vintage Venise

World Film Heritage, c’est un machin anglophone qui récupère des films anciens, les restaure, puis demande des droits dessus… du genre, exception culturelle anglo-saxonne.

Bien que en partie masquée par une publicité déplacée, ces deux films ont pour avantage d’être une mémoire de grande qualité pour la Venise oubliée et que nous aimons avec nostalgie.

Voici donc des images de 1927 :

Et d’autre, plus récentes, puisqu’elles datent de 1938 :

Wagner et Venise – 1ère partie

A partir de 1858, Wagner se rendit à plusieurs reprises dans cette ville, le chant des gondoliers lui ayant inspiré la mélodie du pâtre de Tristan.

C’est là que Richard Wagner s’est installé à la fin du mois d’août 1858, proscrit fuyant l’Allemagne et le mandat d’arrêt lancé contre lui pour ses sympathies anarchistes, renégat conjugal dont le mariage moribond avec Minna vient de recevoir le coup fatal de sa liaison avec Mathilde Wesendonck. « … le 29 août 1858, j’arrivai à Venise.
Durant le parcours du Grand Canal jusqu’à la Piazzetta, impression de grande mélancolie : grandeur, beauté et décadence, tout cela voisin l’un de l’autre« .

« Ici s’achèvera Tristan malgré les tourmentes du monde », note-t-il dans son journal.

Il s’installe à son arrivé à l’hôtel Danieli, mais très vite, il trouve une demeure qui lui convient mieux : le palazzo Giustinian Brandolini D’Adda qui donne sur le Canal Grande dans le sestière de Dorsoduro.

Palazzo Giustinian Brandolini D'Adda sur une photo de Carlo Naya

Dans la ville italienne dont le « climat et l’air sont divins », dans l’isolement et le calme, Wagner compose le deuxième acte de Tristan. Il écrit à Minna : « Je travaille toute la journée jusqu’à 4 heures (…). Puis je traverse le canal, vais place Saint-Marc où, vers 5 heures, je retrouve Karl [Ritter] au restaurant. Après le repas, nous allons en gondole au jardin public » (lettre du 28 septembre 1858).

Wagner affectionne aussi les glaces au café Lavena, les deux grands lions de l’Arsenal, qu’il surnommera Fasolt et Fafner, comme les deux géants de sa Tétralogie.

La salle de réception du piano nobile du palazzo Giustinian Brandolini D’Adda, cet imposant palais gothique vénitien du XVème siècle, aussi grande que la scène de la Fenice, est à la mesure des ambitions wagnériennes. Dans la chambre à coucher, sous les fresques de Tiepolo, le compositeur a fait venir son piano de Zurich. Nuit après nuit, il met en notes l’ivresse passionnée des étreintes adultères de Tristan et Isolde.

Un jour, vers les 3 heures du matin, il entend sur le Grand Canal l’ancien chant des gondoliere rebondir de place en place. Ce chant lui inspirera, dit-il, la mélancolique cantilène du pâtre qui ouvre le troisième acte de Tristan d’un long et lancinant solo de cor anglais.

Wagner n’y achèvera pas Tristan : il a dû quitter Venise le 24 mars 1859 alors que les troupes autrichiennes s’apprêtaient à marcher contre Garibaldi.

Le 21 août 1859, Richard Wagner et Cosima von Bülow s’installent à Sienne où, deux jours plus tard, ils retrouvent leurs enfants. La famille a loué la villa Fiorentina, dans laquelle on disait que le pape Pie IV avait dormi. Cette propriété magnifique était du goût de Wagner. Son lit était si grand qu’un jour, il avait dit à Cosima « Non seulement le pape, mais tout le schisme aurait pu dormir dans ce lit« .

Le 4 octobre ils reprirent leur voyage à destination de Venise où ils restèrent jusqu’à la fin du mois dans le même palazzo Giustinian Brandolini D’Adda.

Cosima von Bülow par Lenbach

Cosima von Bülow était la femme d’un fervent partisan de Wagner : Hans von Bülow, le chef d’orchestre qui avait dirigé la création de Tristan. Fille de Franz Liszt et de la célèbre comtesse Marie d’Agoult, elle était de 24 ans la cadette de Wagner. En avril 1865, elle accoucha d’une fille illégitime qui fut prénommée Isolde.

En 1862, Wagner se sépara de sa première épouse, l’actrice Minna Planer. Mais il continua de la soutenir financièrement jusqu’à sa mort, en 1866 (ou du moins ses créanciers le feront-ils).

En octobre 1867, Cosima réussit finalement à convaincre son mari d’accepter le divorce. Le 25 août 1870, elle épousa Wagner qui, quelques mois plus tard, lui offrit l’Idylle de Siegfried à l’occasion de son anniversaire.

 Richard Wagner

Orazio Savelli condottiere

Il y a déjà quelques années, une équipe d’archéologues avait fait des recherches dans l’église des Frari où sont ensevelis de nombreux doges, et surtout, des condottiere de la Sérénissime République de Venise.

En réalité, ces scientifiques étaient à la recherche de la dépouille, ou tout au moins de restes de Francesco Bussone, connu sous le nom de Carmagnola, capitaine général de la Sérénissime, décapité en 1432 entre les deux colonnes de la piazzetta, reconnu coupable de trahison et de connivence avec l’ennemi, Filippo Maria Visconti. L’accusation était mensongère, mais cela est une autre histoire…

Lors des fouilles, le Podesta de Venise de l’époque avait formellement interdit toute photo des dépouilles exhumées. Pensez-donc, dans une Italie extrêmement catholique, cela relevait du blasphème. Les chercheurs étaient donc sous une étroite surveillance des autorités de la ville et de l’archevêché.

Parmi ces savants, se trouvaient quelqu’un qui, depuis, est devenu notre ami.

A l’époque il était jeune et insouciant, et, pour la science, il a bravé l’interdit.

De ces recherches, nous ne savons pas si les scientifiques ont trouvés les restes du Carmagnole… mais nous avons des images extraordinaires, qui nous ont été confiées, des années plus tard, en secret.

Des images exclusives, volées, d’un interdit bravé.

Pour la première fois au monde, vous découvrez ci-dessous, la dépouille d’Orazio Savelli (ou Horatio Savello) condottiere de la République de Venise, qui repose dans la chiesa dei Frari.

Orazio Savelli (ou Horatio Savello) condottiere de la République de Venise

Orazio Savelli (ou Horatio Savello) condottiere de la République de Venise

Les Echappées Belles avec Florence, Maria, Davide, les deux Francesco…

Nous vous avons déjà parlé de l’émission qui passera Samedi 20 septembre 2014 de 20:37 à 22:10 heures sur France 5. Nous avons, en effet, été sollicités pour aider, en amont, à trouver des partenaires qui accepteraient de participer à l’émission pour montrer un visage différent de Venise.

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L’équipe était composée de quatre personnes, le réalisateur Jean-Yves Cauchard, l’ingénieur du son Gaspard Baudry et l’assistante-traductrice Céline Boutte, autour de l’animateur-voyageur Raphaël de Casabianca, qui est un des trois présentateurs, en alternance de l’émission.

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Il nous avait été demandé de les mettre en relation avec des personnes sur Venise qui leur présenterait, de façon positive, des aspect méconnus de cette ville dont les médias ont déjà tout dit…

Les conditions ont été idéales, puisque pendant les 8 jours qu’a duré le tournage, le soleil a brillé avec des températures estivales. Jean-Yves, Gaspard et Céline étaient déjà venus à Venise, mais c’était la première fois pour Raphaël qui appréhendait un peu la découverte de ce qui est souvent présenté comme une « ville-musée »… Raphaël a finalement été très agréablement surpris par le sens du partage, de l’entrepreneuriat mais aussi la passion des Vénitiens pour la sauvegarde de leur ville.

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Globalement d’ailleurs, l’équipe est rentrée pleine d’excellents souvenirs de moments partagés avec leurs interlocuteurs : les Vénitiens qu’ils ont rencontrés avaient vraiment à cœur de montrer un autre visage de Venise. Et c’est ce que l’équipe a ressenti en découvrant, par exemple, la lagune avec Francesco, leur guide-taxi très vite devenu un ami. Certaines rencontres les ont marqués ; des gens extraordinaires comme ces dernières dentellières italiennes à Burano ou ce jeune agriculteur sur Vignole, les derniers artisans de mosaïque du Cannaregio, ou encore les habitants du Castello qui se revendiquent comme étant les seuls « vrais Vénitiens »…  Certaines scènes qui seront présentes dans l’émission relèvent de l’improvisation (un des intervenants initialement prévus, qui s’est désisté, a été remplacé par Francesco Pannoli qui nous a menés à la rencontre de Michel Thoulouze par exemple), tant la plupart des interlocuteurs se sont avérées être des personnalités très attachantes.

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Les découvertes les plus marquantes de l’équipe pendant ce tournage ont sans doute été la lagune, parfois injustement boudée par les touristes mais pleine d’un charme paisible sous les atours roses et rouges d’un soleil couchant ; le sestiere de Castello qui regorge d’églises et d’Histoire ainsi que de « calli » typiquement vénitiennes et pour lesquelles nous avions, avec Claudio Boaretto un guide merveilleux (voir son article à propos de ce tournage), lui qui est natif de cette partie de Venise ; mais aussi les nombreuses spécialités culinaires de la Sérénissime (spaghetti à la fraise, crevettes et crabe, gnocchi à la vénitienne, au safran et curcuma, artichauts violets à la vénitienne ou encore les pates alio, oglio e peperocino), qu’ils ont dégustées grâce à leurs hôtes Maria et Florence.

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Au cours de sa visite de la ville, Raphaël va donc découvrir les quartiers du Castello et du Cannaregio avec son accompagnatrice Florence Boaretto, pour qui il était important de montrer les quartiers vénitiens épargnés par le tourisme de masse. Raphaël a ainsi la chance de visiter la fabrique de mosaïque Orsoni par exemple.

Traduttrice

Ensuite, son périple le mène dans le centre de la ville, autour de la place Saint Marc, avec Davide Busato, spécialiste de la Venise criminelle, qui lui en compte les anecdotes les plus sombres et croustillantes. On part ensuite sur la lagune avec les deux Francesco, Badiene et Pannoli, le premier abordant les problématiques liées à l’environnement et la préservation des eaux et des îles vénitiennes, le second l’emmenant à la rencontre de Michel Thoulouze qui cultive ses vignes sur les terres salées de la lagune. Raphaël retourne ensuite sur la terre ferme pour accompagner Maria, chef de l’osteria Alba Nova, et apprendre que si la cuisine « italienne » est peut-être un abus de langage – tant chaque région d’Italie a son identité culinaire – la cuisine vénitienne, elle, est une réalité bien tangible. Enfin, notre voyageur s’accorde une petite virée nocturne, pour découvrir les différentes facettes de la Venise qui ne dort pas…

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Les autres sujets abordés dans l’émission seront les suivants :

– Venise, ville des amoureux

– La Vogalonga

– Les Vénitiens face au tourisme de masse

– Les souffleurs de verre de Murano

– Les îles insolites et méconnues de la lagune

– 24h sur le grand canal

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Retour au palais Morosini

Nous vous avions déjà fait découvrir ce palais, de l’intérieur, mais nous avions gardé, sous le coude, encore quelques photos de cette grande maison sur le Grand Canal.

Palazzo da Mula Morosini

Dans la cour, derrière la très belle margelle de puits en marbre blanc, l’inscription nous rappelle que Francesco Mosrosini a vécu ici. Il fut le 108ème doge de Venise, élu au premier tour de scrutin le 3 avril 1688 après la mort de Marcantonio Giustinian (23 mars 1688). Il en fut informé pendant un siège et pour l’honorer, son couronnement eût lieu au milieu des soldats enthousiastes.

Palazzo Da Mula Morosini

Palazzo Da Mula Morosini

Le complexe des palais Morosini est formé par la connexion de trois résidences du XVème siècle, XVIIème siècle et XVIIIème siècle. La maison contient des éléments artistiques et ornementaux splendides: certains éléments architecturaux de l’architecte Jacopo Sansovino, une cheminée monumentale, plafonds décorés, avec les fresques néo-classiques gothiques.

Palazzo Da Mula Morosini

Les salles de réception, grandioses, conduisent à deux balcons sur le Grand Canal.

Palazzo Da Mula Morosini

Palazzo Da Mula Morosini

Palazzo Da Mula Morosini

Palazzo Da Mula Morosini

Palazzo Da Mula Morosini

Palazzo Da Mula Morosini

Palazzo Da Mula Morosini

L’église Santa Caterina de Mazzorbo

Les touristes qui partent des Fondamente Nuove pour visiter Burano, ses maison colorées et ses dentelles, passent devant Mazzorbo sans même y jeter un œil. Cette île, calme, tout aussi colorée, qui abrite de jolis jardins mérite pourtant une halte, d’autant qu’elle est reliée par un pont à Burano…

En suivant les quais paisibles, le promeneur arrivera certainement à la principale attraction architecturale de l’île : la chiesa di S. Caterina di Mazzorbo.

L'église Santa Caterina de Mazzorbo

Lorsque vous descendez du vaporetto, prenez la fondamenta qui longe le Canal Santo Spirito vers la droite, passez devant le restaurant des chasseurs, et suivez le quai qui tourne sur votre gauche auprès d’une jolie madona. En suivant le quai tout au bout, vous découvrirez le campanile et l’église que nous vous proposons de visiter aujourd’hui.

Santa Caterina di Mazzorbo est l’ultime survivante des dix églises qui se dressaient ici autrefois.

Le noble patricien vénitien Bernardo Trevisan nous apprends, dans son traité Della laguna di Venezia publié en 1715, que l’église à été construite pour un monastère bénédictin en 783.

Comme souvent dans la lagune l’église à fait l’objet d’un grand nombre de reconstructions, restaurations, ajouts et amputations… le monument que nous admirons de nos jours, de style romano-gothique doit dater de la fin du XIIIème siècle ou du début du XIVème. Quand à la date de 1291, visible dans le chœur, et que certains ont, avec facilité, donné comme la date de construction du monastère, elle semble liée, d’après les historiens, à la fondation du monastère homonyme, et de son église, dans Venise.

Le vaste campo avant l’église correspond au couvent des bénédictines qui s’élevait là, avant sa destruction ordonnée par Bonaparte en 1806. Après la porte du jardin, se prolonge un mur, jusqu’à une petite maison qui ferme le quai. Ces bâtiments aussi faisaient partie du monastère autrefois.

Traité de Napoléon à propos de la destruction des monastères de Venise et sa lagune

On peut imaginer qu’autrefois, la façade de ce monument était plus riche et plus ornée, avec des marbres, notamment, mais que les destructions des français on modifiés beaucoup de choses, comme la forme de la toiture.

En effet, un dessin de Giacomo Guardi, Le Cappuccine e S. Caterina di Mazzorbo, conservé à la Bibliothèque Nationale Marciana, nous montre un aspect totalement différent.

Le Cappuccine e S. Caterina di Mazzorbo

Le beau portail est surmonté d’un bas relief en marbre représentant le Mariage mystique de sainte Catherine et les portraits de deux donateurs. Le Christ est représenté sur un trône, avec, à la main gauche un livre sur lequel on peut lire « EGO SUM LUS MUNDI » tandis que, de la main droite, il passe la bague au doigt de la sainte agenouillée. Auprès d’eux, agenouillés, l’abbesse Elizabetta Dolfin, et de l’autre côté un Procureur du monastère. Sur la partie de droite, l’inscription, incomplète, datée de 1368 : « MCCCLXVIII DIE P / RIMO DE NOVEMBRIO FO FAT  / O QUESTO LAVORIERO I TENPO DE / LA EGREGIA E NOBELE E RELIGILIO / SA MADONA BETA DOLPHIN REVE  / RENDA BADESA DE QUESTO L  /  OGO SIANDO PROCURATO  /  OR« .

Santa Caterina de Mazzorbo

Sur la massive porte en bois, on remarque les armoiries de la famille Michiel, qui était très liée au monastère.

Santa Caterina de Mazzorbo

Quand on passe le portail, après avoir descendu deux marches, on découvre un étonnant atrium, au sol recouvert de briques en terre cuites posées en chevron, qui ouvre, à droite, sur un minuscule jardin orné d’un puits. Trois arcs en plein cintre, en pierre blanche de Rovino, soutenus par deux colonnes courtes, et les visiteurs sont saisis par une étonnante impression de beauté, de simplicité et ce passage « dans un autre monde » qui devait saisir celles qui entraient dans le monastère pour la première fois. Les arches et les colonnes ornées de simples chapiteaux ioniques sont l’œuvre du maître Pietro, fils d’Alberto Lima, tailleur de pierre dans la contrà S. Angolo, comme on peut l’apprendre dans l’accord conclu le 2 Décembre 1552 à Venise, et signé par les procureurs des nonnes de S. Catherine, Federico Moresini et Salvador Michiel.

Le document est conservé dans les archives de Santa Caterina, aux Archives d’Etat de Venise (aux Frari), et il est écrit ainsi : Tre volti et doi cholone et doi mezi chapiteli eet le sue banchete sotto il portelo di la giexia, monthà ducati 26 … …di grossessa come quelle che al presente sono in opera in ditto monestier …

Santa Caterina de Mazzorbo

Sur les murs de la galerie sont fixés des fragments intéressants de corniches et des bas reliefs, formant une sorte de lapidarium, dont certaines sont très anciennes et probablement les restes d’une grande collection de fragments qui peuvent, entre autres choses, confirmer les écrits de G. Lorenzetti quand il se souvient : i frammenti di antiche sculture, cornici, patere ecc… dans son guide Venezia e il suo estuario, à propos d’un civilisation antique dans cette partie de la lagune.

Sur un de ces fragments, on peut voir un oiseau à longue queue a milieu de feuillages. Ce thème se retrouve aussi dans les collections du Musée de Torcello et dans le cloître de Sant’ Apolonia.

Une simple plaque , en date du 2 Juin 1983, rappelle la restauration du clocher de l’église et de l’atrium lui-même, Ettore Fortezza était alors le curé de la paroisse.

Santa Caterina de Mazzorbo

Devant l’église, au dessus d’une porte, une belle Madonna con Putto en bas relief, du XIIIème siècle. La Vierge, assise dsur un grand trône sur lequel repose un oreiller royal, tenant dans ses bras l’enfant qui d’un geste affectueux touche ses doigts (D. von Gabelentz, MittelalterKirche Plastik in Venedig, Lipsia 1903, pag. 156.). La tradition orale de Mazzorbo veut que ce bas-relief provienne de l’église de la Madonna delle Grazie, qui a été annexée au monastère des Ermites de capucins de Mazzorbo, et c’est pour cette raison qu’elle est aussi appelé Notre-Dame de Grâce.

Santa Caterina de Mazzorbo

Pour conclure cette visite, notez deux pierres tombales placées sur le sol juste avant la porte d’ entrée de l’église. La plus grande a perdu toute trace de l’inscription, tandis que la plus petite, qui vient de l’Oratoire de Saint-Barthélemy, recouvre les restes mortels de noble Antonio Grimani, patricien vénitien mort le 7 Février 1818.

Santa Caterina de Mazzorbo

Voir également : Le jardin de l’église Santa Caterina de Mazzorbo

Voir l’article dans Venise côté jardin : Le petit jardin de l’église Santa Caterina, Mazzorbo

Sources :

The Churchs of Venise : Santa Caterina

Enrico da Venezia : Mazzorbo occidentale et La chiesa di Santa Caterina di Mazzorbo, isola di Mazzorbo

Santa Caterina de Mazzorbo

Santa Caterina de Mazzorbo

Santa Caterina de Mazzorbo

Une sépulture romaine en plein cœur de Venise

Dans une cité dont la légende de la genèse prétends qu’elle serait née de la boue, trouver une urne mortuaire romaine au coin d’un pont est quelque chose de surprenant… tout de même.

D’autant que François-René Chateaubriand, souvenez-vous (ou découvrez notre article), eu droit à propos de ce thème, à une sévère remontrance de la comtesse Justine Renier Michiel qui fut publiée dans le Giornale dell’ltaliana litteratura édité à Padoue en italien et en français en 1806.

Giuseppe Tassini  dans son Curiosità venezianeovvero Origini delle denominazioni stradali di Venezia nous indique pourtant, en 1886 : Dalle case capitolari della chiesa di S. Maria Formosa. Sopra una muraglia presso questo ponte scorgesi innestata un’urna sepolcrale Romana, la quale da una parte reca una scultura, e dall’altra l’iscrizione […] Dalle case capitolari si dissero dei Preti altre strade di Venezia.[…].

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Sur une des faces apparentes de la sépulture, on peut déchiffrer l’inscription suivante :

L. STABIO SABI
FAUSTO
ET NATALINE
L. STADIUS PRUDENS
CONLIBERTO
VI

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Fausto et Nataline, des banquiers…

Sur l’autre, une sculpture ravagée par les siècles.

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 Dans les premières années du XIXème siècle, cette urne a été complètement défigurée par une barre de fer qui ruine désormais la partie qui fait face au pont. De plus, les siècles ont partiellement effacé les reliefs, et la pollution de plus en plus acide attaque désormais la pierre encore plus rapidement, pour compléter le travail des ans.

Pour voir cette urne funéraire romaine, il suffit, près de l’église Santa Maria Formosa de prendre la fondamenta dei Preti jusqu’au pont, en face de la belle calle del Paradisio. L’urne est à l’angle de la maison de droite, juste au dessus du parapet du ponte dei Preti.

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 Il existe d’ailleurs au moins une autre pierre romaine qui est sur un mur près du ponte de l’Anzolo, contrada San Zulian, et qui rends mémoire à la famille qui aurait créé Mestre à l’époque antique. C’est pourquoi cette pierre est surnommée « la fedelissima » (la fidèle).

Merci à Stefanie pour avoir traversé tout Venise afin de réaliser ces photos spécialement pour le blog.

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Au-delà du jardin d’Alma

Alma Mahler découvrit Venise en 1897 lors d’un premier voyage d’Italie en compagnie de ses parents.

Elle se nommait d’ailleurs, à l’époque Alma Schindler, jeune fille d’une beauté admirable qui se destinait à la musique et dont s’étaient déjà épris nombre d’artistes viennois, dont Alban Berg, Hugo von Hofmannsthal et Adolf Loos.

Gustav Klimt, qui lui aussi en était follement amoureux l’accompagna à un concert donné par Arturo Toscanini.

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Ce ne fut, pourtant que pendant l’été 1922 qu’elle y fit un premier séjour prolongé, y achetant même une maison datant du XVème siècle, située près de l’église des Frari, et qui avait appartenu à la famille Soranzo.

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Un jour, dans la rue, elle croise Oskar Kokoschka, avec lequel, après la mort en 1911 de son premier mari, Gustav Mahler, épousé dix ans plus tôt, elle avait eu une liaison interrompue par son calamiteux remariage, en 1915, avec Walter Gropius : « J’ai rencontré par hasard Oskar Kokoschka. Étrangement proche et lointain. »
Une fois Kokoschka parti, Franz Werfel la rejoignit. Elle était de onze ans son aînée ; ils s’étaient rencontrés en 1917 et se marieront en 1929.

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Venise alors deviendra pour Alma un refuge : « Je rêve de vivre entièrement séparée du monde, dans ma maisonnette de Venise, toute seule derrière un mur de pierre – et d’y mourir. Seulement, je ne sais pas encore si je le supporterais. Si je supporterais la dernière grande solitude. […] Dans ma propre maison ! Un petite jardin, un vrai paradis« .

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Février 1928 : « Je suis arrivée hier. Venise ! J’habite à présent ma maison. Ma maison tirée du néant, de quelques sommes dont je ne me souciais pas… Si je vendais cette demeure, je recevrais cent mille lire, c’est -à-dire un chiffre avec cinq zéros. Par contre, mon univers ici disparaîtrait et j’aurais seulement quelques zéros de plus ».

Alma Mahler et Franz Werfel, abandonnent de nouveau Vienne pour Venise au printemps 1934, laissant derrière eux une Autriche en proie à l’agitation nazie.

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Lors de ce séjour, la mort soudaine le 22 avril 1935 de Manon Gropius, la troisième fille d’Alma et du grand architecte Walter Gropius des suites d’une poliomyélite affecte profondément Alban et Hélène Berg, amis proches d’Alma Mahler et de sa famille. Bouleversé par le décès de « Mutzi », cette jeune fille de 18 ans à peine, Alban Berg envisage de donner à son concerto le caractère d’un requiem à sa mémoire, « à la mémoire d’un ange« , et le conduit à composer une œuvre sensible et émouvante. Thomas Mann, familier des milieux cultivés, raffinés, et très proche de cette haute société intellectuelle viennoise de l’époque, s’inspira de ce drame familial pour écrire la trame de sa nouvelle Mort à Venise.

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Viendra alors la décision irrévocable, consignée dans le journal d’Alma Mahler à la fin de juillet 1935 : « Nous partons tous pour Venise, afin de vendre notre chère maison, où nous avons été si heureux, trop peut-être. Mais la fin de ce rêve a été si terrible que nous ne pourrions jamais plus y éprouver le désir de rire« .

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Source bibliographique :

Alma Mahler, Ma vie, Paris, Hachette, 1985.

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OLTRE IL GIARDINO
Sestiere San Polo, 2542
Fondamenta Cortarini
Tél. 041-275 00 15
www.oltreilgiardino-venezia.com

… avec vue sur le Grand Canal.

Cela fait partie du rêve, même pour la plus grande majorité des vénitiens. Avoir un logement « avec vue sur le Canal Grande » relève du mythe, mais reste inaccessible au commun des mortels.

Le moindre bouiboui se vendra une fortune du moment que l’on peut apercevoir la plus belle avenue maritime du monde depuis une fenêtre, quitte à devoir emprunter un escabeau. Et il n’est pas de logement avec une vue réelle sur le Grand Canal qui se négocie à moins de deux millions d’€uros.

Nous n’osons même pas essayer d’imaginer la valeur de l’appartement que nous allons visiter avec vous aujourd’hui.

Près de la Ferrovia et de Piazzale Roma, l’appartement est au situé au troisième étage d’un palais du XVIème siècle. La grande entrée, avec ses deux types de marbre au sol et son plafond à poutres apparentes, mène à un escalier en pierre blanche d’Istrie.

Le salon s’ouvre sur un typique balcon vénitien et est flanqué de deux pièces. Le balcon donne sur le Grand Canal et sur le Canal de Cannaregio.

Les amis vénitiens qui ont rendu cette visite possible, et qui nous accompagnaient ont admis que pour beaucoup de vénitiens, cette chambre mansardée serait déjà un luxe suprême…

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la découverte d’un délicieux jardin privé, caché dans le sestiere de Dorsoduro, que les lecteurs des livres consacrés aux jardins secrets de Venise connaissent, au moins en photo, et rêvent de découvrir un jour…

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

En réalité, ce jardin est bien caché au milieu des maisons, et ne se devine pas, même si, dans le cas improbable ou une porte, celle qui y mène, a été malencontreusement laissée entrouverte. Il est ainsi à l’abri des regards indiscrets et des « touristes incorrects ».

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Ce jardin appartient à une femme merveilleuse, une artiste dont nous aurons l’occasion de vous parler.

On accède au jardin, soit en traversant la maison, soit en empruntant un passage abondamment fleuri entre la maison et le mur mitoyen.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Tout en longueur, il est une oasis de fraîcheur et de calme, tout près d’endroits touristiques et populeux. Sa créatrice a souhaité un endroit naturel, et, en certains points, la nature semble vouloir reprendre ses droits, surtout quand certaines plantes, plutôt des pestes végétales, aimeraient bien coloniser l’espace. Il faut donc éliminer impitoyablement les palmiers, enfant du seul Chamærops excelsa qui fleurisse régulièrement dans la lagune de Venise.

Les boules de verres dans le jardin sont une tradition, en Autriche. Elle viennent donner une note colorée quand, en hivers, le jardin a perdu ses fleurs.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

C’est en 1960 que, sur les conseils de Peggy Guggenheim, la maitresse de maison a acheté cette propriété. la maison et son jardin ont appartenu autrefois à Pierantonio Michiel, qui y fit, probablement, le premier jardin botanique de Venise. Pierantonio Michiel fut directeur du Jardin Botanique de Padoue, le plus ancien d’Europe, où l’on acclimatait les plantes venues d’Orient grâce aux échanges commerciaux.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Des grands arbres cachent les quelques maisons voisines, toutefois, les Magnolia grandifora, Ficus carica, Taxus et autres laissent traverser la lumière et le soleil. Les asters d’automne et les anémones du Japon étaient en pleine floraison.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Le peintre Giorgione, amateur de concerts bucoliques et défenseur de l’alliance entre la musique et la peinture, aurait chanté dans ce jardin, selon notre hôte.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Mais, plus récemment, ce lieu a enchanté de nombreux artistes, dont Erza Pound qui était en admiration devant les floraisons de roses.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Une ancienne margelle de puits accueille aujourd’hui des violettes et un Begonia evansiana qui a trouvé-là un espace qui lui convient.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un bananier, autrefois, produisait même des régimes. Victime du gel, au début du Carnaval 2012, des pieds commencent à réapparaitre.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Autour d’une clairière engazonnée, un jardin à l’anglaise, très fleuri à l’automne, quand nous l’avons visité, est orné de statues du XVIIème siècle.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Au cœur du jardin, une petite chartreuse permet d’accueillir les invités de la maitresse de maison, qui profitent ainsi de la beauté du jardin, d’un espace de calme au cœur de Venise, et d’un accès direct à l’extérieur pour aller visiter la Sérénissime.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

la maison au fond du jardin

Pour découvrir de nombreux jardins plus ou moins secrets de Venise, nous vous recommandons les lectures suivantes:

Jardins secrets de Venise de Mariagrazia Dammicco et Marianna Majerus,
Jardini segreti a Venezia de Cristiana Moldi-Ravenna,
Verde Venezia de Tudy Sammartini et Cesare Gerolimetto.

Un jardin bien caché dans Dorsoduro

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

L’usine créée par Mariano Fortuny à la Giudecca ne se visite jamais pour préserver les secrets de fabrication des précieux tissus. Trois générations d’ouvriers, une dizaine de salariés, y travaillent toujours sur les machines imaginées par le créateur de la fabrique. Toutefois, vous pouvez visiter le show room librement, il vous suffit de sonner pour que l’on vous ouvre la porte. Le fabuleux jardin, quand à lui, se visite sur réservation.

Suivez-nous pour une visite guidée…

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

Pour tout promeneur, il est possible d’apercevoir les arbres du jardin de Fortuny, à la Giudecca, depuis les quais des fondamenta et ponte de le Convertite. Pour celui qui se rend à un rendez-vous pour la visite du jardin, c’est déjà l’occasion d’un avant goût d’un petit bonheur vénitien.

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

C’est en 1919 que Mariano Fortuny transfère son activité industrielle de production de tissus, jusqu’alors dans son palais, le palazzo Orfei, sur l’île de La Giudecca, où il acquiert à Giovanni Stucky un ancien monastère désaffecté depuis l’édit de Bonaparte.  Il fait construire le long bâtiment qui abrite encore aujourd’hui les machines qu’il a imaginées pour la production des tissus. Mais il ne s’intéresse nullement a l’espace autour, qui demeure une sorte de terrain vague.

Le jardin au début des années 1920 Photo Ets Fortuny

Le jardin au début des années 1920
Photo Ets Fortuny

C’est son amie, la décoratrice américaine Elsie Lee McNeill, qui devint plus tard la comtesse Gozzi, qui va créer ce parc, tout atour de l’usine.

Raimundo de Madrazo y Garreta (1841–1920) - Jardí de la casa de Fortuny

Raimundo de Madrazo y Garreta (1841–1920) – Jardí de la casa de Fortuny

Elsie McNeill, qui était la fille du chef de Coca-Cola pour l’Europe, a épousé Arthur Lee et ils ont ouvert une salle d’exposition de tissu sur Madison Avenue. Ils étaient les distributeurs exclusifs de tissus Fortuny, qui étaient à la mode dans la belle société depuis que Fortuny avait créé sa première robe imprimée plissée. Lorsque Lee est mort, Elsie a épousé un comte vénitien Alvise Gozzi, et a repris la Societa Anonima Fortuny après la mort de Mariano Fortuny en 1949.

Comtesse Elsie Lee Gozzi

Le jardin à été dessiné comme un parc d’agrément, avec, dans le fond, une piscine qui a longtemps été l’unique bassin privé de la lagune. Tous les étés, nouveaux designers viennent travailler, au fond du parc, près de la piscine, lors d’un séminaire destiné à imaginer les nouveaux arrangements des couleurs.

La visite est guidée par une employée préposée à l’accueil des visiteurs et clients de la fabrique.

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

La visite commence dans un cortille qui mène à l’ancien palazzino de Elsie McNeil, toujours occupé par les propriétaires actuels, derrière une grille en fer forgé. La margelle de puits est un  des vestiges de l’ancien couvent, dont on remarque également la trace sur le mur, puisque Mariano Fortuny a réutilisé un bâtiment existant qu’il a surélevé, comme on le voit bien encore.

Nous suivons ensuite un chemin qui longe des fenêtres de la fabrique obturées par des rideaux.

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

Henriette Negrin, la jolie jeune femme divorcée française qui avait rejoint la vie de Mariano Fortuny, en 1897, contre l’avis de sa mère, si elle fut une habile couturière, ne intéressa que très peu au jardin. Nous sommes donc bien dans un espace créé par une décoratrice…

Le jardin de l’usine Fortuny, à la Giudecca

En 1994, « la Contessa » disparaît… alors que tout le monde, à Venise, pense que la fabrique Fortuny est vouée à disparaitre, Maged Riad, son confident, relève le défi. Aujourd’hui, ses deux fils, Mickey et Maury ont repris, avec succès, la gestion de la fabrique… et habitent la maison blanche (le palazzino di terracotta) derrière la grille en fer forgé.

Le jardin de l'usine Fortuny, à la Giudecca

… à suivre dès demain !

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