John Ruskin publia en 1853 un livre qui fit (et fait toujours) référence : The Stones of Venice (Les Pierres de Venise), abondamment illustré de nombreux dessins, aquarelles et de quelques photos…
Ruskin a effectué plusieurs visites dans la ville lagunaire entre 1845 et 1852 afin d’écrire son ouvrage fondamental sur l’histoire architecturale et culturelle de la pré-Renaissance de Venise.
Pour l’anglican austère et moraliste qu’était John Ruskin, Venise fut une révélation : il reconstruisait la cité pierre par pierre et y retrouvait les traces de Dieu, de l’art et des hommes. Il fut le compagnon de voyage, le confident, l’éveilleur d’impressions, qui séduisit Marcel Proust par la primauté absolue accordée à l’art.
Promenade splendide dans la cité des Doges, l’œuvre de Ruskin n’est pas seulement un traité d’esthétique passionné, mais plus encore : le merveilleux guide d’une ville.
Ruskin était fasciné par le processus photographique inventé en 1839 par Louis-Jacques-Mandé Daguerre.
Pour illustrer son encyclopédie, il a acheté un certain nombre de Daguerréotypes, de certains photographes français réputés, avant d’acheter son propre appareil.
Souvent, pour trouver la meilleure échelle pour réaliser des dessins détaillés d’un arc ou d’un chapiteau, Ruskin a maintes fois contraint ses aides, John Hobbs et plus tard Frederick Crawley, d’entreprendre le laborieux travail de prendre des photos (à l’époque, c’était en effet tout un chantier).
Dans ses journaux il a noté qu’il possédait 233 Daguerréotypes, principalement des vues et des détails architecturaux de Venise, mais aussi quelques-uns qu’il a pris dans les Alpes et le Sud de la France. L’ensemble des daguerréotypes de Ruskin sont antérieurs à 1852. A ce jours, peu sont datés, et nous n’en avons seulement des copies que de deux, reproduits ci-dessous.
Ruskin est mort en 1900 et le contenu de sa maison à Brantwood, à été vendu lors d’une catastrophique vente en 1936. Ses descendants ont en effet déballé le contenu de la maison sur les pelouses un jour de pluie et le tout à été emporté par des marchands…
En 2006, dans le Daily Telegraph on apprit qu’un ensemble de plus de 100 photographies venait d’être vendus, certainement des daguerréotypes de Venise perdus depuis longtemps prises par l’artiste et réformateur social John Ruskin. La collection – 121 Daguerréotypes et 14 « impressions au sel » – a été vendue en deux minutes. Beaucoup d’images sont en mauvais état, et certaines ont presque disparu, mais l’acheteur, M. Jacobson pense, avec optimisme, que beaucoup pourront être restaurées.
Le professeur Robert Hewison, le conservateur de la Ruskin Fondation, a déclaré: «Si ce sont des daguerréotypes de Venise par Ruskin c’est une découverte étonnante et fantastique Ils sont extrêmement importants pour la mémoire de Venise telle qu’elle était lorsque Ruskin y vivait, de 1849 à 1852..« .
Au fil des ans la Bibliothèque Ruskin à l’Université de Lancaster a trouvé et racheté 125 daguerréotypes de Ruskin – des images photographiques capturés sur des plaques de cuivre recouverte d’argent – et la découverte de plus de 100 autres peuvent éventuellement conduire à la réunification de l’ensemble de la collection du critique.
Différents procédés du balbutiement de la photographie :
Le daguerréotype est un procédé photographique mis au point par Louis Daguerre. À la différence des photographies argentiques modernes, il s’agit d’une image sans négatif, exposée directement sur une surface en argent polie comme un miroir.
Le terme daguerréotype provient du nom de son inventeur, l’artiste et décorateur français Daguerre, qui découvre ce procédé en 1835. Après des années de perfectionnement, il présente sa découverte à l’Académie française des sciences le 9 janvier 1839.
Le brevet de Daguerre est acquis par le gouvernement français qui, le 19 août 1839, annonce l’invention comme étant un « don au monde ».
Le ferrotype est une technique photographique mise au point en 1852 par Adolphe-Alexandre Martin et qui supplanta peu à peu l’ambrotype à cause du faible coût des matériaux utilisés et de la rapidité du procédé.
Une fine plaque de tôle recouverte d’un vernis noir et d’une émulsion au collodion produisait après exposition et développement une image positive directe.
L’ambrotype est un procédé photographique élaboré par James Ambrose Cutting en 1854 et qui a concurrencé le daguerréotype en raison de la rapidité d’obtention des images (2 à 4 secondes) et de son prix de revient peu coûteux.
Technique : négatif sur plaque de verre au collodion, sous-exposé à la prise de vue, puis blanchi chimiquement au développement. Posée sur un fond noir, l’image apparaît en positif. Très utilisé pour les portraits et les paysages, l’ambrotype se présente généralement encadré comme le daguerréotype.
Le calotype (du grec kalos, beau et typos, impression), ou calotypie, est un procédé photographique inventé par William Henry Fox Talbot et breveté en 1841. Il permet d’obtenir un négatif papier direct et donc la possibilité de reproduire des images positives par simple tirage contact. Le procédé négatif-positif deviendra la base de la photographie argentique moderne.
En 1844, Talbot édita le premier livre illustré par la photographie, Pencil of Nature (Le Crayon de la nature). Cet ouvrage contenait vingt-quatre calotypes hors texte.
En France, c’est Louis Désiré Blanquart-Evrard qui réalisa à Lille les premières impressions de photographies avec ce procédé.
* Daguerreotype of a byzantine quadrifora in the façade of the Casa degli Zane, Venice. The Casa degli Zane is located in the Campo Santa Maria Mater Domini, a small square just to the west of the Grand Canal in Venice. John Ruskin is known to have used daguerreotypes extensively in the preparation of his encyclopaedic account of Venetian architecture, « The Stones of Venice », published in three volumes in 1851 and 1853.
** The Ducal Palace, Renaissance Capitals of the Loggia, from « Examples of the Architecture of Venice » by John Ruskin, engraved by G. Rosenthal, 1851″ oil on Canvas.