
Kit Lambert (Christopher Sebastian Lambert), fils du compositeur classique Constant Lambert, se suicide dans le palais de Ca’Dario à Venise le 7 avril 1981.
En 1981, Kit Lambert était un producteur de musique connu surtout pour être le manager du groupe de rock britannique « The Who. » Il a été la force motrice de leur opéra rock « Tommy » (1968), qu’il a également produit. Il était né le 11 mai 1935.

Excentrique notoire, Lambert a rompu ses relations professionnelles avec l’OMS en 1974 et a passé ses dernières années de sa vie, en grande partie dans un état de stupeur provoquée par les drogues, dans son palais de Venise. Lambert se plaignait qu’il ne pouvait pas faire face aux fantômes des précédentes victimes de la malédiction de la Ca’ Dario.
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Selon les biographies, on retrouve diverses versions de sa mort :
Il mourut d’une hémorragie cérébrale après une chute dans l’escalier de la maison de sa mère à Londres.
Il a été tué après avoir quitté le palais, suite à une altercation avec un dealer.
Il s’est suicidé dans le palais Dario.
Il n’y a pas que les vapeurs des stupéfiants ou les fantômes du palazzo Dario pour égarer les esprits !
Reprenons donc l’histoire depuis… le début.

Quand il achète le palais Dario en 1972, Kit Lambert, le manager des Who, dans son délire aux amphétamines, veut en faire une sorte de Graceland vénitien.
Faciné par la Reine des Eaux, comme si elle était une cité des Mille et une nuits dont il serait le vizir, il amène au palais une bande de dingues, déjantés par l’alcool et les drogues. Dans Venise, lorsqu’ils sortent, ils forment un clan pour le moins épique, moitié bande de gitans psychédéliques, moitiés guérilleros de l’acide.

Lorsque la nuit tombe, il organise des soirées dignes des grands lupanars. Les invités arrivent par la porte d’eau, dans des canots à moteur étincelants, d’autres, discrètement, par la porte du campo Barbaro, celle qui donne sur le jardin. Il y a des filles nues à tous les étages, des banquiers, des hommes d’affaires, des politiques et même le représentant à Venise de l’OMS dont Kit Lambert est l’un des plus importants donateurs. Les soirées prennent vite des allures de fin du monde, comme un paysage urbain après un raid américain lors de la seconde guerre mondiale.
Bien sûr, il connait les circonstances de la mort de son prédécesseur, et son esprit délabré fait le reste. Il se plaint que le parquet de sa chambre est incrusté de cervelle et de sang.
Keith Moon, le batteur des Who se prends au jeu. Il est d’accord pour aller passer la chambre au peigne fin à la manière d’un policier sur une scène de crime. Il monte en ricanant.
Lorsqu’il redescends, plus tard dans la soirée, il titube, le yeux hagards en agitant les mains devant lui. Elles sont ensanglantées ! Il montre ainsi à toute l’assistance ses mains couvertes de sang, avec un ricanement surréaliste. Ainsi, Kit Lambert n’aurait pas menti ?

Le baron Lamberti, en manque, part à la recherche de drogue auprès d’un dealer local. Il connait les plus mauvais coins de Venise.
A la discothèque El Souk, la boite branchée de l’époque, près de l’Accademia, il chancelle, ivre, et a une rugueuse altercation avec un type. Personne ne se souvient des raisons de l’altercation, ce qui a surtout marqué les esprits, c’est sa violence, des chaises qui volent, une bouteille cassée.
Jeté a la rue par les videurs, il revient vers le palazzo Dario. les rues sont vides, mais il se croit suivi, menacé. Il s’imagine des espions, guettant dans l’obscurité. Il dérive dans Venise essayant de retrouver le palais.
Puis il monte dans les étages et met la musique à fond.
Le lendemain, 7 avril 1981, la musique joue toujours lorsque l’on défonce la porte de sa chambre. Kit Lambert est étendu sur le sol, mort. Une seringue est encore piquée dans son bras. Pour les enquêteurs, la dose qu’il s’est injectée n’était pas prévue pour un voyage, mais bel et bien pour tuer.

Il est inhumé au Hoop Lane Golders Green Crematorium, Golders Green, Greater London Grande-Bretagne.