Le Torson di Sotto

Torson di Sotto dans la moitié du siècle dernier

Sur cette photo, on peut voir Luigi Gigio Tolotti (1912 – 1974), légendaire figure de la lagune, naturaliste et chasseur, dans un lieu dont il ne reste aujourd’hui même plus la mémoire.

Depuis que l’on a creusé le canale dei petroli, pour le passage des pétroliers, la presqu’île que l’on nommait autrefois Torson de Sotto a subis tellement d’érosion qu’il n’en reste presque plus rien.  De la maison, dans la fin des années 1990, il ne restait que cela :

Torson di Sotto

C’était un coin perdu de la lagune, loin, entre les marais de Ravaglio et de Rivola, en bordure du canal de Piovega. Seul un habitant de la lagune savait y aller sans se perdre.

Le département de génie civil pour les travaux maritimes avait proposé avant la Seconde Guerre mondiale, puis à nouveau en 1953, l’ouverture d’un canal navigable entre l’embouchure de Malamocco et de la zone industrielle située à Marghera, sur le continent.

Le projet initial à été régulièrement agrandi pour arriver à sa forme définitive de la loi du 2 mars 1963. On y jugeait que les gros pétroliers étaient potentiellement dangereux pour ce centre historique en cas d’explosion ou d’incendie à bord. On creusa donc un canal de 18 kilomètres de long et de 140 mètres de large, avec une profondeur de 14 à 15 mètres, capable de permettre la circulation de navires de 65.000 tonnes.

Le canale dei Petroli fut inauguré en 1969.

A l’époque déjà, des craintes avaient été exprimées, notamment par l’association écologique Associazione Italia Nostra. Elles furent balayées d’un revers de main au nom du progrès industriel.

Aujourd’hui, toute cette partie de la lagune est très polluée, les activités de pêche y sont même interdites. Les courants créés par cette voie maritime et l’impact de la masse des gros pétroliers a détérioré toutes les berges.

Il y a quelques années nous étions allés pêcher le long du Canal Melison, près des marais de Rivola et pas très loin du canale dei petroli. C’était en Novembre lors de la fraima (la fraima pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le moment de l’année entre Octobre et Novembre quand la nature se prépare à hiberner, et que les poissons de la lagune repartent vers la mer). Au coucher du soleil, au moment où l’on dit que l’eau est dozana ou calme, un pétrolier est passé. Il allait vers S. Leonardo. Eh bien, dans un premier temps, notre embarcation s’est presque retrouvée à sec et ensuite nous avons été soulevés par une vague tellement importante que c’est seulement à cause de l’expérience des marins vénitiens et, de leur avis, une forte dose de chance si le bateau n’a pas chaviré. C’était une chose incroyable !

Or, des bateaux comme cela il en passe des centaines dans ce canal, même si l’activité de la zone de Marghera a fortement périclité ces dernières années.

Cela fait bien longtemps que je ne suis pas allé traîner dans ce secteur. Je ne sais même pas s’il existe encore aujourd’hui un peu de cet endroit.

Au delà de cet endroit, on a créé une zone naturelle qui s’étend presque jusqu’à Chioggia. De nombreuses exploitation y élèvent désormais les poissons qui viendront à votre table lors de vos séjours à Venise.

Article écrit avec la complicité de Gigio Zanon, que nous remercions pour son aide.

La Reine, le Bon Dieu et les ânes

On ne peut pas plaire à tout le monde… surtout quand on a le vilain défaut de raconter ce que certains souhaiteraient bien que personne ne sache… ou ne veuille vraiment savoir, même si tout le monde s’en doute.

Car si certaines certains se prennent soit pour le Bon Dieu, soit pour les Reines et les Princes, sans aucun doute ils s’imaginent que les autres sont des ânes.

Il était une fois, dans un pays imaginaire qui ne peut exister vraiment, une grosse et mauvaise femme, acariâtre, sale et menteuse comme une vipère,  qui s’était imposée comme La Reine.

C’est ce qu’elle prétendait être, et comme elle le criait plus fort que tous les autres, le bon peuple voulait, ou faisait semblant d’y croire.

Le fait est que toute cette prétendue suprématie reposait sur de fausses argumentations étayées par de faux documents. La meilleure aime de La reine était une faussaire émérite, plusieurs fois condamnée par la justice divine, mais toujours épargnée par les simples. Il suffisait de prétendre que l’on devait oublier ces condamnation, et répandre moult bruits, rumeurs et commérages pour que les  esprits s’égarent. Les simples sont comme les ânes, qui ne voient qu’en l’écurie la solution à leur peine.

Oubliées donc les années de prisons et les victimes spoliées, seule restait la grandeur et l’éclat quand La Reine et sa troupe de complices se pavanaient devant la foule des crédules, tel un Médicis a Florence au temps de la peste.

Certains, quand la lumière leur était venue, se détournaient de cette troupe de menteurs et de voleurs. Certes ils sauvaient ainsi leur honneur et leurs économies, mais ils en devenaient aussitôt les victimes d’une vindicte faite de ragots infâmes propagés par un troupeau de disciples aussi dociles que des moutons. Nos pires ennemis nous sont plus fidèles que nos meilleurs amis, c’est bien connu.
(Nous le vérifions chaque jour, ceux qui médisent à notre égard et dénigrent notre blog sont nos plus fidèles lecteurs)

Les ânes auraient ainsi pu faire prospérer ce commerce indigne pendant des temps infinis.

Mais la divine justice veillait, et celle des hommes se trouva inspirée d’aller vérifier, dans son ensemble, et séparément, ce que chacun, dans cette bande de trousse chemins, pouvait avoir à se reprocher.

C’est ainsi qu’un jour de carnaval, le soleil revint, pour la joie de tous, illuminer la lagune enfin libérée.

La Reine, le Bon Dieu et les ânes

Federico Gualdi

Federico Gualdi, était un alchimiste, né probablement aux alentours de 1600, qui  se déclarait lui-même d’origine allemande, mais l’information n’est pas certaine car elle n’est pas documentée.

Il existe un portrait de Gualdi qui figure en frontispice de La critica della morte, ouvrage édité en 1690 par un certain Sebastiano Casizzi.

Federico Gualdi en 1690

Il est incontestable que Gualdi séjourne à Venise entre 1660 à 1678. Mais de sa vie avant 1660 l’Histoire ignore tout.

Nous savons, au moins, qu’il était en relation, très proche, semble-t’il avec le jeune imprimeur Domenico Lovisa.

La terrible inondation survenue dans la nuit du 18 et dans la journée du 19 novembre 1600, va lui inspirer l’idée de lutter contre l’Acqua alta.

En 1660, puis en 1663, Gualdi soumet à la République de Venise deux propositions pour remédier aux inondations récurrentes provoquant l’Acqua alta. Pour ce faire, il utilise un droit spécifique à Venise connu sous le nom de Raccordo, qui est une « requête rédigée à titre individuel ou par une tierce personne qui autorise tout citoyen à présenter au Conseil des Dix, ou à une autre magistrature, un sujet devant être d’une très grande importance pour l’État : l’objet peut être des plus variés, un brevet, un remède spécifique contre la peste, un système hydraulique pour bonifier les lagunes, une nouvelle arme, un trésor caché…  ». Les dessins des deux projets de Gualdi ont été édités récemment. Ces projets contre l’Acqua alta restent sans suite.

Dessin autographe de Gualdi du projet "arzere" contre l'acqua alta - 1660

Pour être certain d’être payé, Gualdi ne livrera pas la totalité de ses deux projets. Nous sommes en novembre 1660, et Gualdi rédige un ambitieux mémoire qui propose de faire ériger un barrage entre la mer et la terre, sa particularité étant d’être constitué d’une pente très douce en direction de la plage, sur laquelle des pierres arrimées à des pieux reliés entre eux par des planches disposées en travers du courant.

L’arzere en pente douce est donc un barrage où l’eau ne rencontre pas d’obstacle brusque et où la vague peut monter et descendre sans faire de dégâts.

Dessin autographe de Gualdi du projet Calvezon contre l'acqua alta - 1662

Gualdi est aussi détenteur d’un savoir-faire dans le domaine minier. À ce titre, de 1663 à 1666, il est tantôt exploitant minier, tantôt marchand de minerais au service de la riche famille Crotta, propriétaire de gisements dans le val Imperina (province de Belluno). Il y expérimente un nouveau procédé de fusion du minerai par « voie sèche » et par « voie humide » qui augmente la production du cuivre. Cette trouvaille permet autant son enrichissement personnel que celui de la famille Crotta. (pour approfondir, voir, en italien, le document de Francesco Laveder)

Le grand train de vie de Gualdi durant son séjour à Venise suscite de nombreuses jalousies. Elles ne manquent pas d’aboutir à une dénonciation auprès du tribunal de l’Inquisition pour activités alchimiques et appartenance à la mouvance hermético-alchimique de l’Aurea Croce. À cet égard, on compte parmi les disciples de cette Aurea Croce le marquis et poète Francesco Maria Santinelli (proche de la reine Christine de Suède). Mais l’Inquisition, après avoir interrogé quelques personnes ayant côtoyé Gualdi dans sa vie quotidienne, ne le convoquera pas. Le procès n’aura pas lieu, ce qui peut laisser supposer que Gualdi avait des relations avec des représentants du pouvoir de la Sérénissime.

Leibniz ne mentionne pas la présence ou la figure de Gualdi lorsqu’il séjourne à Venise en février-mars 1690.

Concernant la date de mort de Gualdi, aucune trace historique, à ce jour, n’a été retrouvée.

Pryntyl à Venezia

Il a commencé à faire parler de lui à la mi juin… quand il aurait été vu par une personne, en train de nager dans le Grand Canal, à l’intersection entre la Piazzale Roma et la gare, le dimanche soir.

Les vénitiens lui ont même donné un surnom : Pryntyl.

Puis, les témoignages se sont succédé au rythme de ses mystérieuses apparitions, soit dans la lagune y compris dans les canaux de la ville historique, soit, plus récemment, au large de la plage de Bibione.

Dans la soirée du dimanche 7 Juillet un jeune Italien, qui naviguait avec sa planche à environ un kilomètre de la plage de Bibione, a croisé un phoque nageant en direction de Venise. L’internaute chanceux a pu observer de près l’animal pendant quelques secondes, cela a suffit pour donner quelques détails importants. Selon Emanuele Coppola, du Gruppo Foca Monaca, qui a recueilli le témoignage, ce pourrait être cette fois un mâle adulte reconnaissable à certains détails de la couleur de la fourrure et de la forme de la tête signalés.

Or, selon les divers témoignages, l’animal vu dans Venise, serait plutôt un ou plusieurs jeune-s. Selon notre expert, qui se réfère aux spécimens de jeune âge, pour lequel il est trop tôt pour définir le sexe : le phoque moine dans la couleur et l’apparence générale de la jeunesse ne fournit pas suffisamment d’informations pour identifier le sexe.

Donc, ce ne serait peut-être pas un mais plusieurs phoques moine qui seraient autour de Venise ces dernières semaines.

Foca-monaca

Jusqu’à présent, la LIPU n’avait enregistré que des témoignages visuels. Ils est très difficile de surprendre ces animaux et de les fixer sur l’objectif à l’état sauvage. Nous l’avons nous même constaté lors de notre voyage au lac Baïkal.

Mais depuis peu, une vidéo circule sur Internet.

Une vidéo filmée dans le Grand Canal, où vous voyez deux amis immortaliser Pryntyl dans une de ses rares ascensions à la surface. Mais difficile de vérifier l’authenticité de la vidéo, qui pourrait aussi être le résultat d’une manipulation habile.

Regardez bien, c’est vers la fin de la vidéo, très bref, mais très net :

La huitième observation du phoque qui, depuis des semaines, crée une grande curiosité dans la lagune vénitienne s’est produite à quelques centaines de mètres de Malamocco, vers les îles de Poveglia. Ce témoignage a été noté par un naturaliste qui passait sur la canal, et dont voici le témoignage fait à la LIPU : « Verso le 15 ero in barca a vela con altre due persone, ho avvistato a una decina di metri dalla barca quella che, in altre zone marine, avrei definito la testa di una foca. Era delle dimensioni più o meno di un pallone da calcio, con la caratteristica, vista bene molte volte ma solo allo zoo e in televisione, presenza di aree riflettenti del pelo aderente e bagnato.

Credo di averla vista nel momento in cui era appena emersa, comunque, dopo circa due secondi, tempo di allertare i compagni di barca, si è immersa verticalmente. Abbiamo fatto un po’ di bordi per un 10 minuti, ma poi non l’ho più vista. Non ho dubbi sulla realtà dell’osservazione e sulla fortissima e istantanea impressione che si trattasse di una foca. Ero troppo vicino perchè sia stato un effetto ottico o un miraggio. Credo però che se la foca rimanesse nella zona, non dovrebbe essere un’osservazione isolata. Luglio e agosto sono periodi in cui la laguna è molto frequentata da barche a vela« 

Giampaolo Pamio, responsable de la section vénitienne de la LIPU (Ligue Italienne de la Protection des Oiseaux) a lancé un appel pour recueillir tous les témoignages. Si vous voyez l’animal, appelez le 331/7719433 (même le samedi et le dimanche).

Le phoque moine est relativement présent dans l’Adriatique, essentiellement au large de la Croatie. Une des hypothèses était jusqu’à présent : qu’un couple observé depuis quelques temps en Istrie, aurait peut-être eu une portée. Le jeune mâle aurait ensuite été chassé par le vieux mâle. Mais si les dernières observations tendent à supposer la présence de plusieurs individus, il faudra revoir cette hypothèse. Le fait que l’animal ait déjà survécu plusieurs semaines dans la lagune est un bon indicateur de la santé de la lagune, car c’est une espèce sensible à la pollution. Il reste à espérer qu’il n’y ait pas d’accident avec des hélices de bateaux lancés à trop grande vitesse…

Avec les oiseaux au dessus de Venise

Voler au dessus de Venise, se jouer de tous les interdits, et aller voir partout, au delà des murs, une Sérénissime telle que nul être humain ne peut l’imaginer.

Voilà bien une chose que beaucoup de nos lectrices et lecteurs ont rêvé de faire !

Avec une équipe de fêlés de modélismes, nous allons vous montrer que, désormais, les pigeons et les mouettes de la lagune ne seront plus les seuls à jouir de ce panorama unique : oiseaux de la lagune, vos privilèges sont abolis !

Mais il faut commencer par apprivoiser l’engin :

Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas de suite évident…

Les R/C Daredevils de l’équipe BlackSheep (Team Black Sheep) possèdent désormais un certain savoir faire dans ce domaine et ont survolé, déjà, de nombreuses villes dans le monde.

Raphael Pirker, à Venise.

Raphael Pirker, à Venise.

Ils peuvent également vous fournir tout le matériel nécessaire pour accomplir à votre tour ce genres d’exploits et vous donner les premières formations sur le terrain.

Vous êtes prêts pour partager un moment de rêve en compagnie des pigeons ?

Nous allons partir découvrir Venise comme jamais vous n’avez imaginé la voir grâce au couple de drones TBS Zephyr et TBS Discovery :

Impure di strada

Au début du XXème siècle, avant la Première Guerre Mondiale, à Venise le comte Filippo Grimani conseiller municipal (Venise, 4 juin 1850 – Rome, 5 décembre 1921), s’oppose violemment à l‘avocat Gino Bertoloni, nationaliste, conservateur qui manifeste, dans un accès antisémite, que les hébreux sont responsables de la fin de la Sérénissime.

Filippo Grimani

Mais il a surtout commencé une croisade contre la prostitution, et insinue que ce sont les juifs de Venise qui ont conduit l’aristocratie au libertinage abandonnant dans les bras de femmes « la Vertu et la Patrie ».

Gino Bertolini, plus connu pour avoir été l’avocat et le conseiller de Lady Layard, dira ce plaidoyer resté célèbre : « Aujourd’hui, les putes sont une sorte de nécessités : ont doit demander aux employés de l’État de cesser de les obliger à se rétracter ou de les maltraiter, car tout ceci n’est rien que de l’hypocrisie et de la brutalité. » L’étude sociologique qu’il publiera vers Noël 1912 est une véritable et singulière tranche de vie vénitienne à l’aube de ce siècle.

La bella moscardina !

Dans la partie intitulée La farandole delle meretrici il explique et décrit l’offre sexuelle tarifiée importante de l’époque. Il y montre une inhabituelle compréhension pour ces filles du peuple et leurs misérables conditions de vie. Il dénonce également cette jeunesse riche qui use de leurs corps et veut partir sans payer, condamnant aussi cette société bien pensante prompte à dénigrer la « gent des égouts » mais qui ne bouge pas pour tenter d’améliorer les conditions de cette misère dont ils puisent en fait leur richesse.

Ces « impure di strada » sont des filles de Venise et de sa région. Brunes ou blondes, elles battent le pavé des calis, deux par deux, accostant le client devant les commerces, se mélant de façon désinvolte aux spectateurs qui attendent à l’entrée des théâtres ou dans les lieux publics.

Fille et son soutenur et un client, devant le Gran Teatro La fenice

La rue est leur lieu de travail ou cette population, aux confins de la loi, est constamment offensée, arrêtée, molestée et bastonée par les zélés défenseurs de la moralité publique.

Comme le Code Pénal leur interdit d’amener leurs clients dans un pied à terre, les passes se font dans la rue, sous un porche, appuyés contre une colonne, ou la balustre d’une fondamente où la fille soulève une jambe. Le tarif moyen des prestations, varie de 5 à 15 Lires, surtout en fonction de l’âge de la fille.

A la tombée de la nuit, l’éclairage public étant si faible, avec ses rares lanternes, que l’ambiance créée devenait plus « intime », spécialement dans les lieux moins passagers. Le puits du campo Santa Sofia, par exemple, était abondamment utilisé pour des libations si bruyantes que, parfois, les voisins jetaient de l’eau sur les couples en pleine action

Le printemps des filles des rues

Article librement inspiré de Venezia sconta. 7 secoli di piaceri, intrighi e scandali erotici par Claudio Dell’Orso avec la permission de l’auteur.

Images tirées de Italia. II. L’ambiente fisico e psichico. Storia sociale del secolo ventesimo de Gino Bertolini (1912)

Le retour de Brunetti

Brunetti le retour

Le célèbre commissaire vénitien fera un bref retour à la télévision cet été, avec une série de deux épisodes par soirée, dont certains seront inédits à la TV française dès dimanche prochain.

Vous pourrez ensuite retrouver les rediffusions des épisodes précédents tous les dimanches dès 20h45, à raison de deux épisodes par soirée.

A cette occasion et à partir du 4 juillet, participez au jeu-concours organisé sur le site Club France Télévisions : 25 exemplaires du dernier roman de Donna Leon, Brunetti et le mauvais augure, publié aux éditions Calmann-Lévy, seront à gagner. Nos fidèles lectrices et lecteurs n’auront aucune difficulté pour trouver les trois bonnes réponses (sinon, demandez-les nous 😉 )

Dès ce dimanche 7 juillet, à 20:45 heures, sur France 3, avec un premier épisode inédit :

La petite fille de ses rêves

Le Commissaire Brunetti vient de perdre sa mère. Pendant la cérémonie, il apprend qu’on a découvert le cadavre d’une jeune fille noyée dans le canal. Dans ses vêtements, cachés, on découvre des bijoux vraisemblablement volés. Fait étrange, nul n’a signalé sa disparition, ni celle des bijoux récupérés dans ses vêtements. Après enquête, on apprend qu’il s’agit d’une enfant, Arianna, appartenant à la communauté des gens du voyage. Elle aurait trébuché et serait tombée d’une terrasse, à moins qu’on ne l’ait poussé… Que cache donc cet accident ? Arianna était-elle seule lorsqu’elle s’introduisait dans les appartements ?
Tant que Brunetti n’aura pas résolu l’enquête, cette petite fille hantera ses nuits.

Mort à la Fenice

Le grand chef d’orchestre Helmut Wellauer est retrouvé mort dans sa loge lors d’une première à La Fenice de Venise. Le commissaire Brunetti soupçonne un empoisonnement au cyanure. En interrogeant toutes les personnes qu’il côtoyait, Brunetti découvre que Wellauer avait des ennemis : le ténor, la soprano, le baryton. Ils étaient humiliés et critiqués pour leur choix de vie par le maestro. Brunetti va également faire la connaissance de sa très jeune femme, Elisabeth, une personne très énigmatique…
Qui en voulait à Wellauer au point de le supprimer ? A qui profite le crime ?
C’est en fouillant le passé du maestro que le commissaire fera tomber les masques…

Le dimanche 14 juillet, à 20:45 heures, sur France 3, avec un premier épisode inédit :

La femme au masque de chair

Lors d’une soirée organisée par le beau-père de Brunetti, celui-ci fait la connaissance d’un couple, les Cataldo, qui veulent s’associer avec leur hôte.
Peu après, l’homme de confiance de Cataldo, Ranzato, est retrouvé assassiné : « un suspense bien distillé dans cette enquête sur la Mafia menée dans un cadre enchanteur »

Mortes eaux

Deux pêcheurs sont retrouvés morts dans le port de Pellestrina

Jeu concours Brunetti

Titien et Vénus

Tiziano Vecellio ou Tiziano Vecelli ou Tiziano da Cador, plus communément appelé Titien ou Le Titien en français, (1488-1576) était un peintre italien de l’école vénitienne, auteur d’une œuvre picturale considérable.

Vénus est la déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté dans la mythologie romaine. Elle est équivalente à la grecque Aphrodite et à l’étrusque Turan.

Vénus anadyomène
Titien , vers 1520
Huile sur toile, 76 x 57 cm
Edinbourg, National Gallery of Scotland.

Vénus anadyomène raconte le mythe de la naissance de Vénus émergeant de la mer.

La Vénus d’Urbino a été peinte pour Guidobaldo Della Rovere, l’héritier de Francesco Maria Della Rovere, le Duc d’Urbino. Son père avait déjà acheté, deux ans plus tôt, le portrait du même modèle, La Bella, qui est aujourd’hui au Pitti, à Florence. La Bella portait une belle robe, Guidobaldo voulait avoir son portrait nu.

Ce tableau n’a pas été peint pour célébrer son mariage avec Giulia Varano intervenu quatre ans plus tôt en 1534. Sa fiancée n’a alors que dix ans. Il ne s’agit ainsi pas à proprement parler d’un tableau de mariage comme La Vénus de Dresde peinte par Giorgione avant 1510 et terminée par Titien. En 1538, Giulia a quatorze ans et le mariage a pu être consommé à cette date. Il s’agirait alors d’un tableau dans le contexte du mariage.

Lorsqu’il peint Vénus et Adonis, la déesse du Titien ne réussit pas à détourner Adonis de son occupation favorite, la chasse.

En décembre 1847, Titien travaille à Rome pour apprendre des Antiquités. L’étude de la sculpture et des monuments de l’antique capitale impériale lui permet de perfectionner son art, déjà grand. Pour le peintre, fidèle serviteur de la gloire des Habsbourg, rien ne saurait être suffisant pour peindre les mérites du plus grand souverain de l’heure.
Titien imagine pour Charles Quint un nouveau sujet, « une figure de Vénus » dont les divines proportions sauront glorifier le prestige de celui à qui elle est destinée.  De fait, le nouveau tableau doit être prêt quand l’Empereur, présidera à Ausgbourg, la Diète réunie en grand apparat, après la victoire remportée à Mühlberg le 18 janvier 1547, sur les troupes protestantes de la ligue de Smalkalde.

Le grand maître vénitien a créé plusieurs peintures de Vénus nues dans une société de musiciens masculins. L’astrologique complexe du seizième siècle a donc largement développé ce thème de Vénus avec le Musicien. Les scènes amoureuses sous forme de concerts pastoraux resteront à la mode pendant deux siècles encore.

Dans le tableau de Titien, le rapport entre le jeune homme et la déesse relève toutefois d’une autre signification. Elle peut être considérée comme la représentation de la Vue et de l’Ouïe. Le rôle actif du regard et l’importance de vision sont les attributs du premier sens alors que le jeu musical l’est du second.

La figure nue domine la toile. Allongée sur le divan, reposant négligemment sur son coude, elle personnifie la beauté avec son corps plein et la vivacité vibrante de sa peau. L’organiste lui tourne le dos mais il tourne ostensiblement la tête et joue grâce à l’inspiration provoquée par la vue d’une telle beauté.

C’est une présentation claire du thème de l’inspiration dans lequel Vénus accomplit le rôle de la Muse. Son comportement est cérémonial et passif. Elle n’accorde aucune attention au musicien tandis qu’il doit faire un grand effort pour la voir toujours. Au point que dans une des versions de l’œuvre, le musicien disparaît complètement.

Le tableau ci-dessous est le dernier de la série de quatre « Vénus avec musicien » réalisée par Titien. Les deux premiers datés de 1548 à 1555 (Museo del Prado, Madrid et Gemäldegalerie, Berlin), représentaient Vénus et un joueur d’orgue. Les Vénus et un joueur de luth (Fitzwilliam Museum de Cambridge et celui-ci) sont plus tardifs, réalisés aux environs de 1565 à 1570 avec l’aide de l’atelier.

Le sujet est le même : comment l’amour inspire la musique. Il pourrait aussi s’agir d’une dispute néoplatonicienne pour savoir si la beauté est mieux appréhendées par la vue ou par l’ouïe.

Vénus avec joueur de luth et Cupidon
Titien , 1565–70
Huile sur toile, 165.1 x 209.6 cm
New York, Metropolitan Museum

Terremoto : la terre a bougé dans le Veneto

Une légère secousse sismique à été perçue à l’aube, à 6.13 heures, dans les Préalpes de la région de Venise.

Le tremblement de terre de magnitude 2.4 sur l’échelle de Richter, avait son épicentre à 8,5 km de profondeur, sous les villages de Alano di Piave, Quero et Vas nel Bellunese tout proches de Cavaso del Tomba, Possagno, Pederobba et Valdobbiadene nel Trevigiano.

Tous ces villages sont près de Bassano del Grappa, aux confins des provinces de Belluno, Vicenza et Treviso.

La population n’avait pas été prévenue de l’éventualité d’un séisme, mais il n’y a eu ni dégâts, ni victimes.

Histoire de l’eau potable à Venise – 2° partie

Lorsque nous avons publié notre article sur l’eau potable arrive à Venise… un de nos fidèles lecteur en a profité pour tenter de nous poser une colle :

Claudio

Avant c’était en général de l’eau de pluie qui alimentait les pozzi de la cité…. Ce serait sympa de développer cet article…. combien de temps les travaux ont duré? Par où passent les canalisations qui alimentent la ville? Par quelles sources et quelles nappes phréatique sommes nous approvisionnés?… J’avoue ne pas trop le savoir…. Toi, le champion des synthèse, pond-nous un bel article là-dessus….
Bien à toi

Hier, nous avons vu comment les vénitiens ont, pendant des siècles, capturée et conservée l’eau de pluie pour leur usage domestique. Jusqu’à ce qu’une compagnie française apporte à Venise ce qui fut une véritable révolution technologique.

Un décret impérial de Napoléon III crée, le 14 décembre 1853, la Compagnie Générale des Eaux, à Lyon. En 1880, cette compagnie crée sa première filiale à l’étranger, la Compagnia Generale delle Acque (CGA) suite à la signature d’un contrat, l’année précédente, avec la ville de Venise pour son approvisionnement en eau potable courante.

23 Juin 1884, l'eau potable arrive à Venise !

La concession de Venise est inaugurée le 20 juin 1884 avec tout le faste de la Sérénissime, pour l’occasion, une fontaine à même été installée sur la piazza.

Inauguration de la concession place saint-Marc le 20 juin 1884

Les premiers travaux se sont en réalité achevés en 1886, et ont donc duré moins de six ans… avant de se poursuivre encore longtemps.

Mais il faut compter que, bien avant la création de la CGE en France, les vénitiens avaient réalisé des études préalables, et ce dès 1841.

Pour la fin du XIXème siècle, c’est un chantier colossal qui a permis aux vénitiens d’avoir l’eau, chez eux, d’un simple geste, au bout d’un robinet. Le coût total de ce grand chantier fut de 4,600,000 de Lires.

Pour amener l’eau à Venise  la nouvelle compagnie à créé un nouvel aqueduc qui puise dans les eaux calmes de la rivière Brenta. La Brenta était, à l’époque, réputée pour l’excellente qualité de ses eaux, diagnostic clairement établi par les plus grands chimistes et les médecins de l’Université de Padoue et de l’Académie de médecine de Paris.

Pour la conception et la réalisation de cet ouvrage d’art, on a fait appel aux compétences des meilleurs techniciens et travailleurs italiens et français.

Planimétrie générale de l'Acqueduc de 1884

Ci-dessus, sur le plan général de l’aqueduc on peut voir :
La prise d’eau sur la Brenta à Stra, d’où l’eau était transportée par une conduite dans le sous-sol, sous le canal navigable de la Brenta, puis par le vieux canal ouvert Seriola Veneta qui amenait l’eau au centre de filtrage et à l’usine de mise en pression, avant le passage, dans une conduite, en dessous de la lagune.
L’eau arrivait à Venise près de Sant’Andrea, Stazione Marittima, où elle était stockée dans un gros réservoir (20.000 M²) et mise sous pression pour sa  distribution dans tout Venise.

L’aqueduc de Venise se composait alors ainsi :

a) La prise d’eau sur la Brenta et le raccordement au canal Seriola Veneta du XVIème siècle.

Ecluse de prise sur la Brenta

La dérivation de l’eau pour l’aqueduc a été créée à Stra, en amont d’une digue, qui a fourni des niveaux suffisants de hauteur d’eau, même en cas de sécheresse.
Sa bouche de capture, en maçonnerie était sur le talus gauche de la Brenta.

Canal de dérivation sur la Brenta

Le canal a été muré et recouvert avec un siphon puis passait en souterrain près du canal de la Brenta. Une dérivation se reconnectait à l’aval du barrage, avec évacuation des eaux, utilisée pour le nettoyage régulier du canal.

Détail du siphon

Ce canal en maçonnerie mesurait 520 mètres entre les deux vannes (une de capture et une de décharge).
Puis, l’eau arrivait dans un canal ouvert d’une longueur de 7 kilomètres jusqu’à Dolo où il rejoignait directement l’ancien canal Seriola Veneta du XVIème siècle, pour continuer en direction de Venise.

b) Les bassins filtrants à la fin du canal Seriola Veneto à Moranzani, et la machinerie pour envoyer l’eau sous la lagune.

Les bassins filtrants à la fin du canal Seriola Veneto à Moranzani

L’eau de la Brenta a été jugé d’excellente qualité, mais souvent troublée par des particules de limon et d’argile en suspension, une partie de ces sédiments se sont déposés en chemin le long du canal Seriola, mais pour un maximum de limpidité les concepteurs avaient prévu une station de filtrage artificiel de l’eau.

Ceci avant que avant que les eaux partent poursuivre leur voyage dans la lagune, avant d’entrer dans le grand réservoir de Venise et dans les maisons des Vénitiens.

Le système de filtrage composé de quatre bassins mis en communication entre eux deux par deux, se compose d’une couche de 80 cm de sable pur (provenant des dunes du Lido, à Quattro Fontane), de 60 cm de gravier et de 40 cm de galets de rivière pour faciliter l’écoulement.

Le collecteur de l’eau filtrée rejoignait un bâtiment voisin, dans lequel étaient installées les machines pour donner à l’eau la pression nécessaire pour qu’elle arrive au grand réservoir de Venise, en passant dans le pipeline sous la lagune.

Salle des machines de Moranzani

La pression de l’eau a été obtenue en utilisant une turbine système Girard.

Salle des machines de Moranzani

c) Le pipeline sous la lagune

Le pipeline sous la lagune

C’est un pipeline de fonte d’un diamètre de 80 centimètres et d’une longueur de 6.400 mètres qui à été construit pour traverser les marais côtiers et la lagune Venise.

Le pipeline sous la lagune

Le tuyau a été enterré et ancré par des poutres de mélèze, fixé sur des poteaux en mélèze également, ce bois ayant été choisi pour sa remarquable résistance à l’eau.

Le pipeline sous la lagune

Les morceaux de tubes, d’une longueur de 4 mètres, protégés par une couche de bitume végétal, ont été reliées entre eux avec de la corde de chanvre et de plomb fondu. Généralement on a travaillé à sec, dans des pièges d’où l’eau avait été enlevée. Mais dans certains endroits, il a été impossible de réaliser ce type d’installation et on a du faire travailler des plongeurs.

23 regards, répartis tout le long de la conduite sous la lagune, ont été construits. Comme ils affleuraient le niveau de l’eau, ils étaient protégés par des palisses, pour éviter les chocs avec les barques. Ces regards permettaient de mettre à sec l’un ou l’autre des portion pour les besoins de l’entretiens de l’aqueduc.

Regards

Pour la traversée de la place en face de la Stazione Marittima le tube passe à l’intérieur d »une galerie spéciale en maçonnerie.

Traversée de la place en face de la Stazione Marittima

d) Le bassin de stockage et la machinerie pour mettre l’eau en pression pour sa distribution dans tout Venise.

Après ce premier gros chantier, les travaux d’adduction d’eau dans Venise et sa lagune ont continué… en 1890 toute la ville de Venise était raccordée à l’aqueduc.

Le 11 juin 1900 l’aqueduc était enfin raccordé au Lido.

Ils se prolongèrent ainsi jusqu’en 1921. De nos jours, si les installations ont été plus ou moins modernisées, le schémas général reste identique. Quand à la Compagnia Generale delle Acque, depuis 2005, elle est devenue Veolia Acqua.

Pour tout savoir sur l’aqueduc de Venise :

L’Acquedotto di Venezia : studi, progetti, lavori dal 1841-1923
Auteur : Sergio Barizza
Éditeur : Marsilio, 1984 – Venezia.
L'ACQUEDOTTO DI VENEZIA Studi progetti lavori dal 1841 al 1923 MARSILIO 1984

Histoire de l’eau potable à Venise – 1° partie

Lorsque nous avons publié notre article sur l’eau potable arrive à Venise… un de nos fidèles lecteur en a profité pour tenter de nous poser une colle :

Claudio

Avant c’était en général de l’eau de pluie qui alimentait les pozzi de la cité…. Ce serait sympa de développer cet article…. combien de temps les travaux ont duré? Par où passent les canalisations qui alimentent la ville? Par quelles sources et quelles nappes phréatique sommes nous approvisionnés?… J’avoue ne pas trop le savoir…. Toi, le champion des synthèse, pond-nous un bel article là-dessus….
Bien à toi

Pour une cité comme Venise, l’eau potable, a paradoxalement toujours été un problème majeur, qui a nécessité, pendant des siècles, des quantités incroyables d’efforts et d’ingéniosité, l’eau de la lagune étant impropre à la consommation, et l’utilisation des nappes phréatiques trop complexe.

Pour se procurer de l’eau, les premiers habitants conservaient l’eau de pluie. Mais, il fallut bien trouver une solution, à mesure que la population grandissait à Venise. On installa donc, à partir de 1200 des puits, mais ils sont très particuliers.

Ils étaient l’œuvre des Pozzèri, les puisatiers, qui faisaient partie de la corporation des maçons. Lors d’un recensement effectué par les Autrichiens en 1858, on a compté 6.046 puits privés, 180 publics et 556 souterrains.

Secrets de Venise - la vera di pozzo

Comment fonctionnaient ces puits à filtration naturelle ?

Sur les places où vous trouverez la margelle d’un puits, vous verrez que sur les côté se trouvent deux ou quatre bouches en pierre istrienne, appelés pilelle.

Il faut savoir que sous chaque cour de palais, sous les campi et les places de Venise, dès qu’un peu d’espace était disponible, on a construit de grands réservoirs dont les parois étaient enduites d’argile, et plus tard de brique cuite.

Ils pouvaient atteindre une profondeur de 5 mètres en dessous du niveau de la mer. Parfois, pour atteindre une profondeur suffisante de la fosse, on a surélevé le sol de quelques décimètres. Ce type de solution peut être très clairement vu sur le le Campo San Trovaso, le Campo Sant’Angelo et la Piazzetta dei Leoncini, en face du siège du Patriarcat. Cela avait également l’avantage de mettre la citerne hors d’atteinte des marées hautes.

Au centre, une cheminée affleurait le niveau du sol, et était coiffée par la margelle du puits (la vera del pozzo), souvent relevé de quelques marches.

Tout autour, le reste de la citerne était comblée avec des galets dans le fond, puis du gravier, et enfin, tout le reste du volume était rempli de sable fin.

Campo San Nicolò dei Mendicoli, 09/2003

Campo San Nicolò dei Mendicoli, 09/2003

Quand la cavité était entièrement comblée de sable fin, en surface, on incurvait légèrement le sol, pour diriger l’eau de pluie, d’abord dans des rigoles (les sigillo), ensuite vers les siphons de pierre (les gatoi) où elle disparaissait. L’eau était amenée dans des conduites (les cassoni) qui déversaient l’eau dans le sol. Pour limiter les pertes, sous les regards on construisait une sorte de cloche en brique, ouverte vers le bas, pour transmettre autant que possible l’eau de pluie directement sur le filtre à sable et limiter l’évaporation.

Pozzo veneziano

Toute la zone entourant le trou d’homme était également élevée en pente pour favoriser la récolte des eaux de pluie.

La zone autour du puits et au dessus de la citerne était recouverte d’une couche de maçonnerie sur lequel on posait les pavés de la chaussée se fondait au reste du pavement. Parfois, les limites de la citerne sont marquées avec de la pierre d’Istrie.

L’eau de pluie était ainsi filtrée lentement par le sable, atteignait la caillasse et s’infiltrait dans le puits par des ouvertures laissées dans la brique, au fond.

Schémas d'un puits vénitien

Comme nous l’avons vu plus haut, lors du recensement autrichien, la plupart des puits étaient privés, mais leur usage était contrôlé par des magistrats de la République (“Magistrato della Sanità” et du “Collegio della Milizia da Mar” d’après Tassini), qui avaient en charge, outre l’entretien des puits existants, la gestion de nouveaux puits et leur financement. Lors des héritages, ou lors de cessions immobilières, l’usage des puits et l’accès aux citernes faisaient l’objet d’âpres négociations, et étaient dûment stipulés sur les contrats.

La construction d’un puits était une opération très coûteuse en raison de la complexité de la procédure, la quantité de matériaux et des accessoire, les difficultés techniques : une excavation de cinq ou six mètres conduit à devoir travailler au-dessous du niveau de la lagune, il fallait utiliser structures de confinement spéciales et réaliser une étanchéité à toute épreuve pour éviter l’infiltration de l’eau saumâtre de la lagune.

C’est pour cela que de nombreux généreux donateurs ont fait figurer les armes de leur famille sur les margelles des puits,

Les puits publics étaient fermés à clé. Ils n’étaient ouverts qu’à certaines heures de la journée, pour mieux en contrôler la ressource. Alors les porteuse d’eau (Bigolante  ou Pagote), toutes originaires des mêmes villages du Frioul, ou de l’île de Pago, venaient s’approvisionner en remontant l’eau avec des sceaux (voir notre article sur La Porteuse d’eau de Venise).

Cependant l’eau des puits ne suffisaient pas à tous les habitants, et la République était obligée de se faire livrer de l’eau provenant du fleuve Brenta par de gros bateaux.

Porteuse d'eau près du puits du campo Santi Giovanni e Paolo - Photo studio Naya, 1890

La Vera da pozzo (au pluriel vere da pozzo) est l’équipement d’utilité publique indispensable à l’approvisionnement en eau potable de la République de Venise jusqu’à la construction de son premier aqueduc à la fin du XIXe siècle (voir notre article à paraître demain).

Sources :

. Images didactiques – Venice Backstage Insula spa

Une colonie de flamants roses dans la lagune

Une colonie de flamants roses dans la lagune

Une colonie de flamants roses a été repérée dans la lagune nord, précisément près de Torcello. Elle a été photographiée par le seul agriculteur de l’île qui compte à peine un peu plus de dix habitants.

« Solo la rinnovata gestione agricola di un territorio consente di salvaguardare la valorizzazione economica con il presidio ambientale della biodiversità » nous a affirmé Paolo Andrich, dont nous vous avions déjà parlé dans Les amants de la lagune de Venise.

Paolo Andrich, qui cultive des légumes, des plantes aromatiques et médicinales et des arbres fruitiers en culture biologique, se réjouit donc de voir que la gestion agricole respectueuse d’un territoire permet de préserver sa valeur économique et sa biodiversité.

Après la présence d’un phoque dans le canal grande puis en plein centre de Venise la semaine dernière, l’arrivée de nouvelles espèces d’oiseaux dans la lagune démontre que le travail mené par les associations éco-environnementales va dans le bons sens, pour le plus grand bonheur des ornithologues et des touristes qui ont choisi de faire la « chasse photo » de spécimens insolites.

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