Isola La Cura

L’île peut être atteinte en bateau depuis Burano en empruntant le canale della Dolce. Elle était réunie à d’autres petits îlots et autrefois faisait partie d’un archipel plus vaste part de Costanziaca.

LaCura

Fondée par des réfugiés de Altino, elle se développa rapidement et les habitants ont construit de nombreuses églises et palais. Les principales églises étaient S.S. Sergio e Bacco et S. Matteo.

Ces îles, cependant, ont été abandonnés à la fois en raison de la migration progressive vers les villes près de la mer, et aussi en raison de l’engorgement d’une branche de la rivière Sile, qui a modifié la salinité de l’eau et fait apparaitre des maladies apparentées telles que le paludisme.

Les derniers temps l’île a été utilisée comme une zone pour l’élevage de poissons, dont sont encore visibles les vallées de culture.

La présence d’une source d’eau douce a permis, dans le passé, de développer de nombreuses productions agricoles, et, à cette époque, on avait construit une cavana (abri pour l’amarrage des bateaux), désormais réduit en ruines.

L’île a récemment fait l’objet de fouilles archéologiques ont mis en lumière les traces de l’ancienne colonie (VII siècle).

Isola La Cura

Isola La Cura

Isola La Cura

Isola La Cura

Isola La Cura

Isola La Cura

Isola La Cura

Isola La Cura

Isola La Cura

Une colonie de flamants roses dans la lagune

Une colonie de flamants roses dans la lagune

Une colonie de flamants roses a été repérée dans la lagune nord, précisément près de Torcello. Elle a été photographiée par le seul agriculteur de l’île qui compte à peine un peu plus de dix habitants.

« Solo la rinnovata gestione agricola di un territorio consente di salvaguardare la valorizzazione economica con il presidio ambientale della biodiversità » nous a affirmé Paolo Andrich, dont nous vous avions déjà parlé dans Les amants de la lagune de Venise.

Paolo Andrich, qui cultive des légumes, des plantes aromatiques et médicinales et des arbres fruitiers en culture biologique, se réjouit donc de voir que la gestion agricole respectueuse d’un territoire permet de préserver sa valeur économique et sa biodiversité.

Après la présence d’un phoque dans le canal grande puis en plein centre de Venise la semaine dernière, l’arrivée de nouvelles espèces d’oiseaux dans la lagune démontre que le travail mené par les associations éco-environnementales va dans le bons sens, pour le plus grand bonheur des ornithologues et des touristes qui ont choisi de faire la « chasse photo » de spécimens insolites.

Andrea le torcellese dit « Rustico »

« Si estoit li uns apelé Rustice Torcelens – et porce estoit il apelé Torcelens, que il estoit d’une vile que l’en apeloit Torcel -, et l’autre prodome qui estoit aveuc mesire Rustice avoit non mesire Tribons de Madamauque » .

Martino da Canale – Les Estoires

C’est l’histoire officielle de la translation des reliques de Saint-Marc, telle que l’ont faite écrire les notables de Venise, telle qu’elle apparaît dans les merveilleuses mosaïques couvertes d’or de la basilique.

Mosaïques de la basilique Saint Marc à Venise

Pour les chats de Torcello, tout ceci n’est qu’une légende inventée par les riches marchands de Rialto…

Olga et Svetlana écoutent le récit d'un de nos amis chat, de Torcello.

Selon la légende vénitienne, donc, les reliques de Saint Marc furent ramenées d’Alexandrie en 828 par deux célèbres marchands vénitiens : Andrea dit « Rustico » da Torcello et Buono tribun da Malamocco.

Elles furent accueillies avec ferveur à Venise, car non seulement elles allaient attirer les pèlerins de toute l’Europe, mais aussi parce que l’histoire vénitienne raconte que saint Marc, quand il était en vie, aurait évangélisé le peuple vénitien. Il devint ainsi le patron et l’emblème de la ville sous la forme d’un lion ailé qui brandit une épée et tient entre les pattes un livre ouvert sur lequel on peut lire: Pax Tibi Marce Evangelista Meus,  Paix à Toi ô Marc Mon Évangéliste.

Le corps aurait été ramené en 828, or, les écrits les plus anciens à propos de la translation à Venise datent de 1050. Les mosaïques de la basilique, qui racontent l’histoire avec force détails, sont de la fin du XIème siècle, voire même du début du siècle suivant.

Pourtant, dans toute la chrétienté, il est admis avant le Xème siècle que l’on peut honorer le corps de Saint Marc dans la lagune de Venise.

Les chats de Torcello ont une explication toute simple pour ce contre-sens.

Andrea dit « Rustico » da Torcello à ramené le corps de l’évangéliste dans son île où fut édifié une église dédiée à Saint-Marc, ce qui est attesté par le testament du doge Giustiniano Partecipazio en 829.

Ce n’est que plus de deux siècles plus tard que les marchands du Rialto se sont approprié la dépouille du saint, de l’histoire de la translation qui est devenue une légende à la gloire de leur puissance commerciale, et qu’ils en ont écrit une histoire réinventée, en lettres d’or sur les murs de l’immense basilique byzantine. Quand le corps du saint arrive, le siège ducal à été transféré de Malamocco à Rialto, depuis moins de deux décennies. Les riches marchands patriciens ont donc parachevés ainsi leur prise de pouvoir sur la lagune, en détenant enfin le pouvoir politique et spirituel, ainsi qu’en s’octroyant, par malice, une importante aura dans le monde chrétien occidental.

Saint-Marc par Andrea Mantegna

Sant’Angelo di Zampenigo

L’église de San Michele couramment appelée Sant’Angelo di Zampenigo, et son monastère, était un ancien lieu de culte de Torcello dont il ne reste plus de trace aujourd’hui. Le lieu où il était supposé être construit fait l’objet de fouilles.

Torcello

Nous avons très peu d’informations historiques.

Dans un manuscrit 512, conservé au musée provincial de Torcello, et qui décrit le dioscèse de Tiorcello au XIIème siècle, il est écrit : Parmi les différents lieux de culte, se distingue Sant’Angelo, flanquée d’un couvent de bénédictins qui a été fondé après la consécration de l’église. Vittorio Piva parle d’une construction de l’église au Xème siècle, mais sans apporter d’élément de preuve.

Dans le premier tiers du XIVème siècle, quand les moniales de Sant’Angelo se réunissent pour nommer un procurateur, elles forment, à quatre, la totalité de la communauté. Autour d’elles les campaniles s’effondrent, les complexes monastiques retournent à la ruine. En 1439, les quelques religieuses qui survivaient encore à Sant’Adriano di Constanziaca viennent se joindre à elles.

Le 16 Janvier 1439 le complexe monastique a été rattaché au monastère de Sant’Ariano, puis il passera à celui de San Girolamo. Ces nombreuses fusions des communautés monastiques n’empêchera pas le déclin de toute cette partie de la lagune, les îles se vident, puis, faute d’entretiens, sombrent dans les eaux de la lagune, entraînant dans leur disparition toute une civilisation désormais oubliée.

Dans un document de 1672, conservé dans le Fond San Gerolamo des Archives di Stato di Venezia on a retrouvé un acte d’achat d’une vigne par Giulio Malvicini, sur le terrain où il y avait les restes de l’église. Le propriétaire avait construit un petit oratoire (apparemment en 1668) dédiée à saint Michel Archange, qui a été placée sous le haut patronage de sa famille. La visite pastorale en 1678 le décrit comme un bel immeuble, avec des sols carrelés et le toit en bois, à l’intérieur, il éy avait un seul autel, orné de statues et de tableaux, ses cloches, qui sonnaient d’une musique claire et argentine, ont même donné son nom au hameau encore appelé « le Campanelle ». A ce document est également joint une carte du vignoble avec la représentation de l’église.

Plan acquarellé de la propriété Malvicini

En 1735, l’oratoire était signalé abandonné, et au XVIIème réduit à l’état de ruine.

Les fouilles archéologiques menées au XIXème siècle, avaient permis de relever un grand nombre d’objets, notamment de l’époque romaine. Parmi ces objets, une clef portant une insciption qui n’a jamais pu être déchiffrée, et un bas-relief en marbre dit du « Mitra cadente »

Torcello nouvelles recherches

Bibliographie :

Maurizia Vecchi, Torcello. Nuove Ricerche, Roma, « L’Erma » di Bretschneider, 1979.


Le monastère de Saint-Antoine de Torcello raconté par les chats

C’est encore grâce à nos amis les chats de Torcello que nous allons faire un voyage dans le passé, qui est simplement prodigieux.

Les chats de l'Office de Tourisme de Torcello

Voici le récit, fait par ces félins derniers témoins d’un temps qui a totalement disparu, et dont il ne reste plus aucune trace :

Les premières informations concernant Sant’Antonio di Torcello sont au monastère de San Giorgio Maggiore dans un document daté de janvier 1216. Dans ce contrat, Marco, l’abbé du monastère concède à frère Tommaseo, prêtre et moine, certaines terres de l’île. La zone en question est défini comme terra et aqua super labente, décrivant une situation particulièrement difficile à vivre en raison de la submersion continue et périodique de ces terres par la marée.
Le document présente aussi les indications géographiques utiles pour identifier ce lopin de terre. Les limites ont été établies comme portu de Maioribus, la vinea Beta, le vinee qui étaient détenues par Domenico Orio et un côté de la Vigna Beta qui était devenue marécageuse.

Isola di Sant'Antonio

En accordant certaines portions de terres au moine Tommaso, le monastère de San Giorgio demande expressément qu’il doit être “ubicumque tibi loco placueris heddificandam ecclesiam ad honorem Dei et sancti Antonii” et de prévoir la construction d’un édifice sacré dédié à Sant’Antonio, et pour rendre plus attrayant sa proposition, le monastère renonce à la perception du dixième pendant toute une décennie. Les moines pourront “potestatem habere supra easdem suprascriptas petias de terra et vinea et aqua superlabente vineas plantandi”, cultiver la terre et planter de la vigne, seminandi furmentum et pomerium, essentiellement quidquid placuerit.

Tommaso, cependant, doit encore s’efforcer de construire extra circuitum ecclesie des maisons qui pourraient faire la clôture d’un monastère.

Il serait donc possible d’en déduire que la fondation du monastère de Sant’Antonio di Torcello remonte au XIIIe siècle.

La fondation de l’institut religieux par le nouveau moine est certifiée plus tard, en 1217, deux ans plus tard, dans un parchemin rédigé dans le monastère de san Zaccaria, dans lequel Pietro Lombardo attestera la réclamation devant le tribunal par Angelo Orio contre le même Tommaseo, appelé prior Sancti Antonii de Littore, ou prieur de Sant’Antonio del Litorale, confirmant ainsi l’existence d’un complexe monastique dirigé par le moine Tommaseo.

Cependant, en 1222, Tommaseo n’avait réussi à occuper qu’une partie seulement du terrain concédé par le monastère de San Giorgio. Il fut donc contraint d’accorder le reliquat des biens à un certain Marco Ferraguto, clui donnant “totam illam terram que appellatur vinea Beta, et totum litus a portu murianensi usque ad portum de Torcello”, avec l’obligation de “incolumen lucere ipsam terram que bona fuerit pro ipso opere, et vineas et orto ibidem”.

La survie du monastère est encore certifiée en 1225, dans un document dans lequel l’évêque de Torcello, Stefano Natale, donne l’église dà Cristoforo, prêtre et prieur de Saint-Antoine, et selon la volonté du doge Pietro Ziani en 1228, lègue au monastère la somme de dix livres.

Isola di Sant'Antonio

Selon les nouvelles de Flaminio Corner, à la mort de ce prêtre, le monastère de Saint-Antoine a été donnée aux religieuses de Saint-Cyprien de Mestre, en 1246, l’année où la propriété passa sous la juridiction de Santa Maria e Donato de Murano. Sous la conduite de l’abbesse Oliva, les religieuses, poussées par la crainte de la guerre, trouvèrent un bâtiment en bois en complète désuétude et, entreprirent la construction d’un ensemble monastique, auquel elles donnèrent le nom de Saint Antoine Hermite. Elles devaient faire présent de deux phioles de vin à leur évêque, chaque année, et l’inviter tous les trois ans à le fête solennelle de leur saint patron. Lors du déplacement annuel de l’évêque à Grado, elles étaient obligées de lui donner, hiuit sols, une natte pour son usage pendant le route, et 15 oboles pour la Marciatica. En raison de leur situation difficile, elles ont obtenu, au quinzième siècle une exemption de la dixième. En 1330, l’évêque de Torcello, avec le consentement du patriarche, leur autorisa de construire un pont reliant le monastère à l’île voisine de Torcello.

L’église était très bien ornée, avec des peintures de maîtres célèbres. Matteo Ponzon y avait fait une Sainte Perande. Il y avait des oeuvres de l’école du Bonifacio, de l’Aliense… mais les œuvres les plus estimables étaient de Paolo Veronese qui y avait beaucoup travaillé. Il avait peint le tableau du maître autel, les deux prophètes de chaque côté de l’autel, ainsi qu’un admirable orgue, entièrement peint. Sur la façade gauche de l’église, dix cadres représentant la vie de Sta. Catarina étaient aussi de sa facture.

Les sœurs bénédictines, conservaient, comme trésor, un des clous avec lequel Jésus Christ avait été crucifié, et le corps de Sainte Christine, vierge et martyre, qui provenait du monastère de S. Marco d’Amiano, d’où il fut enlevé en 1432.

En 1432, l’église et le monastère font l’objet d’une restauration à l’occasion du transfert des religieuses de Santi Marco e Cristina di Ammiana ; l’institution survivra jusqu’à sa suppression en 1806, l’année où les religieuses rejoignent celles de San Matteo di Murano.

Après l’abandon et le pillage par les français, les bâtiments seront démolis.

Vous pourrez approfondi ce sujet avec cette source :

P. Sfameni, Il monastero di Sant’Antonio di Torcello. Nuovi elementi per lo studio della sua origine, Archivio Veneto, V (2007).

Carte de Torcello au XVIIème siècle

Chiesa Santa Fosca de Torcello

C’est une église octogonale, surmontée d’un dôme. Elle  est d’une grande simplicité de formes et a un aspect très harmonieux. Elle est entourée d’un portique reposant sur des colonnes vénéto-byzantines, la reliant à la basilique Santa Maria Assunta.

Chiesa Santa Fosca, Torcello

L’église Santa Fosca est une belle église du XIIème siècle, construite pour accueillir les reliques de Sainte Fosca, vierge et martyre, et de Sainte Maure, dont les restes ont été amenés de l’oasis de Sabratha en Libye Tripolitaine en 1011.

Ce sont les chats de Torcello qui nous ont raconté cette histoire…

Chiesa Santa Fosca, Torcello

Fosca, est née dans ‘une famille païenne de Ravenne, et, vers l’âge de quinze, elle voulut à tout prix de devenir chrétienne.

Elle a parlé de son désir à sa nourrice, Maura, ensemble elles sont allés voir le prêtre Ermolao qui instruites et baptisées.

Siroi, le père, contrairement à ce choix, a dénoncé sa propre fille auprès du préfet Quinziano, mais les gens d’arme au moment de l’arrestation, reculèrent effrayé par le fait que ils l’ont trouvée en compagnie d’un ange.

Fosca et Maura, ne s’enfuirent pas. Assumant leur noble choix, sans peur de proclamer leur foi au monde entier. Elles se sont présentées spontanément devant le préfet Quinziano, qui, sans scrupules, les a arrêtées, jugées, cruellement torturées et finalement fait décapiter le 13 Février.

Leurs corps ont été jetés à la mer mais, des marins les ont récupérés et transportés à Tripoli, où ils ont étés enterrés dans des grottes à Sabratha.

C’est là, que, quelques années plus tard, un chrétien nommé Vitale, par inspiration divine les a retrouvées. Il a rapporté des reliques en Italie, sur l’île de Torcello, dans la lagune de Venise, où il a construit une église en l’honneur des deux saintes.

Chiesa Santa Fosca, Torcello

Une église, possédant déjà le nom actuel, existe sur le site dans la première moitié du IXe siècle. Elle est citée dans les avantages accordés par l’Empereur Louis le Pieux à la basilique San Zeno de Vérone. Vers l’an 1000, l’édifice est peut-être concerné par la campagne de construction entreprise par l’évêque de Torcello, Orso Orseolo, pour la reconstruction du complexe de la cathédrale.

L’aspect originel de l’édifice n’est pas connu, mais il est probable qu’il s’agit alors d’un martyrium, sanctuaire abritant les restes de martyrs. L’église prend sa forme actuelle entre le XIème et le XIIème siècle quand elle reconstruite pour accueillir les reliques de Sainte Fosca et de Sainte Maure provenant de Sabratha.

Santa Fosca fait partie du complexe de la cathédrale Santa Maria Assunta, dont elle est adjacente. De style vénéto-byzantin, elle possède une forme octogonale, surmonté en son milieu par un dôme circulaire.

Santa Fosca est entouré sur cinq côtés par un portique, dont les arcs surhaussés reposent sur des colonnes à chapiteaux vénéto-byzantins. Elle est également reliée à la cathédrale Santa Maria Assunta par un autre portique.

Le plan intérieur de Santa Fosca prend la forme d’une croix grecque, avec trois nefs et absides. L’ensemble est surmonté d’un dôme circulaire. Le chevet est entouré de colonnes de marbre.

Plan de l'église Santa Fosca

Le mythe de la ville antique

Nous vous avons conté la légende de la ville engloutie que nous ont répété les chats de Torcello. Souvenez-vous, il prétendent que, sous la lagune près de Torcello, est l’ancienne Atlantide.

Les chats de l'Office de Tourisme de Torcello

Simple légende ?

Fantasmes de nos amis félins pour faire rêver les touristes ?

Giustina Renier Michiel, historienne vénitienne appartenant aux riches familles de Venise, adressa à Chateaubriand cette réponse : « Vous nous imputez comme un défaut de manquer d’antiquités romaines. Nous sommes bien loin d’en rougir. Ce ne sont pas les richesses empruntées, ce sont les propres qui honorent une ville. A Venise, tout est vénitien… » (Riposta alla lettera, op. cit. p. 18)

« A Venise, tout est vénitien », tout est dit !

C’est ainsi que s’est construite la légende de Venise dont la noblesse a volontairement occulté toute l’histoire de ces contrées avant la prétendue venue des vénètes dans une lagune désertique et inhospitalière.

Pourtant, depuis la nuit des temps, Torcello détenait un redoutable secret.

villae

La Venetia antique, telle que Pline la décrit, et qui équivaut à l’actuel bassin lagunaire était une plaine, des stagna, que l’eau ne recouvrait que périodiquement, lors des innondations des fleuves, et, très rarement, durant les grandes marées. La plus grande partie du territoire autour de Turricelum est définie comme un vaste ager : des terres cultivées.

La via Annia, voie romaine passait à seulement trois kilomètres de là. Mazzorbo, Burano et Torcello étaient de simples faubourgs de la grande ville romaine Ammiana (Torceli, Amianae et Buriani du Pactum Lotharii de 840 par l’empereur Lothaire Ier). Les fouilles entreprises dans ce secteur de la lagune ont effectivement révélées des villae, pierres, marbres, mosaïques, monnaies, objets divers prouvent que, sur les rives du Sile, une civilisation s’était établie depuis l’Antiquité.

Une ville, importante existait donc dans ce qui était alors une vaste plaine. Une ville avec un port, comme celle dont on peut encore voir les vestiges à une centaine de kilomètre plus à l’est, à Aquilea.

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Aquilea - vestiges romains

Puis, en dépit du désordre hydrographique que provoquèrent les « déluges » du VIIème siècle, malgré les premières aque alte d’exception du VIIIème siècle, le bassin lagunaire n’aurait toujours pas été formé à la fin de ce siècle où terres agricoles, eaux et marais formaient encore un paysage instable.

Le détournement du Piave, qui autrefois confluait avec la Sile, ajouté à une période de fort eustacisme (forte montée du niveau marin) auraient conduit à la disparition quasi complète de la ville entre les XI et XIIème siècles. A cette époque, les vénètes étaient déjà installés dans la région, et ne pouvaient ignorer l’existence de la ville disparue.

A cette disparition due aux forces de la nature, les marchands installés à Rialto ont donc substitué une disparition politique : une réécriture de l’Histoire pour faire disparaître dans les mémoires cette civilisation aboutie qui avait précédée la leur.

Les recherches archéologiques menées dans cette région, apportent chaque fois un peu plus la preuve de l’existence d’une citée engloutie, et donc, par conséquent, du mensonge vénitien, tant de la part de son église que de ses notables, sur les origines de la civilisation dans les lagunes.

En complément, nos lectrices et lecteurs pourront poursuivre cette découverte des origines romaines de Venise, en lisant (en italien) Le origini romane di Venezia de Giuseppe Marzemin, ainsi que ce site qui lui est consacré entièrement : Questo sito è dedicato a Giuseppe Marzemin

La ville engloutie dans la lagune de Venise

Un des "Dingo" de Torcello

Si vous saviez combien d’histoires les chats de Torcello ont à nous raconter !

Une des histoires les plus surprenantes, peut-être, est leur théorie de la ville engloutie dans le fond de la lagune vénitienne. Selon les chats de Torcello, sous la lagune, repose la mythique Atlantide.

La preuve, ils vous la montreront volontiers, sur un mur au fond de la grande place, derrière le trône d’Attila.

Lapidarium de Torcello

tondo

Cette pierre sculptée représente une sorte de tour, de 30 centimètres de diamètre. Quand ils nous l’ont fait remarquer, la première fois, nous ne pouvions pas en croire nos yeux !

Une des tours de l’Atlantide, au moins celle décrite par Hérodote et Platon.

Venise archaïque ? Oui, bien sûr !
Parcourons la lagune, dans une brève excursion toponymique : Burano a une origine iranienne et signifie Eufrate ; Sile est le nom d’un fleuve égyptien ; Mendìgola signifie bateau et se réfère à Minos. Et d’autres noms que nous sommes habitués à utiliser familièrement Medoaco, Mandracchio, etc.

Il semble qu’il y ait eu une émigration depuis les îles de la mer Egée et les Cyclades en particulier, qui faisaient partie de la Crète, vers la lagune vénitienne environ 2000 avant JC. Ces personnes ont immigré en masse, se sont organisée en clans ou en petites tribus. Ainsi, il est facile de voir comment chaque clan occupe sa propre île, et construit – selon les besoins communs de ces gens – d’abord la résidence royale, puis les habitations du clan, puis la tour de la prière.

Les Minoens étaient des gens très riches (ils étaient propriétaires de mines d’or). Ils apporté leurs trésors des lagunes, comme un lien avec la mère patrie. Non seulement ils ont conservé des relations affectives, mais aussi commerciales. Ils ont été capables de construire ici avec beaucoup de matières précieuses comme le lapis-lazuli, les métaux, etc.
La finesse des œuvres n’exclut pas que des loupes étaient utilisées pour travailler plus en détail.
Mais à une époque imprécise, un phénomène marin de portée énorme aurait mis en péril l’existence de ce peuple. On parle d’un raz de marée de pas moins de six mètres de haut en moyenne.
La boue et l’argile ont tout recouvert. Les murs, à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, ont été fissurés, couvrant les sculptures, les gravures, les fresque et les mosaïques.
La boue et d’argile ont profondément pénétré les murs, pour de nombreux siècles. La richissime cité à sombré dans les flots, perpétuée encore de nos jours par la légende de Venise à nouveau engloutie, comme la grande cité archaïque.

Parfois on exhume des profondeur des eaux des merveilles sculptées, vestiges d’une cité disparue, même dans la mémoire des hommes, suite à deux mille ans de persécutions par l’église catholique, qui a voulu effacer ce mythe.

Très peu de gens savent la signification du nom de Venise : du latin veni etiam (le retour), signe que les premiers habitants de la lagune espéraient, un jour, rentrer chez eux, dans leur pays.

Les amants de la lagune de Venise

Lucio et Clementina

Parmi les rares habitants de Torcello, dans ce lieu suspendu entre l’eau et le ciel, propice à la création artistique et à la poésie, vécurent face aux barene de la Palude della Rosa, des années 50 aux années 80, deux artistes dont la maison fut surnommée : la Maison des Amants de la Lagune de Venise.

Clementina De Luca et Lucio Andrich se sont connu à l’académie des beaux arts de Venise quand ils y étaient tous les deux étudiants.

Ils s’installèrent tout d’abord dans la Casa dei Borgognoni dont nous vous avons parlé il y a quelques jours, ils y ont vécu ici une histoire d’amour tourmentée.

Lucio Andrich pendant les travaux de rénovation d’une salle de la sacristie à retrouvé une cheminée murée.  A l’intérieur il y avait une bouteille, avec un parchemin enroulé à l’intérieur. Clementina à traduit le texte en Latin qui racontait comment un vieux moine alors qu’il allumait la cheminée un matin à explosé car il n’avait pas senti l’odeur du gaz naturel que les moines exploitaient, avec une série d’alambics. Encore aujourd’hui on peut voir et sentir sur la fondamenta les bulles de gaz qui remonte dans le canal dei Borgognoni. Puis, ils ont été expulsé de la sacristie dei Borgognoni car l’architecte Tagliapietra voulait la maison.

Casa d'artista Lucio Andrich

C’est ainsi qu’ils sont venus vivre sur cette partie d’île de Torcello face au Marais de La Rose qui est considérée la partie la plus belle de Torcello et de la lagune Nord.

Lucio Andrich a été le dernier professeur de Mosaïque à l’académie des beaux arts de Venise puis la chaire de mosaïques a été supprimée.

Lucio Andrich brillant artiste, redécouvert récemment avec une magnifique exposition sur l’île de Saint Erasmo, a aimé et vécu avec Clémentina, une belle femme blonde. Elle restait assise sur un banc de pierre, pour y broder des  magnifiques tapisseries.

Après la mort subite de l’éthérée Clementina, Lucio quitta la maison pour aller, non loin de là dans une maison de pêcheurs, face aux marais de la rose.

Casa d'artista Lucio Andrich

Désormais, c’est le neveu du peintre, Paolo Andrich, qui a hérité de la maison à sa mort. Il a entièrement restaurée et cultive les 10.000 mètres de jardin, où il fait pousser, entre autres, de délicieux artichauts. Avec l’allemand Heiko Plottke, il y organisent des séminaires de cuisine, où chacun peut utiliser les produits les plus sains du jardin et de la lagune.

Casa d'artista Lucio Andrich

La collection d’œuvres d’arts de Lucio Andrich et de Clementina De Luca est composée de plus de 2.000 pièces. Paolo Andrich attend, depuis 20 mois, l’autorisation de la mairie de Venise de rénover une partie de la dépendance de la maison d’artiste Andrich pour pouvoir y exposer les œuvres qui ont été produites dans ce lieu. Malheureusement le sablier de l’administration vénitienne passe le temps avec une lenteur légendaire…

Casa Andrich est pleine d’art et d’une atmosphère très particulière, ainsi que le vaste jardin qui l’entoure, sur réservation elle peut se visiter.

Casa d'artista Lucio Andrich

La maison est également un B&B délicieux havre de paix dans une ambiance culturelle, entourée des œuvres d’art, et où, comme Ernest Hemingway ou Erza Pround vous pouvez vous ressourcer dans un oasis naturelle.

Nous vous le répétons, la visite de la maison peut se faire, sur rendez-vous uniquement (voir ci-dessous).

Pour vous rendre à la maison d’artiste Andrich, suivez le chemin principal de Torcello, depuis la fermata de vaporetto en direction du pont du Diable et de la cathédrale. Puis, prenez le premier chemin à gauche et suivez les indications. En cas d’hésitation, n’hésitez pas à demander aux chats, ils vous mèneront à l’endroit directement.

Torcello et le Marais de La Rose

Nous remercions Paolo Andrich et Heiko Plottke pour l’aide qu’ils ont apportée à la réalisation de cet article.

L’arte della cucina in Laguna di Venezia
Casa d’artista Lucio Andrich
Società agricola Andrich Paolo Plottke Heiko s.s.
P.Iva 03960480279
Isola di Torcello 4/L – Venezia tel. +39 041.735542

Dott. Paolo Andrich Urbanista – Pianificatore territoriale
Dr. Heiko Plottke Foodstylist Designer

http://foodanddesign.it/

La Casa dei Borgognoni

Casa dei Borgognoni Torcello

Quand vous quittez le vaporetto en arrivant à Torcello, sur votre gauche, vous verrez une vieille maison, la Casa dei Borgognoni (la maison des Bourguignons), qui était autrefois la sacristie d’une vieille église.

Les gens qui y vivaient au début du siècle dernier quelques années prétendaient entendre les pas et la respiration de l’âme d’un moine, qui y mourut au XVIIème siècle, coincé dans une cheminée par une explosion.

Aujourd’hui, cette vieille bâtisse qui a souffert d’une restauration inadaptée est à vendre une petite fortune.

Retournons donc bien avant l’an 1190…

Carte du XVIIe siècle Torcello où vous avez marqué l'abbaye de Saint-Thomas des Bourguignons.

À l’époque romaine, Torcello est probablement un lieu de villégiature de la noblesse d’Altinum, dont l’île emprunta le nom de Turricellum à une de ses portes.

Au Xème siècle, Torcello compte 10 000 habitants, pas moins de dix églises et plusieurs couvents. Important comptoir commercial, Torcello est l’île la plus puissante et la plus riche de la lagune.

Lagune de Torcello

L’abbazia di San Tommaso plus communément appelés les Bourguignons, était un de ces complexes religieux aujourd’hui disparu.

A la fin du XIIe siècle le curé Rodolfo et le patricien Marco Trevisan, appelé « il Grande » décidèrent de confier le lieu à une congrégation religieuse. On construisit le monastère avec les offrandes de la noblesse, et, en 1190 , il fut occupé par les Augustins, mais ils ont laissé peu de temps après. Ensuite il fut transmis à un groupe de cisterciens originaire de Bourgogne, d’où le nom. En 1205 le complexe obtenu le titre d’abbaye.

St. Thomas est devenu l’un des monastères les plus riches et les plus célèbres de l’estuaire, tant pour son patrimoine que pour la gloire de ses moines.

Casa dei Borgognoni Torcello

A la fin du XIVème siècle il y eut un différend entre les Cisterciens et la famille Trevisan , qui a réclamé le patronage de l’abbaye, le litige a été résolu en faveur des nobles et depuis lors, ceux-ci pourraient élire le prieur, qui, depuis 1544 a toujours été un membre de la famille Trevisan.

San Tommaso a connu par la suite une période de turbulences et de crises. En 1593 l’abbé Stepfano souhaitat transférer les moines dans un nouveau monastère construit dans Venise, dans la paroisse de Santa Margerita . Toutefois, le projet ne se réalisa pas et ce n’est qu’en 1669 que les moines s’installent à la Madonna dell’Orto.

07

Le monastère fut victime des démolitions napoléoniennes du début du XIXème siècle.

Il ne reste de ce vaste complexe et de l’église de San Tommaso dei Borgognoni que les colonnes, qui aujourd’hui, font partie du portail de San Giovanni et Paolo à Venise.

Il ne restait à Torcello que la sacristie, appelée depuis la Maison des Bourguignons.

Casa dei Borgognoni Torcello

Dans les années 60, Lucio Andrich pendant les travaux de rénovation d’une salle de la sacristie à retrouvé une cheminée murée.  A l’intérieur il y avait une bouteille, avec un parchemin enroulé à l’intérieur. Clementina à traduit le texte en Latin qui racontait comment un vieux moine alors qu’il allumait la cheminée un matin à explosé car il n’avait pas senti l’odeur du gaz naturel que les moines exploitaient, avec une série d’alambics. Encore aujourd’hui on peut voir et sentir sur la fondamenta les bulles de gaz qui remonte dans le canal dei Borgognoni.

Casa dei Borgognoni Torcello

Puis, ils ont été expulsé de la sacristie dei Borgognoni car l’architecte Tagliapietra voulait la maison.

Aujourd’hui la casa dei Borgognoni à perdu sont charme car l’ancien propriétaire l’architecte Tagliapietra y a fait des travaux qui ont dénaturé l’édifice, et ensuite il a vendu la maison pour 280.000 €uro à l’architecte Scalari. Ce dernier qui la revend dix ans plus tard, sans y avoir fait quoi que ce soit, pour la modeste somme de 1.500.000 €uro
Casa dei Borgognoni Torcello

Le fantôme de Torcello

Aujourd’hui, Torcello est pratiquement inhabitée : quatorze personnes qui vivent encore. En un mot, il s’agit d’une île presque déserte, calme, très calme.

Vos meilleurs guides à Torcello restent les chats, encore faut-il savoir les écouter… après nous avoir conté la véritable histoire puis la légende du Ponte del Diavolo, notre premier guide nous a mené en face de la Locanda Cipriani (où Ernest Hemingway aimait retrouver son ami avant une partie de chasse dans les marais). Trois des amis de notre compagnon félin logent là, et ils nous attendaient se chauffant au doux soleil d’hiver.

les chats guides touristiques de Torcello

Pendant que nous mangions, ils nous ont entouré, et contre quelques petits cadeaux, ils nous ont raconté de bien curieuses histoires.

Pour éviter que les rares touristes surprennent notre étrange manège, l’un montait la garde, et les deux autres nous racontaient…

les chats guides touristiques de Torcello

Ce silence grand silence qui nous entoure est presque contre nature, mais je vais vous dire, car c’est dans mon ADN, qu’il existe bel et bien un côté beaucoup plus « sombre » de l’île.

Lorsque vous descendez du bateau, ne suivez pas la foule de touristes, qui, comme un troupeau de moutons part toujours dans la même direction, celle qui semble unique, vers la droite où il y a des églises et la vieille ville. Restez plus longtemps sur ce quai, respirant profondément l’air salin de la lagune. Regarder le paysage. Admirez les couleurs des contours de l’eau et l’île en face de vous. Continuez vers la gauche, le long du canal de façon à atteindre un petit groupe de maisons.

Là, existait autrefois, du moins jusqu’à l’époque de la suppression napoléonienne, le couvent et l’église de Saint-Thomas des Bourguignons qui se trouvait autrefois sur une île séparée, par la suite rattachée à Torcello.

les chats guides touristiques de Torcello

Une de ces bâtisses est réputée hantée, et malheur à celui qui l’achètera, puisqu’elle est aujourd’hui en vente.

Des témoins nous ont rapporté les faits suivants :
Pendant la nuit, on entends de la musique ancienne qui semble provenir d’une pièce spécifique de la maison qui est une ancienne sacristie.
D’autres soutiennent également que, inexplicablement, leur montre s’est arrêtée tout le temps de leur séjour sur l’île, et que l’instrument est reparti tout seul, une fois le voyageur à bord du bateau, après avoir quitté Torcello.
On dit aussi qu’un groupe d’amis avait voulu passer une nuit dans un bateau amarré sur la rive de la fondamenta, devant l’ancien couvent. Pendant la nuit, aucun des occupants du bateau n’avait pu dormir. Constamment, ils avaient entendu des pas, comme si quelqu’un montait à bord, puis revenait à terre. Ils avaient beau scruter l’obscurité, il ne virent aucun mouvement. pourtant, ils avaient entendu un bruit de sandales, comme celles que portent les moines.
Il y a aussi un témoignage encore plus impressionnant. Dans l’une des maisons qui sont situées à la place de l’ancien couvent, dans la nuit du 2 Novembre, une famille était à table, comme d’habitude. Soudain, sans que personne n’ait fait le moindre mouvement, une théière qui était sur ​​la table est tombée au sol, où elle s’est brisée en morceaux.
Rien d’étrange, pourrait-on dire : la théière, à l’automne, a traversé la table sur toute la largeur, puis elle est tombée au sol dans la direction opposée à celle dans laquelle elle se trouvait.
Dans le but de ramasser les morceaux, la maitresse de maison à tendu la main vers les morceaux de la théière, les polis se dressèrent sur ​​l’avant-bras comme si quand on est en présence d’électricité statique, puis ils sont revenus à leur position normale une fois le bras retiré.

Tout le monde sait qu’une telle chose est impossible, car le verre n’est pas un conducteur de l’électricité statique.

Et par-dessus tout, qui est ce moine vêtu de brun, mince et sec comme un clou, qui peut encore être vu marchant sur ​​le rivage de Torcello, alors que plus aucun religieux ne vit sur cette île ?

Le moine de Torcello

De nos jours, alors que vous vous approchez du rivage, en regardant la lagune, vous pourrez voir des bulles qui viennent éclater, régulièrement à la surface de l’eau.

Il s’agit d’un mélange d’air et de méthane.

Ce gaz est produit par la fermentation des matières végétales mélangées aux sédiments qui viennent s’accumuler ici, portés par les courants naturels de la lagune et les rivières, comme l’Osellino, dont nous vous avons déjà parlé.

Cette méthanisation est un phénomène naturel, lié à la fermentation en milieu pauvre en oxygène.

Les fonds marins autour de Torcello sont donc un véritable réservoir de ce gaz naturel, inexploité de nos jours (alors qu’on parle sans cesse d’énergies renouvelables). Mais il semble qu’à une époque plus reculée, vers de XVIème siècle, ces moines cisterciens, venus de Bourgogne avaient inventé une méthode efficace pour exploiter ce gisement de gaz.

Il est dit que dans le passé ce gaz était recueilli à l’aide d’un système complexe de tubes et des cloches de verre.

A l’emplacement exact où sont aujourd’hui les maisons que nous avons mentionné plus tôt, il y avait la sacristie de l’église Saint-Thomas, qui reste de nos jour connue comme « La Casa dei Borgognoni. » Entre les XVIème et XVIIème siècles, un moine cistercien y vivait, dont le nom est malheureusement entouré de mystère. Comme un alchimiste qui procédait à des expériences chimiques, il avait transformé la bâtisse en laboratoire et travaillé à la la collecte des gaz, et l’étude des phénomènes liés à ce bouillonnement de bulles venues du fond des eaux.

Un jour, un terrible accident s’est produit. Alors qu’au début de l’hiver il voulait allumer le feu dans une cheminée, il n’a pas prêté attention à une odeur suspecte qui aurait pu lui indiquer la présence de gaz. Il se dit que l’énorme explosion n’a propulsé le pauvre frère comme une balle sur le toit de la sacristie, le tuant instantanément. Mais comme cela arrive souvent, les gens prétendent que le moine a continué à vivre dans le lieu où il est mort.

La légende du Ponte del Diavolo.

la leggenda del Ponte del Diavolo

Il y a quelques jours, nous vous avons raconté la véritable histoire du Pont du Diable, telle qu’elle nous à été raconté par un chat autochtone. Mais son histoire ne s’arrêtait pas là…  il existe d’autres histoires à propos de ce pont.

Voilà une autres des histoires que nous a racontées ce chat de Torcello :

Pendant l’occupation autrichienne, une jeune vénitienne est tombée amoureuse d’un officier de l’armée austro-hongroise.

Sa famille s’est immédiatement opposée à cette liaison, et a tout fait pour y mettre un terme au plus vite. On éloigna la jeune fille de Venise, mais elle trouva un moyen de rencontrer secrètement son bel amoureux.

Mais un jour, je jeune officier ne s’est pas présenté au rendez-vous. La jeune fille a attendu, en vain… quelques jours plus tard, elle apprit qu’il avait été assassiné, et qu’on n’avait pas retrouvé son meurtrier. Elle s’enferma dans sa chambre et a refusé d’en sortir, déprima, et refusa de s’alimenter, restant alitée et pleurant toutes les larmes de son corps.

La famille, qui était très connue dans la lagune, en deuil, a réalisé l’erreur qu’ils avaient faite, cependant, on ne pouvait plus y remédier. Un vieil ami se prit de pitié pour cette jeune fille qui se laissait ainsi dépérir. Il vint lui promettre qu’il ferait tout, tout ce qu’il est possible de faire, pour retrouver son amoureux… et il alla trouver une befana, ces vieilles sorcières de la lagune, et lui demanda d’évoquer un de ces démons mineurs, qui, sous leur langue, cachent trois clefs, capables d’ouvrir les portes du temps.

La jeune fille courut rencontrer la sorcière, et la vieille femme était très heureuse de l’aider. La sorcière fit un pacte avec le diable : le jeune officier serait été ramené à la vie en échange de l’âme de sept enfants tous morts prématurément, non baptisés.
La jeune fille était si désespérée qu’elle accepta sans réfléchir. Le contrat fut signé.

Il n’y avait plus qu’à choisir l’endroit où l’échange aurait lieu : le diable lui proposa le pont de Torcello, isolé et assez caché et, surtout, sans église voisine. La sorcière dit que le jeune fille devrait venir la voir le soir du 24 décembre, à un moment où tout le monde pensait à se réjouir et oubliait les démons de la lagune.

Cette nuit là, dans le silence, une gondole amena le jeune fille et le vieil homme dans l’obscurité. La sorcière les attendait. Elle donna une bougie allumée à la jeune fille, et lui recommanda de ne jamais avoir peur et de suivre sans crainte ses instructions. Elle fit monter la jeune fille sur le pont, puis invoqua les démons.

Le diable est apparu en noir gigantesque en face d’elle. Sans rien dire, le diable a décollé de sous sa langue une petite clé d’or, pris en échange de la monnaie d’or de la jeune fille, et cracha la clé d’or dans l’eau, où l’ombre du pont se reflète dans le clair de lune.

Dès que la clé a frappé l’eau, de l’autre côté du pont est apparu le jeune officier autrichien. La jeune fille traversa le pont, puis face à son amant, souffla la bougie et l’obscurité les a enveloppé pour les transporter dans un endroit hors du temps et de l’espace où ils peuvent vivre leur histoire d’amour sans être dérangés.

Mais le Diable voulait être payé. Sept jeunes âmes de bébés mort-nés et non baptisés, tel est le prix convenu pour les services rendus. Le Diable et la sorcière s’entendirent pour la livraison : elle aurait lieu dans la nuit du 31 Décembre, dans le voisinage de ce même pont.

La légende du Pont du diable

Le Diable et la sorcière ne savait pas, cependant, qu’ils étaient espionnés : accroupi derrière un buisson un jeune homme, voulait sauver la vie de sept enfants. Il a décidé de tuer la sorcière. Il a suivi jusqu’à sa maison, et quand il était tout à fait sûr que la sorcière s’était endormie, il mit le feu à la cabane de bois et de paille.

Dans la cabane la sorcière à été réduite à un tas de cendres.

Le Diable, cependant n’a jamais rien su de la mort de sa dévote. Le 31 Décembre, il est allé au pont de Torcello, comme convenu, et attendu en vain son chargement d’âmes chrétiennes.

Depuis lors, chaque fin d’année, un chat noir se promène près du pont, en attendant que la vieille sorcière vienne lui porter les sept âmes d’enfants chrétiens comme promis … mais personne n’est jamais venu, et tapis dans les fourrés alentours, les chats de Torcello veillent à ce que le Diable reparte bien bredouille.

Mais, ce n’est pas tout, dit notre guide félin. Suivez-moi, je vous emmène voir des amies qui vous vous conter l’histoire du fantôme de Torcello

Les légendes de Torcello

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