Nombreuses et nombreux, sont nos lectrices et lecteurs à nous avoir questionnés après la publication d’un tableau représentant Madame de Maintenon en « Diane« … voici donc, le récit complet des évènements que nous pouvons lier à ce tableau, dont nous vous donnons, ci-dessous, une autre représentation de meilleure définition.
Louis de Mornay (1619-1691), était marquis de Villarceaux et Capitaine-Lieutenant des Chevaux-Légers de Monseigneur le Dauphin, futur Louis XIV.
Il rencontre Anne Lenclos surnommée Ninon de Lenclos, la belle qui collectionne les amants comme certains collectionnent les plaques de Champagne. Célèbre par sa beauté et par son esprit, Ninon de Lenclos, a vécu au carrefour de tous les courants libertins du XVIIème siècle. On ne compte plus ceux qui se sont glissés dans son lit : elle fut d’ailleurs surnommée « Notre Dame des Amours ». Elle décide très jeune de vivre indépendante ; ses liaisons amoureuses sont nombreuses et éphémères : une nuit ou trois mois, les hommes ne restent jamais longtemps auprès d’elle, un mois tout au plus. Le jour de ses 70 ans, Ninon coucha avec l’abbé Nicolas Gédoyn. Saint-Simon a dressé d’elle ce portrait lapidaire : « désintéressée, fidèle, secrète, sûre au dernier point« .
Avec Louis de Mornay, qui l’installe à Chaussy, dans son manoir, la passion durera trois ans (un record) et un fils naît de leurs amours : Louis, Chevalier de la Boissière qui sera officier dans la Marine royale. Il mourra à près de 80 ans.
Ninon rencontre Françoise d’Aubigné, alors âgée d’à peine 16 ans.
Françoise d’Aubigné (petite fille du poète Agrippa d’Aubigné) naît le 28 novembre 1635, à la prison de Niort, où son père est détenu. Recueillie par sa tante paternelle protestante, Madame de Villette, elle est élevée avec tendresse au château de Murçay près de Niort.
Son père est libéré vers 1645 et emmène sa famille en Martinique où il développe une fortune considérable aussitôt perdue au jeu.
Madame d’Aubigné et ses enfants reviennent en France sans ressources.
Ninon de l’Enclos et Françoise d’Aubigné deviennent amies (voire plus) et Ninon apprend l’art de l’amour à sa protégée qui épousera plus tard Scarron. Ninon invite Françoise à la rejoindre à Villarceaux. Louis de Mornay n’est pas insensible au charme de Mademoiselle d’Aubigné.
Alors que la relation avec Ninon bat de l’aile, Louis de Mornay prend pour maîtresse une Duchesse plutôt âgée. Ninon, sachant que le Marquis espère bien ajouter la jeune Françoise Scarron à son tableau de chasse… elle écrit à la Duchesse :
« Non, madame, ce n’est pas moi qui ai la barbarie d’éloigner Villarceaux de vous, mais un ennemi mortel de l’amour, qui sert à-la-fois à le faire naître et à le détruire, et cet ennemi cruel c’est le temps. Sans doute il est affreux que n’ayant pas encore diminué vos charmes il ait le pouvoir de les faire oublier… «
Il est difficile de savoir si le Marquis est parvenu à ses fins avec Françoise. En lisant la correspondance que cette dernière échangea avec Ninon, chacun se fera son idée ; mais toujours est-il que Mornay peignit un tableau de Madame Scarron, en Diane, fort suggestif, loin des tableaux que nous connaissons de Madame de Maintenon. Si vous voulez voir ce tableau, rendez vous donc au Château de Villarceaux, dans le Val d’Oise, à 40 km de Paris.
Le village de Chaussy est l’un des plus remarquables du Vexin français, son nom vient des importantes carrières de calcaire situées sur la commune.
Le Domaine de Villarceaux, fut successivement un manoir « le Manoir de Trie » dont il reste des vestiges, puis le Manoir Renaissance, et enfin le château du XVIIIème siècle.
Quand à Françoise d’Aubigné elle fit la connaissance de Scarron, poète infirme, dont la compagnie et l’esprit sont prisés de la belle société. Il remarque les qualités de Françoise qui devient son élève prodigue.
On la désigna bientôt sous le nom de Belle Indienne en référence à son voyage et au récit qu’elle en fit. A 17 ans, orpheline, sans famille et sans biens, elle doit choisir entre l’entrée dans les ordres ou le mariage avec Paul Scarron, de 22 ans son aîné. Elle choisit le mariage. Ce dernier expire huit ans plus tard, en 1660 en la laissant dans la détresse. Femme d’esprit séduisante, vertueuse et inaccessible, elle trouve appui et réconfort au sein de la bonne société que fréquentait le poète défunt, demeurant à « l’hôtel de l’impécuniosité », nom donné par Paul Scarron à leur domicile parisien.
En 1669, Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, entre « au service de Madame de Montespan », favorite de Louis XIV, en tant que gouvernante de leurs enfants illégitimes. Elle vit à l’écart de la Cour et des regards indiscrets. En 1673, les bâtards sont légitimés, Madame Scarron s’installe alors à la Cour. Le 27 décembre 1674, suite à d’importantes gratifications pécuniaires du roi pour ses services, Madame Scarron achète la seigneurie de Maintenon et devient un an plus tard Madame de Maintenon. En 1680, elle est nommée dame d’atour de la dauphine. Elle entre progressivement dans l’intimité et le cœur du roi et renonce à un exil en ses terres.
En octobre 1683, quelques mois après la mort de la reine Marie-Thérèse d’Autriche, Madame de Maintenon épouse en secret Louis XIV. En 1698, sans descendance, elle lègue le domaine de Maintenon à sa nièce Françoise Amable d’Aubigné en vue de son mariage avec le maréchal Adrien-Maurice duc d’Ayen, puis duc de Noailles. En 1715, à la mort du roi, elle se retire à la Maison Royale de Saint Louis à Saint-Cyr, pensionnat pour jeunes filles nobles et pauvres qu’elle a créé en 1685. Elle y décède en 1719 à l’âge de 84 ans.