Venise vu par Georges Corominas

Depuis la nuit des temps, la mystérieuse cité lagunaire a exercé son pouvoir sur les peintres du monde entier, plus ou moins célèbres, plus ou moins habiles et talentueux.

Les artistes contemporains n’échappent pas à cette magie…

Fils d’artiste peintre, Georges Corominas, peintre français, né en 1945 à Hussein Dey (Algérie), a fait ses études à l’École Nationale des Beaux-Arts d’Alger.
De retour en métropole en 1962, Corominas se fait remarquer par la précision de son trait, l’harmonie de ses couleurs.

C’est un peintre inspiré, au début de sa carrière, par les maîtres espagnols, Goya, Velasquez et Murillo, puis par Dali en développant des thèmes surréalistes dans de nombreuses œuvres.

Lauréat de prix prestigieux, résultats de participations aux grands salons nationaux et internationaux, ses toiles rencontrent un vif succès auprès des collectionneurs.

Son œuvre figure dans de nombreuses collections publiques et privées en France et en Europe,  dont le Consulat de la Cour Royale d’Espagne, le Musée du Vatican et à travers le monde : l’Ambassade du Maroc, le Japon, le Moyen-Orient et les États-Unis d’Amérique.

Allez visiter sa galerie virtuelle

Dionigio Valesi

The Grand Canal, Venice, with Palazzo Bembo and the church of S. Geremia by Francesco Guardi

En 2004, une exposition au Musée de l’Hermitage sur Venise et la vie vénitienne au XVIIIème siècle nous avait donné l’occasion de découvrir quelques artistes méconnus à côté des grands maîtres comme Luca Carlevaris (1665 – 1731), Antonio Canaletto (1697 – 1768), Antonio Visentini (1688 – 1782), Giambattista Brustolon (1712 – 1796) ou Michele Marieschi (1696 – 1743).

Le dessin, ci-dessus, Le grand canal de Venise, avec le palazzo Bembo et l’église de S. Geremia est de Francesco Guardi et fait désormais partie des collections du Fitzwilliam Museum.

Il était exposé à proximité d’une gravure de Dionigio Valesi portant le même titre :

Le grand canal de Venise et l'église de S. Geremia

Dionigio Valesi (né vers 1730, à Parme – mort vers 1780, à Venise) était un graveur actif à Vérone et Venise. Son travail comprenait des reproductions de tableaux de Véronèse, Francesco Guardi, Francesco Battaglioli et Pietro Antonio Rotari ainsi que de l’architecte Adriano Cristofali.  On lui doit également des illustrations de livres et des portraits de nobles vénitiens.

Volare Digital Capture

Andrea Calmo, à propos du Tintoret

« Les secrets d’un [artiste] sont infinis, et infinies les choses qu’il doit prendre en considération. C’est pourquoi il est téméraire de juger précipitamment ses actions, car bien souvent ce que tu crois qu’il fait pour un motif, il le fait pour un autre, et ce qui te semble fait au hasard ou imprudemment est fait à dessein et fort prudemment. »

François Guichardin – Ricordi (1530)

***

Voici une lettre pleine d’humour écrite par un ami d’enfance du Tintoret (1519-1594), Andrea Calmo (1510-1571), lui aussi fils de teinturier, qui devint l’un des plus grands comédiens de Venise au XVIème siècle.

« Au favori de la nature, mixture d’Esculape et fils adoptif d’Apelle,
Messire Jacopo Tintoretto, peintre.

Tel un grain de poivre qui recouvre, assomme et vaut l’arôme de dix bottes de pavots, c’est ainsi que vous êtes, vous qui êtes du même sang que les Muses. Bien que né depuis peu, vous êtes pourvu de beaucoup d’esprit et d’intelligence; votre barbe est peu fournie mais votre tête est bien pleine; votre corps est petit mais votre cour est grand, bien que jeune en âge vous êtes mûr en sagesse; et dans le peu de temps où vous avez été apprenti, vous avez appris davantage que cent qui sont nés maîtres. (…)

Parmi ceux qui chevauchent le Pégase de l’art moderne, il n’en est pas de plus habile que vous dans la représentation des gestes, attitudes, poses majestueuses, raccourcis, profils, ombres, lointains, perspectives. On peut bien dire, en somme, que si vous aviez autant de mains que de qualités de cour et d’esprit, il n’y aurait pas de chose que vous ne puissiez faire, aussi difficile fut-elle. Vous m’êtes bien cher, oh mon frère, je le jure par le sang des moustiques, car vous êtes ennemi de la paresse : vous passez votre vie partagé entre l’accroissement de votre gloire, la restauration de vos forces physiques et l’édification de votre esprit. Cela s’appelle travailler pour en tirer bénéfice et gloire, manger pour vivre et ne pas dépérir, et faire de la musique et chanter pour ne pas devenir fou comme certains qui s’adonnent tant à leur art qu’ils en perdent d’un coup la raison et leur tête. (…) »(1547)

Delle lettere di M. Andrea Calmo

Loin du peintre persécuté, solitaire et renfermé que certains nous ont décrit, on découvre, dans cette lettre joliment imagée de ce superbe écrivains (nous vous le ferons mieux découvrir, c’est promis), un homme qui aime les arts et qui dévore la vie en même temps qu’il construit sa gloire en travaillant son art.

Il aimait lire les philosophes, les satires de son temps, jouer de la musique, chanter avec art, et écrire quelques saynètes pour les compagnies della calza (troupes de comédiens aristocrates, reconnaissables à leurs pantalons multicolores).

Il semble que celui qui menait une vie saine et tempérée, ne négligeait pas les réjouissances du corps et de l’esprit.

Le petit teinturier

L’élève de Titien, Jacopo Robusti, dit Tintoretto (le petit teinturier) ne reste que peu de jours chez son maître, renvoyé ou parti à la requête d’autres sources ?

Le Tintoret, comme nous l’appelons en France, de son vrai nom Jacopo Comin, est né le 29 septembre 1518 à Venise, alors capitale de la République de Venise, où il est mort le 31 mai 1594. Il doit son surnom à son père, Battista Robusti, qui travaillait dans une teinturerie (tintorìa en italien).

Autoportrait

Selon les sources, on lit que le jeune Jacopo, entre très jeune dans l’atelier du Titien, et y serait resté entre dix jours, quelques mois ou sept ans.

Élève de Titien, il est réputé pour avoir dépassé son professeur dans la maîtrise des couleurs et des ombres, du rendu de la matière, s’inscrivant ainsi parmi les grands du style vénitien. Avant d’être admis à participer à une œuvre nouvelle, tout élève apprend le métier en copiant le travail du maître. Le garçon est-il trop impatient d’affirmer sa personnalité ? Ou bien le patron a-t-il surpris quelques dessins de lui et l’a-t-il renvoyé de crainte que de pareils débuts ne révèlent un concurrent potentiel ?

  La Cène (1594), San Giorgio Maggiore, Venise

Il avait une grande admiration pour Michel-Ange qui l’a influencé dans sa technique du dessin. Le Tintoret avait une passion pour les effets de lumière : il réalisait des statues de cire de ses modèles et expérimentait l’orientation des sources de lumière avant de les peindre. Michel-Ange deviendra pour lui, une bible « Il disegno di Michelangelo ed il colorito di Tiziano » (dessin de Michel-Ange, couleur de Titien) voilà, ce qu’il affiche dans son atelier.

En 1550, il épouse Faustina de Vescovi qui lui donnera de nombreux enfants. Trois d’entre eux, dont une fille, seront peintres.

Suzanne au bain

Son talent, sa magie sur les lumières, sont incomparables il est un peintre majeur du maniérisme de l’école vénitienne en 1564, il est nommé décorateur officiel de la la Scuola Grande di San Rocco.

C’est plus qu’une consécration, C’est l’honneur le plus grand qui pouvait lui être fait. Il offre, après cette nomination, soixante-cinq fresques qui rendent ce lieu unique au monde (nous vous en avons déjà parlé dans : A Venise, la Sixtine du Tintoret).

L’œuvre du Tintoret est immense. En plus des tableaux il a laissé de nombreux dessins préparatoires comme on peut le voir sur les reproductions ci-dessous, infime partie des collections du Musée du Louvre.

Etude d'après un moulage du groupe de Michel-Ange : Samson et les Philistins

Homme nu assis

Etude d'après un moulage de la sculpture de Michel-Ange dite 'le Jour'

Etude d'après un moulage de la sculpture de Michel-Ange dite 'le Jour'

Etude d'après un moulage de tête dite de Vitellius

Etude d'homme nu allongé et reprise du bras

Etude d'après un moulage du groupe de Michel-Ange : Samson et les Philistins

A Venise, la Sixtine du Tintoret

Scuola Grande di San Rocco

La Scuola Grande di San Rocco fut l’une des plus riches Scuole de Venise, une institution prestigieuse dont le rôle a été de lutter contre les épidémies de peste suivant l’exemple de Saint Roch.

Scuola Grande di San Rocco

En 1564, Jacopo Robusti, dit Tintoretto est nommé décorateur officiel de la la Scuola Grande di San Rocco. C’est plus qu’une consécration, C’est l’honneur le plus grand qui pouvait lui être fait. Il offre, après cette nomination, soixante-cinq fresques qui rendent ce lieu unique au monde.

En vingt-quatre ans, Le Tintoret va y couvrir les murs et les plafonds d’une cinquantaine de tableaux. Il y a peint une partie de la vie de Jésus-Christ, l’Annonciation, la Fuite en Égypte, la Cène, le Christ devant Pilate, Ecce Homo, la Montée au Calvaire et le grand tableau de la Crucifixion : 5 mètres de haut et 12 mètres de large !

Crucifixion

L’intérieur de la scuola, dont nous vous recommandons la visite est sous la surveillance étroite de plusieurs vigiles aidé d’un système de vidéo surveillance. Inutile de vous dire que des « No foto ! » impérieux résonnent souvent, et que ceux qui tentent la récidive se retrouvent expulsés sans ménagement. Nous avons posé la question à propos de ces pratiques, si elles sont conformes aux directives européennes, mais les réponses obtenues sont confuses et souvent contradictoires.

Donc, il est pratiquement impossible de faire des bonnes photos dans ce lieu sans avoir, au préalable demandé cinquante autorisations à « qui de droit », et attendu, après de longs mois d’un véritable jeu de piste.

La Sala dell’Albergo

le 24 Juillet 1546 le décision a été prise de donner au grand gardien de la Scuola di San Rocco le pouvoir de faire décorer les murs de la Sala dell’albergo  « avec des toiles dépeignant comme bon lui semble et où il est conseillé, et le reste avec des peintures « . Cette décision n’a pas été suivie immédiatement d’effet, quelques années plus tard, le 21 Septembre 1553 Titien a proposé d’entreprendre une grande toile pour la placer sur le mur derrière les sièges des membres de la Banca. Cette proposition n’a pas connu de suite, même si elle a d’abord été acceptée à l’unanimité. c’est seulement le 3 Janvier 1557 que la décision fut prise de procéder à la décoration permanente de la salle. La Scuola mis de côté deux cents ducats par an pour cela. Néanmoins, il a fallu attendre le 22 mai 1564 pour que les travaux commencent.

Après le don de la toile de la « Glorification de Saint-Roch » le 22 Juin 1564, et non sans une certaine opposition, Tintoret continue, sans la décoration, le reste du plafond durant l’été et l’automne. Le 22 Juillet de la même année, la dorure de la partie en bois du plafond avait commencé.

Glorification de Saint-Roch

En 1565 il a commencé et terminé l’énorme « Crucifixion », placé exactement là où Titien avait offert de mettre un de ses tableaux en 1553.

En un peu plus de deux ans le Tintoret a terminé la décoration de la sala dell’albergo en réalisant encore quatre toiles, représentant des thèmes relatifs à la Passion du Christ.

Salle supérieure

Sala Superiore à l'étage de la Scuola Grande di San Rocco

Il nous a fallu toute une après-midi pour qu’un professeur en histoire de l’art, animé d’une grande passion, nous aide à percer quelques uns des mystères, et nous laisser pénétrer par la grande maîtrise et les prodiges réalisés par le maître dans cette salle.

Nous n’avons pas la prétention de vous refaire le cours magistral dont nous avons bénéficié. Nous vous invitons simplement à prendre votre temps, sans vous laisser impressionner par les cerbères qui vont et viennent sans cesse. Usez des miroirs à votre disposition pour ne pas vous tordre le cou, observez, admirez…

Le 2 Juillet, 1575 Jacopo Tintoretto a proposé pour décorer gratuitement la grande place centrale du plafond, promettant de finir avant le Août 1576, pour la fête de San Rocco.

Le serpent d'airain

Le 13 Janvier 1577, quelques mois seulement après avoir terminé « Le serpent d’airain », Tintoret proposa de peindre les deux autres peintures de plafond principales, demander à se faire rembourser le coût des matières et des couleurs, laissant à la Scuola, le soin d’évaluer le prix de son travail. L’artiste a commencé à travailler sur les deux tableaux : « Moïse jaillissant l’eau du rocher » et « Le miracle de la manne » ce travail était encore en chantier lorsque le 25 Mars 1577 Jacopo Tintoretto a déclaré qu’il était prêt à peindre tout le plafond dans les mêmes conditions.

Moïse jaillissant l'eau du rocher

Le miracle de la manne

Le 24 Février 1578, la Scuola élu une commission composée de trois frères qui avaient pour tâche d’examiner, de juger et d’approuver les peintures réalisées par Tintoret dans ses conditions.

Pour approfondir le sujet et préparer votre visite :

La Scuola Grande di San Rocco: Le Tintoret

  • Relié: 400 pages
  • Editeur : Gallimard (14 novembre 1995)
  • Collection : Chefs-d’oeuvre de l’art italien
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2070150240
  • ISBN-13: 978-2070150243

La rencontre de Venus et Olympia à Venise

Deux femmes nues, deux icônes incontestées,  sont réunies pour la première fois, au Palais de Doges de Venise, où vous pouvez aller les admirer dans une confrontation qui est un événement exceptionnel, inédit, superbe dans le monde de l’art.

"Olympia" de Manet (1863) et "La Vénus d'Ubin" de Titien (vers 1538) © Photo Nicolas Krief

« Olympia » de Manet (1863) et « La Vénus d’Ubin » de Titien (vers 1538) © Photo Nicolas Krief

Nous vous avions déjà annoncé, il y a quelques jours, l’exposition Manet. Ritorno a Venezia qui a ouvert ses portes le 24 avril dans le Palais Ducal de la cité lagunaire. La peinture de Manet n’a été que peu montrée en Italie de façon significative, et jamais à Venise. Cette exposition vient ainsi combler une lacune en revenant sur les sources italiennes de l’artiste, sur l’impact artistique de ses voyages dans la péninsule et sur sa volonté constante de se confronter aux maîtres transalpins.

Comme nous l’avions expliqué dans notre précédent article, l’exposition vise également à comprendre les raisons et les effets du « retour » de Manet à Venise en 1874, ville qu’il avait découverte vingt ans plus tôt.

Petit succès dans les premiers jours.

Nous pensions trouver une foule immense et devoir faire la queue longtemps avant de pouvoir accéder aux trésors de l’exposition. Quelle ne fut pas notre surprise de nous retrouver quasiment seuls dans les salles, alors que nous étions dans les premiers jours d’un évènement artistique majeur. Décidément, les touristes ne vont pas à Venise pour s’y cultiver, en voilà encore une preuve.

Comme toujours au Palazzo Ducale, l’exposition est « No Foto », et le peu de visiteurs rends l’exploit impossible, nous avions deux surveillants chacun autour de nous. Nous nous sommes donc concentrés sur notre visite, dont le parcours est fort bien pensé. Les illustrations de notre article nous ont donc été aimablement et généreusement fournies par le service de presse du Musée d’Orsay que nous remercions pour son aide.

Sans être une rétrospective classique, Manet. Ritorno a Venezia permet donc d’envisager aussi bien les débuts de l’œuvre que ses développements, sans jamais perdre de vue son ancrage italien. Elle fait ainsi apparaître un aspect peu connu et mal compris de l’art de Manet, trop souvent réduit à son influence espagnole.

L’exposition, dans les appartements du doge, est organisée par la Fondation des musées de la ville de Venise et le musée d’Orsay. Au total, 80 œuvres sont montrées dans cette exposition, 35 tableaux de Manet ont accompagné Olympia au Palais des Doges, ainsi qu’une vingtaine de dessins. Lola de Valence, Le balcon, Le bal masqué, Le portrait d’Emile Zola, Le fifre… Tous sont mis en parallèle avec les peintures de Carpaccio, Guardi, Lotto et autres célébrités de l’art, pour monter que les influences italiennes de Manet sont bien réelles.

Photo Nicolas Krief

Les deux vedettes de l’exposition.

Mais 78 de ces œuvres sont comme éclipsées par la provocante Olympia de Manet peinte en 1863, qui se confronte pour la première fois à son modèle, la sensuelle Venus d’Urbino du Titien, peinte 300 ans plus tôt.

Déjà, du point de vue de l’histoire de ces œuvres, et du génie de diplomatie qu’il a fallu pour les réunir cette exposition est un succès.

Même Mario Monti, Président du Conseil italien, et François Hollande, Président de la République ont été obligés de s’impliquer à titre personnel.

Car les belles ont pris l’habitude de ne point bouger.

La Vénus d’Urbino, peinte en 1538 par Titien, est conservée aux Offices à Florence et elle bouge très rarement.

« La Vénus est sortie une fois d’Italie, a déclaré à l’Agence France Presse Guy Cogeval, président du Musée d’Orsay. Mais quand elle est allée à Tokyo, en 2008, cela a fait un tel scandale qu’on a cessé ensuite tout prêt. » À Florence, au Musée des Offices, où le chef-d’œuvre exécuté en 1538 est conservé, le directeur Antonio Natali s’était violemment opposé à ce départ décidé par son gouvernement. L’œuvre était beaucoup trop fragile, assurait-il. Quelque trois cents intellectuels et artistes italiens, y compris le cinéaste Franco Zeffirelli, avaient relayé la plainte, signé une lettre de protestation. Un sénateur s’était même enchaîné aux portes des Offices. En vain.

« Depuis, le principe édicté était que la Vénus ne bouge pas. Il a fallu convaincre Antonio Natali. Cette fois, le déplacement n’était que de trois cents kilomètres. Surtout, la présenter à Venise avait un sens puisque c’est dans cette ville que Titien a peint », souligne encore Guy Cogeval.

Guy Cogeval, qui tenait absolument à cette confrontation inédite, a demandé l’autorisation du président de la République François Hollande pour faire sortir pour la première fois de France l’Olympia de Manet. Cette peinture n’a jamais quitté la capitale depuis qu’elle a été offerte à l’État en 1890 par souscription publique à l’initiative de Claude Monet.

« À titre exceptionnel, et pour la première fois, j’ai demandé le consentement du président de la République pour prêter l’Olympia qui appartient au patrimoine de la France,  J’avais déjà l’accord de la ministre de la Culture, mais j’ai voulu écrire également au président de la République, qui m’a donné une réponse positive. »

Un voyage de tous les dangers pour l’œuvre mythique de Manet.

Le transport des œuvres, par camion et par bateau fut également une grande aventure pour les responsables du Musée d’Orsay.

Transport des oeuvres sur la lagune de Venise © Nicolas Krief

 Déchargement des oeuves à Venise © Nicolas Krief – à Fondazione Musei Civici Venezia.

 Transport des oeuvres sur la lagune de Venise © Nicolas Krief – à Fondazione Musei Civici Venezia.

 "Olympia" de Manet en train d'être sortie de sa caisse de transport. © Nicolas Krief – à Fondazione Musei Civici Venezia.

 Accrochage d'"Olympia" de Manet © Nicolas Krief – à Fondazione Musei Civici Venezia.

Le choc de la comparaison

La confrontation entre l’Olympia et La Vénus d’Urbain est un choc visuel sans pareil. Il faut savoir que Le Titien peint la Venus en 1538. C’est probablement Angela del Moro, une courtisane, qui a servie de modèle, nue, allongée sur son lit, lascive, les yeux en amande, la chevelure bouclée, la peau laiteuse. Elle cache son sexe de sa main gauche. A ses côtés dort un chien  – signe de la fidélité – et à l’arrière du tableau, deux servantes cherchent dans un coffre une robe pour vêtir la belle. Le tableau, dit-on, a été commandé par Guidobaldo della Rovere, fils de Francesco Maria della Rovere, duc d’Urbain, pour l’accrocher dans sa chambre de jeune marié et stimuler les ardeurs de sa nouvelle épouse.

Edouard Manet a vu La Vénus d’Urbain à Florence en 1857. Il  en fait une copie et de retour à Paris, il va se nourrir de ce tableau mythologique pour le moderniser, l’adapter à son temps. Olympia, peinte en 1863, représente une prostituée : Victorine Meurent. Elle est étendue sur son lit. Fière, elle nous nargue du regard. Elle aussi a la main gauche appuyée sur son sexe. À ses côtés, un chat noir à la queue bien dressée, qui représente toujours le mal en ce temps-là. A l’arrière, une servante noire vient lui porter un bouquet de fleurs, sans doute offert par l’un de ses amants et protecteurs.

A droite, la belle courtisane semble vous dire « Vene qui, amore… » et tout dans son attitude est une invitation à aller la rejoindre.

A gauche, la somptueuse prostituée avec son « je ne baise plus » vous tance « N’y penses même pas en rêve ! » avec cet air froid et hautain des demi mondaines parisiennes du XIXème siècle. .

Voir tous ces Manet et les œuvres des maîtres italiens qui les ont inspirées, dans les appartements privés des Doges, est vraiment une chose inoubliable. Vous avez seulement jusqu’au 18 août pour vivre comme nous cette expérience. 

« Manet. Retour à Venise »
Palais des Doges de Venise
du 24 avril au 18 août 2013

Informations et réservations 041 8520154

Horaires
Tous les jours de  9.00 à 19.00
Vendredi et samedi de  9.00 à 20.00
ultime accès consenti une heure avant la fermeture

Réservations en ligne

Les photographies qui illustrent cet articles ont été réalisées par Nicolas Krief et nous ont été aimablement fournies par le service de presse avec l’aimable autorisation du Musée d’Orsay.

Vénus d'Urbino du Titien

Manet : retour à Venise

Manet. Ritorno a Venezia (Back to Venice) est le nom donné à l’exposition, initiée par la Fondazione Musei Civici di Venezia, qui se tiendra au Palais des Doges du 24 avril au 18 août 2013.

2 Manet Ritorno a Venezia a cura di Stéphane Guégan

1874, année de la première exposition des peintres impressionnistes, est aussi l’année de son troisième voyage en Italie, où il a également retrouvé la ville aimée par Turner et Byron.  Il a immortalisé son séjour dans deux petites toiles représentant le Grand Canal. C’est presque iconoclaste avec l’atmosphère déjà ultramoderne de Guardi à la même époque. Dans ces deux petits tableaux, peint de manière magistrale, qui serviront de modèle pour beaucoup de peintres à Venise au début du XIXe siècle, l’air est si clair qu’ils font chanter les tons de bleu et blanc de sa palette comme jamais auparavant….

Edouard Manet (1832-1883) Le Grand Canal de Venise 1875

Edouard Manet (1832-1883) Le Grand Canal de Venise 1875

Venise rendra hommage au maître lors d’une exposition d’environ quatre-vingt peintures, dessins et gravures, conçue en collaboration avec le Musée d’Orsay à Paris, l’institution qui conserve le plus grand nombre de chefs-d’œuvre de cet artiste extraordinaire.

Sous la direction artistique de Stéphane Guégan, la direction scientifique de Guy Cogeval et Gabriella Belli, l’exposition se présente comme un véritable événement : jamais la peinture de Manet a été présenté d’une manière si significative en Italie, et n’a jamais été abordée sous un aspect critique si caractéristique de son art.

Si Le Déjeuner sur l’herbe et Olympia (1863) sont clairement des variations de Titien et deux exemples splendides exemples de la relation de Manet avec l’art italien, il y a de nombreux autres exemples de la profonde compréhension du patrimoine de Venise, Florence et Rome par le grand peintre.

Le parcours de l’exposition, avec des chefs-d’œuvre comme Le fifre (1866), La lecture (1865-1873), Le balcon (1869), Portrait de Mallarmé (vers 1876), traverse toute sa vie artistique et vous permet de vous ouvrir sur une série d’interprétations libres des peintures anciennes, des fresques et des sculptures que Manet a vu au cours de ses deux premiers voyages en Italie, en 1853 et 1857.

Ce projet à été possible grâce non seulement aux prêts du Musée d’Orsay, mais aussi de beaucoup d’autres institutions internationales telles que le Metropolitan Museum de New York, la Bibliothèque Nationale de France, l’Institut Courtauld de Londres, le Musée des Beaux-Arts de Boston, la National Gallery de Washington, l’Art Institute de Chicago, le Musée des Beaux-Arts de Dijon, le Musée de Grenoble, le Musée des Beaux-Arts de Budapest, le Städel Museum de Francfort, qui se sont joint à l’événement ainsi que de nombreux collectionneurs privés.

Manet. Ritorno a Venezia

Les Macchiaioli 1850-1877. Des impressionnistes italiens ?

Nous vous avons déjà évoqué les Macchiaioli, dont le vénitien Antonio Ermolao Paoletti (Venise, 8 mai 1834 – Venise, 13 Décembre 1912) qui se réunissaient à Florence au Caffè Michelangiolo, ou au Caffè Bardi a Livorno. Nous vous avons également présenté une partie de la prestigieuse collection de Mario Taragoni

… en 2013, le courant artistique des Macchiaioli est à l’honneur au musée de l’Orangerie à Paris et à la fondation Mapfre à Madrid.

The Macchiaioli artistic movement is being honoured at the Musée de l’Orangerie in Paris and the Mapfre Foundation in Madrid in 2013.

Un souffle nouveau sur la peinture italienne.

Ils constituent à Florence, dans les années 1855, un groupe d’artistes révoltés, toscans, mais également venus de toute la péninsule, de Venise à Naples.

Qui sont ces Macchiaioli ? Littéralement des « tachistes », désignation péjorative apparue dans la presse en 1862, puis adoptée par eux-mêmes. Ils donnent un souffle nouveau à la peinture italienne rompant avec le néoclassicisme et le romantisme dominant, renouvelant la culture picturale nationale. Ils sont considérés comme les initiateurs de la peinture moderne italienne.

Cette peinture exerça une importance capitale sur des cinéastes italiens, comme Luchino Visconti et Mauro Bolognini, qui y trouvèrent une inspiration iconographique et un langage particulier de l’image.

Du mercredi 10 avril 2013 au lundi 22 juillet 2013

Adresse

Musée de l’Orangerie
place de la Concorde
Jardin des Tuileries
75001 Paris
Téléphone : 01 44 77 80 07
Fax : 01 42 61 30 82
Contacter par mail Site internet – Musée de l’Orangerie

Métro Concorde
Horaires et tarifs

  • Du mercredi au lundi de 09:00 à 18:00

Tarifs d’entrée :

  • Plein tarif : 7.5 €
  • Tarif réduit : 5 €
  • A partir de 17h, tarif réduit pour tous les visiteurs : 5€

Commissaire : Marie-Paule Vial, directrice, musée de l’Orangerie, Isabelle Julia, conservateur général, Beatrice Avanzi, conservateur au musée d’Orsay, Maria Lopez, conservateur en chef à la Fondation MAPFRE

Printemps vénitien

Nous vous proposons de nous transporter dans le temps, dans les années 1902 ou 1904, et de vivre le printemps à Venise avec le peintre Eugene de Blaas.

Eugene de Blaas

Tout commençait, dans les calli par quelques regards appuyés malgré les quolibets des autres filles qui n’avaient pas eu l’honneur de cette (plus ou moins) discrète distinction.

Brin de cour au puits - Eugene de Blaas 1904

Toujours sous le regard amusé des autres filles du quartier, le galant se risquait à quelques paroles engageantes, près du puits…

La lettre d'amour - Eugen von Blaas 1904

Sérénade - Eugen von Blaas 1910

La cour - Eugen von Blaas

Et cela continuait ainsi tout le printemps… ces relations entre les jeunes gens de Venise et les belles jeunes filles alimentaient alors tous les potins dans le sestiere, ou dans la paroisse.

Jusqu’au jour où le jeune homme prendrait tout son courage à deux mains pour venir demander, à ses parents, la main de sa belle.

Les potins entre amies - Eugene de Blaas

Sur le balcon - Eugene de Blaas

Exposition M. Ocaña à la Puerta de Alcalá

Il fallait se rendre à Madrid pour voir une belle rétrospective vénitienne du peintre madrilène M. Ocaña.

Monument profondément lié à la ville de Madrid, la Puerta de Alcalá fut construite entre 1759 et 1778 sur commande du roi Charles III. Elle faisait partie de son vaste programme d’embellissement de la capitale espagnole. L’actuelle porte remplaça une ancienne datée de 1599. Le projet fut réalisé par Francesco Sabatini, architecte royal et sans doute favori du roi. La structure, de style néoclassique, est celle d’un arc de triomphe romain avec cinq embrasures dont les trois centrales sont en plein cintre et celles des extrémités en linteau. La Puerta de Alcalá est imposante et constitue indubitablement un des symboles madrilènes. Elle est également très populaire. A voir: La structure A proximité: Le parc de El Retiro, la fontaine de La Cibeles, le palais de Linares, le Palacio de Comunicaciones.

Ettore Cadorin

Fils du sculpteur Vincenzo Cadorin, et de Matilde Rochin, Ettore, né le 1er mars 1876 à Venise est le frère du peintre Guido.

Ce sont ses notes autobiographiques qui nous fournissent la plus vaste source d’informations sur cette famille.

Ettore Cadorin a appris l’art de la taille avec son père, puis à l’Accademia, où il a a suivi les cours d’Antonio Dal Zotto. Vers la fin du siècle il entame, par un séjour en Roumanie, de longues pérégrinations à travers le vaste monde et il ne reviendra à Venise que pour de courtes pauses.

A Bucarest, il obtient sa première soumission privée avec le buste du Professor Hasdeu puis avec la couronne en bronze exécutée pour la commémoration de la Dacie à l’Empire romain. Cette couronne a été ajoutée à la base de la colonne Traiana à Rome.

En 1902 il s’installe à Paris où il travaille en collaboration avec René Lalique. Il développe alors une technique qui lui permet d’incruster de l’ivoire dans ses bas-reliefs. De cette période datent ses premiers bas-reliefs, et les portraits de Rosa Montague, Amelia Rosselli, Aldo Rosselli et d’autres…

Les portraits, toujours en léger relief sur ivoire, des princesses Iolanda e Mafalda, réalisés pour la reine Margherita de Savoie (1904) témoignent du succès de cette technique adaptée au romantisme de l’époque.

Il fait ses débuts à la VI Biennale de Venise en 1905. Il présente une sculpture en ivoire, G. Carducci, et surtout son  Sogno qu’il aurait réalisé sous l’influence de Leonardo Bistolfi.

C’est en 1910 qu’il réalise le portrait de Wagner qui se trouve au palazzo Vendramin Calergi et vers la même période le buste de Benedetto Marcello qui est au Conservatoire de Venise.

A partir de 1915 il s’installe définitivement aux États-Unis, les premières années comme professeur à l’Université de Columbia et la  Galerie Reinhardt organise une exposition à New York qui obtient un certain succès. L’œuvre majeure qui porte l’empreinte de l’après-guerre est Monumento ai caduti de la ville d’Edgewater (New Jersey).

A San Francisco, il s’est vu confier la décoration de la Golden Gate International Exposition (1935).

Depuis 1941, il s’installa à Sonoma, également en Californie, où il mourut le 18 Juin 1952.

Les Macchiaioli de Mario Taragoni

Mario Taragoni, financier, économiste, collectionneur d’art est un homme de culture. Il voue  une véritable passion passion la peinture toscane du XIXème siècle. Il vit à Gênes où il dirige la Banca d’America e d’Italia, et a constitué sa collection entre les années trente et les années soixante-dix, en ne sélectionnant que des peintures exécutées à la maturité des artistes.

Il possède un grande quantité d’œuvres des Macchiaioli, qui, comme les Impressionnistes, grâce à l’immédiateté et au charme de leurs peintures continuent de plaire à tous les types de public.

En 2008, une grande exposition des peintures de sa collection était présentée à l’Istituto di Scienze, Lettere e Arti de Venise (Palazzo Cavalli Franchetti)…

Les artistes de la collection Taragoni : Giuseppe Abbati, Giovanni Boldini, Odoardo Borrani, Giovanni Carnovali dit il Piccio, Adriano Cecioni, Serafino da Tivoli, Giovanni Fattori, Egisto Ferroni, Silvestro Lega, Mario Puccini, Antonio Mancini, Raffaello Sernesi, Telemaco Signorini, Armando Spadini.

Giovanni Fattori (Livorno, 1825 – Firenze, 1908)
Tre contadine sedute nel bosco all’ombra, vers 1875

Giovanni Fattori
Pattuglia, vers 1875

Giovanni Fattori
Sosta sotto la pioggia (o Tempo di pioggia), 1885 – 1890

Silvestro Lega (Modigliana, 1826 – Firenze, 1895)
Signora in giardino, 1883

Giovanni Fattori
Marcatura di torelli in Maremma, vers 1887

Giovanni Fattori
Marcatura di torelli in Maremma, vers 1887

Giovanni Fattori
Mandriana trascinata da un bove infuriato. 1895

Giovanni Fattori
Ritratto di Fanny Fattori (o Testa di popolana), 1880 – 1885

Giovanni Fattori,
La preghiera della sera (o L’Ave Maria), vers 1875

Silvestro Lega
Alla villa di Poggio Piano, vers 1889

Silvestro Lega
Donna con scialle rosa

Giovanni Fattori
Il buttero, vers 1900

Giovanni Fattori
La cerca, 1880 – 1881

Silvestro Lega
La signora Clementina Bandini con le figlie a Poggiopiano, 1887

Giovanni Fattori
Bambina in un bosco, vers 1890

Giovanni Fattori
La gramignaia, vers 1866

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