Séjourner à Venise au XVIIIème siècle

Du XVIIIème au XIXème siècle, Venise s’est petit à petit adaptée à une affluence touristique sans cesse croissante. Pour faire face aux attentes des voyageurs, la ville dut se doter de structures adéquates répondant aux exigences de salubrité et de confort. Les pensions et auberges populaires du siècle des Lumières cédèrent bientôt la place à de luxueux hôtels où tout fut mis en œuvre pour satisfaire les moindres désirs de la bourgeoisie.

Albergo d’Italia a San Moisè, calle Barozzi, presso la piazza San Marco

Étape privilégiée des voyageurs du Grand tour au XVIIème siècle, en partie pour sa réputation de « ville de la fête et des plaisirs », point de rencontre et terre d’élection des romantiques qui se presseront en masse pour méditer sur sa splendeur déchue, Venise demeure à travers les siècles un haut lieu touristique.

L’évolution et les efforts déployés dans l’organisation d’une véritable « industrie hôtelière » en sont la preuve.

Cependant, si structures et services demeurent à peu près comparables à ceux qu’offrent les grandes villes du Nord de l’Italie, les lieux d’accueil des étrangers de passage à Venise détiennent une spécificité propre, un particularisme vénitien dont il conviendrait d’analyser la physionomie et l’évolution au fil des commentaires déçus ou enthousiastes des voyageurs.

Le poids, parfois jugé trop prégnant de nos jours, du tourisme à Venise, est donc, à la base, un héritage direct d’une volonté politique initiée dès le XVIIème siècle.

Une histoire du Tourisme à Venise, qu’il est bon d’appréhender pour comprendre les maux de notre époque.

Où se loger dans la Venise des Lumières ?

Au XVIIIème siècle, le voyageur qui ne bénéficie pas de l’hospitalité privée peut à son arrivée dans la Cité des Doges, s’adresser aux auberges ordinaires et aux hôtels.

En effet, il était courant pour les voyageurs bénéficiant d’un réseau de connaissances suffisant pour ne pas avoir à user de l’hébergement spécifique pour les voyageurs étrangers. Les auberges les plus recommandables susceptibles d’accueillir avec confort le touriste souvent épuisé par des heures de voyage sont déjà listés dans des répertoires, première ébauche des guides touristiques modernes.

Un des plus célèbres guides vénitiens du tout début du siècle permet de dresser une sorte de géographie des auberges vénitiennes.

Vincenzo Coronelli, dans sa Guida De’ Forestieri Sacro-Profana Per osservare il più ragguardevole nella Città di Venezia Con la di lei Pianta per passeggiarla in Gondola, e per Terra: Estratta Dal Tomo I. de’Viaggi d’Inghilterra del P. Coronelli Min. Con. : Aggiuntovi in questa quarta edizione il Protogiornale Perpetuo per godere le funzioni più cospicue della medesima del detto Autore  indique un certain nombre des ces établissements.

 Vincenzo Coronelli, Guida de' Forestieri sacro-profana.

Il en énumère cinq qu’il considère comme les meilleures : Il Leon Bianco, Il Gallo, La Fortuna, La Serena, I Re Magi, et divise les auberges les plus renommées de la ville en deux zones : Rialto et San Marco.

Hotel Royal du Lion Blanc

À proximité du Pont du Rialto, il en signale onze : Alla Campana, Al San Giorgio, Alle due Spade, Alla Donzella, Alla Scimmia, Alla Torre, All’Angelo, Allo Storione, Al Gambaro, Alla Cerva et Alla Scoa.

Hotel Royal du Lion Blanc

À San Marco, il en note sept : Alla Luna, Al Cavallotto, Al Cappello, Al Salvadego, Alla Rizza, Al Pellegrin, Alla Corona.

Les plus luxueuses se trouvent évidemment sur le Grand Canal dans de somptueux palais. C’est le cas de l’Écu de France (Lo Scudo di Francia dans la Ca’Farsetti), de l’Imperator et du Leon Bianco (situé à proximité du Campo Ss. Apostoli), surnommée « la pension des Rois », dans le palazzo Da Mosto.

Parmi les hôtels de luxe, La Regina d’Inghilterra(Aujourd’hui Albergo Vittoria, près du Campo San Luca) occupe une place de choix dans les pages des principaux guides de la ville. C’est en effet une des auberges les plus réputée de Venise où logent en priorité les voyageurs anglais et dont le prestige s’étendra bien au-delà du XVIIIème siècle.

Enfin, dans cette énumération des différents lieux de séjours à disposition des voyageurs, il convient de citer également L’Imperatore di Moscovia, Il Cavallo Bianco, ou encore La Mezzaluna et La Croce di Malta, autant de noms célèbres que l’on retrouve dans la plupart des ouvrages de référence dédiés à la Sérénissime.

Les ouvrages rédigés en français et utilisés par les voyageurs du XVIIIème siècle permet quant à lui d’établir le curieux constat d’un silence général en ce qui concerne le logement des voyageurs à Venise. À quelques exceptions près, la plupart des guides ou récits considérés comme tels conseillent de loger à L’Écu de France, établissement renommé depuis le XVIIème siècle comme l’hôtel le plus élégant de Venise. Aucuns ne mentionnent d’autres pensions ou auberges que possède la cité des Doges, ni, évidemment, leur qualité. Il n’en sera pas de même avec les ouvrages qui paraîtront au siècle suivant où l’excellence de l’hôtellerie vénitienne sera soulignée avec une plus grande rigueur.

Même un voyageur tel que le Président De Brosses, qui visite Venise en août 1739, finit par céder à l’étonnement et reconnaît le caractère surprenant d’une telle ville. Ainsi, il s’avoue stupéfait de voir « sortir de l’eau, de tous côtés des palais, des églises, des rues, des villes entières » (Charles de Brosses, Lettres familières écrites d’Italie en 1739 et 1740, [1ère éd. Paris, A. Sérieys, 1799, 3 vol.], Paris, Didier, 1858, tome I, p. 169).

Sources bibliographiques :

Laetitia Levantis, Séjourner à Venise : des auberges populaires du XVIIIe siècle aux luxueux hôtels de l’âge romantique.

Vincenzo Coronelli, Guida De’ Forestieri Sacro-Profana Per osservare il più ragguardevole nella Città di Venezia

Les murazzi du Lido

L’été commence et nous allons vous parler de « Sea, Sun and… » de la mer Adriatique et d’une petite particularité toute vénitienne : les Murazzi.

Nous avons écrit cet article avec la complicité d’Enzo Pedrocco.

Murazzi a Pellestrina

Les murazzi sont d’énormes barrages en pierre d’Istrie construits pa la Sérénissime République de Venise pour défendre les rives de la lagune de l’érosion de la mer.

Elles ont remplacées les anciennes palade des palissades remplies de pierres dont la durée de vie était très courte.

Les murazzi sont divisées en trois parties :

La première, sur l’île du Lido di Venezia, commence à Ca’ Bianca et se termine, environs 5 kilomètres plus loin, à proximité d’Alberoni.

Une deuxièmes, sur l’île de Pellestrina, commence à Santa Maria del Mar, et se termine 10 kilomètres plus loin près de la Ca’ Roman, et par endroit, cette protection est le seul barrage entre l’Adriatique et la lagune (ainsi que vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus).

La troisième sur le litoral de Sottomarina, commence au Forte San Felice, et se termine 1.255 mètres plus loin au centre de Sottomarina Vecchia. Cette troisième partie, partiellement défigurée, mal entretenue, est envahie par la végétation et partiellement privatisée par des constructions sur la littoral plus aucune fonction de défense.

Murazzi

Cette œuvre est le fruit des études réalisées par le père Vicenzo Coronelli, et remonte à 1716. La construction, commencée en 1744, à été achevée par Bernardo Zendrini en 1782. Une pierre commémore la mémoire de Bernardo Zendrini.

Plaque commémorative à Zendrini

Ces ouvrages ont été endommagés par les grosses tempêtes de 1825, et surtout du 4 novembre 1966 quand les eaux exceptionnellement hautes ont submergées la ville de Venise. Récemment, on a ajouté une série de brosses-brise-lames, placées perpendiculairement à l’ouvrage principal.

murazbis

Ces constructions de pierres sont le lieu de prédilection, dès les premiers rayons du soleil, des amateurs de bronzage et de nature qui viennent profiter de l’air pur « loin de la foule ». Loin des plages fréquentées par les familles et les enfants, et dans le respect des traditions relatives à la tenue vestimentaire imposée dans ces lieux publics, les murazzi offrent ainsi un refuge pour les mateurs de liberté.

Et c’est pourquoi, pour beaucoup de vénitiens qui connaissent cette tradition, les murazzi sont intimement liées à des souvenirs passionnés et palpitants des étés passés au Lido di Venezia.

Les murazzi entre les deux guerres, - photo Gigio Zanon‎

Les murazzi entre les deux guerres, – photo Gigio Zanon‎

Bibliographie :

  • Giulio Lorenzetti. Venezia e il suo estuario. Trieste, Edizioni Lint, 1963. ISBN 88-86179-24-3
Les murazzi dans les années 1960

Les murazzi dans les années 1960

Les murazzi dans les années 2000

Les murazzi dans les années 2000

Les murazzi dans les années 2000

Les murazzi dans les années 2000

Ponte Littorio di Venezia, renommé Ponte della Libertà

En 1931, on montre aux actualités, les travaux de construction du pont automobile de 4 kilomètres, parallèle à celui pour le chemin de fer, construit par les autrichiens, et qui mettra fin à l’isolement de Venise.

En réalité, le pont mesure très exactement 3 850 mètres.

Il a été construit sur un projet de l’ingénieur Eugenio Miozzi datant de 1931 et fut inauguré par Benito Mussolini en 1933 sous le nom de Ponte Littorio en hommage aux licteurs de l’époque romaine. Les licteurs étaient chargés d’exécuter les sentences des magistrats.

Ce pont constitue l’unique voie d’accès au chef-lieu de la Vénétie pour le trafic automobile.

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il fut rebaptisé Pont de la Liberté en honneur de la libération contre les nazis et les fascistes.

Ponte Littorio en 1933

Nous lui avions déjà consacré un article : Pont de la Liberté

Si nous en reparlons, c’est qu’un projet de piste cyclable ressurgit régulièrement… mais comme la caractéristique première des élus et responsables politiques et administratifs du Veneto est une importante myopie et un gout prononcé, historiquement reconnu et célèbre, pour mettre un temps infini pour décider quelque chose à propos du moindre projet. Donc, l’élargissement du Pont de la Liberté pour y ajouter une piste cyclable, reste pour le moment, un chimère lagunaire.

« C’est un projet complexe qui nécessite un examen attentif, mais nous espérons bientôt communiquer des nouvelles importantes »

C’est une phrase que l’on aimerais bien ne plus jamais entendre dans la lagune, hélas, cela fait des siècles qu’elle est resservie à toutes les sauces pour tous les projets qui mettent ici, ces années, voir des dizaines, ou des centaines, avant de voir le jour.

18 Mars 2011. Présentation d’un projet intitulé « Pista ciclabile che unisce la città: Venezia e Mestre« , par Ugo Bergamo, Assessore Infrastrutture Comune di Venezia.

4 mai 2011. Commission IV du Conseil. Le commissaire Bergame : « Le conseil municipal accorde une importance stratégique pour cette piste. »

20 mai 2011. Le coût du projet qui était, auparavant, évalué entre 8 et 10 millions, passe soudainement à 20 millions d’Euros.

23 Juin 2011. Présentation d’un amendement visant à insérer la piste cyclable dans les prévisions du budget.

Depuis… rien !

En attendant, les 270.000 habitants de Venezia- Mestre risquent leur vie chaque fois qu’ils passent sur ​​le pont à vélo.

Voir aussi l’article dans Veneziamente : Ponte della Libertà et en italien, dans VeniceWiki : Ponte della Libertà

VeneziaPride

VeneziaPride

L’Onda Pride à Venise, ou Venezia Pride, c’était la toute première marche des gays et lesbiennes dans l’historique cité lagunaire, ce samedi 28 juin 2014.

Les vidéos ont été misses en ligne par La Nuova di Venzia en complément de son article Oggi arriva l’Onda Pride a Venezia: festa, corteo e polemiche

Nous vous avons, à plusieurs reprises, informés depuis quelques semaine de cette manifestation sur notre page Facebook. Hier, nous avons postées les premières photos en direct de Venise.

Une manifestation, comme partout dans le monde, qui se veut réclamer le droit de s’aimer quelque soit sa « différence », librement et simplement.

Dans la ville qui a connu plus de six mois de carnaval et de débauche, et qui conserve encore précieusement un ponte delle tete, cela paraissait d’une évidence remarquablement historique.

Pourtant, cette manifestation qui se déroule simplement dans le monde entier a provoqué à Venise son lot de polémiques, comme toujours, et des menaces des fanges les plus sordides de la droite extrême, nostalgique des années Mussolini. Forza Nuova annonçait sur la page d’un réseau social le droit de «riservarsi di porre in essere azioni di disturbo alla manifestazione di oltraggio al pudore nonostante il divieto della Questura». La Région prenait soigneusement ses distances.

Les politiques quand il s’agit de Liberté parlent de pudeur, et dans le même temps, quand il s’agit de corruption généralisée, clament leur innocence à grands cris, et se disent victimes (de qui ?).

Finalement c’est un cortège bon enfant, sans immenses chars et sans musique assourdissante, qui, à pieds, à parcouru les calli de l’antique Venise qui s’est mise à rêver au retour possible des mœurs si débridées des siècles passées…

Les photos ci-dessous sont de notre ami Stefano Sofiato, qui, comme vous pouvez le voir, n’a pas hésité à payer de sa personne pour vous informer avec des images exclusives.

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Voici donc le reportage de Stefano pour nos lecteurs francophones :

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D’autres photos qui nous sont parvenues :

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Deux veuves pour un testament, le tournage

On tournait ces derniers temps à Venise le dernier opus des enquêtes du commissaire Guido Brunetti traduit en français de Dona Leon.

Drawing Conclusions, publié en 2011, devenu en allemand Reiches Erbe et en français, en ce début d’année 2014 Deux veuves pour un testament (voir notre article à propos du livre).

Le Commissaire Brunetti et son équipe sont envoyés sur le lieu du décès de Costanza Altavilla. Pour le médecin légiste, elle a fait une crise cardiaque et dans sa chute, sa tête a heurté le radiateur de sa chambre, mais Brunetti sent qu’il se passe quelque chose de pas naturel. Avec son lieutenant Vianello, il commence une enquête, cette femme rendait pas mal de services, sa maison servait d’abri pour femmes battues de plus, elle allait chaque semaine dans une maison de retraite pour parler avec ces veilles personnes qui sont oubliées par leurs familles. Brunetti et son lieutenant Vianello vont arpenter les ruelles de Venice pour découvrir la vérité. Mais vont-ils la trouver ?

En tout cas, c’est bien dans les calli de Venise, ou plus précisément au détour d’une fondamenta que nous les avons croisés…

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Ippolito Caffi

Ippolito Caffi, fils de Giacomo et de Maria Castellani, est né à Belluno le 16 octobre 1809, il est mort lors de la bataille navale de Lissa, le 20 juillet 1866.

Il étudia la peinture à Belluno avec le peintre Pietro Paoletti, puis Giovanni De Min, et enfin à l’Accademia de Venise.

Il travailla en particulier sur des sujets urbains, des paysages… sa carrière mouvementée l’a conduit à séjourner à Paris, Naples, Londres ainsi qu’en Espagne. Il revenait régulièrement à Rome ou à Venise. Il fit également un grand voyage en Grèce, puis en Orient, vers 1843, dont il a rapporté de nombreux dessins, dont beaucoup sont conservés de nos jours au Museo Correr.

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

A Rome, il se distingua pour son traité sur la perspective, ainsi que par ses recherches sur l’archéologie romaine.

Il est essentiellement un paysagiste précis, dont les œuvres, claires, rigoureuses, et construites avec précision, sont prétextes, parfois, à des éclairages curieux, qui peuvent paraître artificiels, mais aussi à des délicatesses dignes de Corot. Il est dans la tradition des paysages urbains initiée par Canaletto.
Son travail sur le carnaval à Venise eu beaucoup de succès, il fut exposé à Paris en 1846.

Il participa activement aux batailles du Risorgimento, et c’est lors d’une de ces batailles qu’il trouva la mort, le 20 juillet 1866, lors de l’affrontement entre les Italiens et les Autrichiens, dans l’Adriatique, au large de l’île de Lissa ou Vis aujourd’hui en Croatie.

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Toutefois, les peintures les plus populaires d’Ippolito Caffi sont probablement ses vedute de Venise sous la neige…

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

Ippolito Caffi (Belluno, 16 ottobre 1809 – Lissa, 20 luglio 1866)

27 juin 1849

  Chiesa San Geremia

L’incendie de la Scuola dei Morti, à San Geremia, provoqué par une bombe autrichienne, peint par Luigi Querena, illustre le martyr subi par Venise pendant les longs mois de l’année 1849.

Entre le 4 et le 26 mai, le seul Forte Marghera, qui défendait l’accès à Venise par le pont ferroviaire à été la cible de 70.000 bombes faisant 500 tués ou blessés côté italien. Les 24.000 hommes du général Haynau et leurs 200 canons ne laissèrent aucun répit aux défenseurs de Venise.

Ippolito Calfi a immortalisé ce bombardement nocturne de Marghera, le 25 mai 1849. Le tableau est aujourd’hui conservé dans la Ca’ Pesaro.

Bombardement de Marghera

Les soldats italiens furent obligés de se replier sur Venise, après avoir détruit tout ce qui, dans le fort, pourrait être utile aux autrichiens.

Pour mestre ce furent alors des jours terribles car, en lus de devoir supporter l’occupation de milliers de soldats ennemis, la cité fut sous le feu des italiens qui défendaient Venise. Il y eût beaucoup de morts dans la population, et des destructions massives, obligeant les habitants à fuir dans les campagnes voisines.

le coup de grâce fut portée par l’épidémie de choléra, ce qui fit écrire au poète Arnaldo Fusinato :

« Il morbo infuria, il pan ci manca, sul ponte sventola bandiera bianca« .

Épuisés, les vénitiens hissèrent le drapeau blanc de la reddition le 22 août 1849.

La répression des autrichiens fut féroce : exécutions, déportation, prison pour les protagonistes de cette période héroïque.

Les impôts furent encore plus lourds que lors de la première occupation, réduisant la population de Venise à un état de misère qu’elle n’avait jamais connu.

 

27 giugno 1849

Les combattants du 27 juin 1849

par Vittorio Emanuelle Bressanim

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Nous supposerons que vous connaissez Lucien Clergue au moins en tant que fondateur de l’école de photographie d’Arles, ville où est organisé chaque année un exceptionnel festival de photographie.

En 1979, il soutient sa thèse de doctorat en photographie. La discipline n’existait pas avant.

Puis, il réponds favorablement à l’appel de Cornell Capa – le frère de Robert – qui décida la même année une opération pour sauver Venise. Il fit appel à Lucien Clergue qui réalisa ces photos dans le palazzo Brandolini (à côté du ponte de l’Accademia), qui leur a été aimablement prêté.

Apollinaire voyait en Venise le « sexe femelle de l’Europe« . Bien plus qu’un décor, bien plus qu’un fantasme, elle a semé le trouble dans l’imaginaire et l’érotique des écrivains comme jamais aucune autre ville.

Le topos même de l’érotisme. De cette légende propre à la Cité des Doges, Lucien Clergue a tiré un scénario en images que Marc Lambron a chanté avec ses mots subtils. Ensemble, œil et voix, ils restituent une vision fugitive de deux femmes, l’une brune, l’autre blonde et un jeune homme, un jour d’été, à l’étage noble et sous les toits, qui, alors que le soleil pénètre brutalement par les fenêtres ouvertes, sont saisis par l’objectif dans toute leur beauté nue, dans ce somptueux palazzo baigné de clair-obscur.

De cette expérience est né un livre : Nus vénitiens.

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Nus vénitiens n’est pas une simple invitation au voyage, à travers les photographies du célèbre photographe, ami de Picasso et de Jean Cocteau, alors qu’il était jeune débutant, le lecteur est convié à inventer son propre récit, sa rêverie, ou son propre scénario. Lucien Clergue souhaite que le lecteur crée sa propre histoire au gré de ses photos mystérieuses associées à la plume de Marc Lambron.

Venise n’est pas une cité comme les autres. Outre sa beauté architecturale, son nom évoque aussi bien Titien, Casanova, les jeux et les plaisirs dont elle s’était fait une spécialité dans l’Europe du XVIIIème siècle.

Lucien Clergue confie volontiers que « … faire des photographies de nus à Venise, c’est le rêve absolu !« 

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Lucien Clergue, Nus vénitiens

Les lunettes des Doges

Du 14 juin au 13 juillet 2014, la Bibliothèque Nationale Martiana, de Venise, propose dans la salle monumentale, une exposition remarquable sur « Les lunettes de soleil de la Venise du XVIIIème siècle ».

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Néron fut le premier à utiliser une pierre de couleur pour se protéger les yeux des rayons du soleil pendant les combats dans l’arène.

La couleur verte de l’émeraude fut privilégiée par les opticiens vénitiens, qui ont anticipé de 120 ans la découverte des effets nocifs des rayons ultraviolets. Ils avaient déjà produit des lunettes de soleil très originales, qui garantissaient une protection totale.

En effet, Isaac Newton (1642 – 1727), démontra à la fin du XVIIème siècle, que la lumière blanche était composée de la somme de toutes les autres couleurs. La découverte du rayonnement ultraviolet date de 1801, et son danger sera reconnu en 1870.

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Dans le venise du XVIIème siècle en fait, les dames et les patriciens, cavalieri, capitaines de mer les ont utilisées pour se protéger de l’éclat de la lumière réfléchie lors de la navigation dans la lagune ou en mer.

Depuis les lunettes en arc sans branches, à la première accroche pour stabiliser les lunettes sur le nez, en passant par les verres pour gondoles, ou pour dames utilisées par les nobildonne, l’exposition vous fera remonter le temps jusqu’au verres colorés illusoires, utilisés comme jeux optiques et connus sous le nom de Vetri da Avari.

le Museo dell’Occhiale de Pieve di Cadore (BL), le Museo Correr, la Biblioteca Nazionale Marciana, en collaboration avec la Stazione Sperimentale del Vetro di Murano, sont les témoins scientifiques de cette évènement qui se veut, non seulement une exposition d’objets rarissimes et fascinants, mais une mise en garde sur la protection et la santé de nos yeux.

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Les pièces présentées dans cette exposition, à l’exception des jouets optiques, ont tous été produits au XVIIIème siècle.

Toutes les lunettes du type « Goldoni » (dont il y a une trentaine d’exemplaire dans le monde) ont une caractéristique commune : le long de la monture il y a plusieurs trous qui permettait de poser des protections latérales en soie (paraoci). Certaines disposent également d’une gorge circulaire le long du bord externe, qui, en plus d’avoir une fonction ornementale, protégeait le fil de soie de tout frottement sur les surfaces de la monture.

La production vénitienne favorisait la couleur verte pour la fabrication des verres solaires et les analyses effectuées pour la réalisation du catalogue ont réservées une découverte incroyable…

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La couleur des verres utilisés était le vert dans différentes nuances : vert-jaune, vert gazon, vert d’eau ou vert émeraude. Ce verre est unique, créé dans les fours de Murano, ce qui permet de distinguer la production optique vénitienne de cette époque.

Maurizio Forbice

Pourquoi « Lunettes de Doge » ?

On pense que le Doge Alvise IV Giovanni Mocenigo a été propriétaire d’une des paires de lunettes présentées.

Cette affirmation provient de la présence des armoiries de la famille patricienne Mocenigo, surmontée du Corno Ducale reproduit sur le boitier qui protège l’une des paires de lunettes présentées dans l’exposition. La datation des verres coïncide avec le dogat d’Alvise IV Mocenigo (1763 – 1778).

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L’une des tendances les plus en vogue dans la Venise du XVIIIème siècle était les « lunettes de gondole« . Il s’agissait de monocles à la forme assez originale et aux verres verts, une couleur qui atténuait l’intense lumière du soleil et ses reflets sur les eaux de la lagune. Les Vénitiens se déplaçant principalement en gondole à cette époque : protéger les yeux et la peau du soleil était une nécessité, qui devint rapidement une mode.

Ces verres étaient ensuite travaillés par des opticiens pour s’adapter aux montures ou même à des miroirs transparents mais tout aussi protecteurs. Ces accessoires étaient utilisés, surtout par les femmes et les enfants, lors de leurs fréquents déplacements en gondole pour se rendre d’une partie à l’autre de la ville.

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On découvre une cinquantaine de pièces, uniques et très rares: des lunettes aux montures en os, en bois, en tortue, travaillées avec raffinement, mais aussi de très jolis étuis laqués et décorés selon la mode de l’époque.

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occhiale Goldoni

Occhiali da Doge. Gli occhiali da sole nella Venezia del Settecento

Jusqu’au 13 juillet 2014

Sale Monumentali de la Bibliothèque Nationale  Marciana  (entrée par le Musée Correr, Aile napoléonienne de Piazza San Marco, avec le billet des Musées de la Piazza San Marco)

Horaires : 10 -19 heures

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Informazioni sulla Mostra

Dal 14 giugno al 13 luglio 2014
Sale Monumentali della Biblioteca Nazionale Marciana (Libreria Sansoviniana)
San Marco, Venezia

Ingresso

Ingresso dal Museo Correr, Ala napoleonica di Piazza San Marco,
con biglietti del Percorso integrato dei Musei di Piazza San Marco.

Ingresso gratuito per i residenti e nati a Venezia.

Orario

10.00-19.00, ultimo ingresso alle ore 18.00.

Adieu à Venise

Adieu à Venise (titre original : Anonimo veneziano) est un film italien réalisé par Enrico Maria Salerno, avec Florida Bolkan, Tony Musante, sorti en 1970.

Le scénario de Salerno, co-écrit avec Giuseppe Berto : Une jeune femme brune arrive à Venise ; elle a répondu à l’appel de son ancien mari mais redoute cette rencontre. Son mari voudrait reprendre l’enfant né de leur union, dix ans plus tôt, et que sa mère garde jalousement. Elle a refait sa vie avec un industriel de Ferrare. L’enfant vit heureux au sein du nouveau couple – pourtant il demeure, grâce à sa mère, attaché à son père.

Ils errent autour de Venise se remémorant les hauts et les bas de leur mariage, se demandant ce qui a poussé les séparer.

Anonimo veneziano

Enrico Maria Salerno, célèbre acteur de théâtre à l’italienne à l’époque, fait avec ce film ses débuts en tant que réalisateur avec une Venise magnifique, sans touristes, comme toile de fond.

La photographie extraordinaire nous offre la meilleure Venise. Certaines scènes ont également été filmées dans l’ancienne usine Bevilacqua Textiles, où Bolkan était entouré de damas et soieries les plus luxueuses dans une explosion de couleurs.

Anonimo veneziano

La musique d’Alessandro Marcello (1669-1747 et frère de Benedetto) est fascinante. L’adagio pour hautbois rend certaines scènes encore plus romantique.

Anonimo veneziano

Distribution

  • Florinda Bolkan
  • Tony Musante
  • Toti Dal Monte
  • Stelvio Cipriani

Anonimo veneziano

Le film finira tragiquement, mais on ne vous racontera rien de plus… chut !

Anonimo veneziano

Simplement un film à voir et à revoir, rien que pour les belles images d’une Venise telle qu’on l’aime, et qui na pas beaucoup changé, sauf qu’il y a désormais un peu plus de touristes, peut-être…

Comme vous êtes nos lectrices et lecteurs préférés, dans notre grande bonté, nous vous offrons le film, en version originale complète !

Tourisme, environnement et MoSe selon l’UNESCO

MOSE

Il y a quelques années, la ville de Venise avait souhaité organiser une conférence internationale, sous le patronage de l’UNESCO, sur l’avenir de Venise et traiter de sujets comme l’élévation du niveau de la mer, les activités portuaires, la restauration des monuments et le MOSE.

Le projet avait été bloqué par Renato Brunetta, ministre pour la Fonction publique et l’Innovation, dans le gouvernement Silvio Berlusconi IV, de 2008 à 2011,  qui ne voulait pas voir une vitrine internationale proposée aux alternatives pour le MOSE.

Aujourd’hui que les noms de Gianni Letta et Renato Brunetta sont apparus dans la liste des responsables politiques qui auraient été corrompus par les entrepreneurs chargés de la construction du MOSE, on comprends mieux cette farouche opposition, et la colère de l’UNESCO de ces derniers jours (nous avons évoqué dans notre page Olia & Klod venessiani la menace de l’organisation des Nations Unies pour la Culture de mettre Venise dans sa liste moire).

UNESCO

Depuis, trois gouvernements sont passés, l’affaire sur la corruption du MOSE a montré à la face du monde entier une classe politique corrompue et voleurs et de menteurs. Le maire s’en va, la bataille pour la conquête de Venise par d’autre politiques qui, pour le moment, ne valent pas mieux a commencé. Mais les vrais problèmes restent, et l’argent nécessaire pour les prendre en compte a disparu dans des comptes en banque cachés dans des paradis fiscaux.

Nave

Si tout va bien et si les hommes politiques actuellement au pouvoir en Italie ne s’y opposent pas, les 26 et 27 novembre 2014 se tiendra, au Palais des Doges, sous le patronage de l’UNESCO, une réunion internationale d’experts et de personnes qui travaillent dans la cité lagunaire sur les questions de : tourisme, sauvegarde, patrimoine, gestion de l’eau.

On va y parler alors de la sauvegarde de la lagune.

On y parlera du projet MOSE qui devrait être achevé en 2016 et protéger Venise des acqua alta, mais si le niveau des mers augmente réellement de 80 centimètre d’ici 2100, alors, les problèmes subsisteront même avec le MOSE.

On y traitera également pollution et protection de l’environnement.

On évoquera les sujet qui fâche aujourd’hui et qui provoque de fortes tensions entre l’UNESCO et les politiques italiens : le passage des grands navires devant San Marco, pour lesquels l’organisation veut une solution alternative, et, contrairement à ce que décident les politiques ces derniers temps, il est hors de question pour l’ONU de voir encore des navires de croisières ou des pétroliers entrer dans la lagune. C’est pourquoi on parlera du port hoff-shore, projet d’un milliard et demi d’€uros (hors coût de la corruption), et d’un port de tourisme en mer.

On évoquera également la gestion du tourisme à Venise qui ne peut plus supporter de recevoir plus de 22 millions de touristes par an, alors que sa population est passée au dessous de la barre des 60.000 habitants.

 Venise

Paolo et Anna Erizzo – Histoire et légende

Le récit du martyre de Paolo Erizzo et la mort héroïque de sa fille Anna a subi une série de modifications et adaptations dans l’historiographie vénitienne. Petit à petit, l’Histoire est devenue légende, nous avons essayé de retrouver la part de vérité, et la part liée à la propagande vénitienne contre l’Empire Ottoman.

Andrea Celesti: Paolo Erizzo abandonne les ruines de la forteresse de Negroponte, le martyre de Paolo Erizzo, Paolo Erizzo en face de Mehmed II qui le condamne à la mort, Paris, Musée des Beaux-Arts

Andrea Celesti: Paolo Erizzo abandonne les ruines de la forteresse de Negroponte, le martyre de Paolo Erizzo, Paolo Erizzo en face de Mehmed II qui le condamne à la mort, Paris, Musée des Beaux-Arts

Paolo Erizzo est né en 1411 dans l’ancien palazzo Erizzo, près de San Canzian, à Venise. Il a été nommé bailli de Chalcis en 1468. Deux ans plus tard, le sultan Mehmed II a tenté de conquérir l’île vénitienne, menant lui même les troupes terrestres, alors que la flotte ottomane était sous le commandement de Mahmoud Pacha.

À la fin de Juin 1470, les canons ottomans ont commencé à tirer sur les murs de la ville pendant que des troupes du sultan parcouraient l’île massacrant tous les mâles grecs et latins de plus de quinze ans, asservissant les autres.

Le 11 juin 1470, les troupes ottomanes se lançaient à l’assaut de la ville où elles entrèrent au matin du 12. La résistance des vénitiens se solda par un massacre général, et en fin de journée, Mehmed II entra dans une ville dévastée.

Paolo Erizzo ne se rendit qu’après la promesse de Mehmed II d’épargner la vie de tout ceux qui étaient retranchés dans la château. Une fois que les vénitiens se fussent rendus, le sultan a ordonné qu’ils soient tous exécutés.

Deux témoignages divergents nous informent sur la mort de Paolo Erizzo :

Giacomo Rizzardo, témoin oculaire, a déclaré que Mehmed II a tué Paolo Erizzo et s’est ensuite lavé les mains et le visage dans son sang.

Giovan Maria Angiolello, originaire de Vicenza, qui a survécu à la chute de la ville pour devenir ensuite esclave du sultan explique lui dans ses mémoires, Historia Turchesca, que Paolo Erizzo a été tué dès la première attaque, lors de la défense d’une partie de la ville appelée Bourkos.

Aucun des deux ne mentionne la présence d’Anna Erizzo, ni le supplice de la planche sciée en deux.

Pourtant les historiens du XXème siècle, Kenneth Setton et John Julius Norwich écrivent « The Governor, Paolo Erizzo, who had taken refuge in one of the towers, gave himself up only on the condition that he might keep his head; Mehmet, true to his promise, had his body severed at the waist instead. » alors que tout deux citent ces mêmes deux témoins.

La première mention du martyre de Paolo Erizzo par sciage dans la littérature est probablement celle de Marcantonio Coccio Sabellico dans son Historia rerum Venetarum ab urbe condita (Marcus Antonius Coccius Sabellicus, 1436 – 1506). Cette mort apparaît également dans les Chroniques de la famille Erizzo conservée à la Bibliothèque Nationale Marciana, mais elles sont plus anciennes encore, probablement du XVIème siècle.

Francesco Sansovino dans Annali Turcheschi overo Vite de Principi della Casa Othomana a rapporté que tous les jeunes italiens ont été tués, certains par empalement et, fait intéressant, d’autres par sciage en deux. Mais il ne précise pas que ce fut le cas pour Paolo Erizzo. Il mentionne également la fille de Erizzo mais sans utiliser son prénom. Il l’a décrite comme une fille de Paolo Erizzo, jeune et belle, destiné au harem du sultan à cause de sa beauté, et finalement tuée parce qu’elle refusait de se soumettre à la volonté de Mehmed.

La plus ancienne référence à la fille de Paolo se trouve dans une annexe titrée De Nigroponti captione, du livre de Loonicus Calcondyla Origine et rebus gestis Turcorum libri decem… publié à Bâle en 1556. C’est à quelques mots près la version racontée ultérieurement par Sansovino.

La construction de la légende vénitienne du martyre de Paolo Erizzo et la résistance héroïque de sa fille a probablement été prise, par la famille Erizzo au XVIIème siècle, à des fins d’auto-célébration. Entre 1631 et 1646, lorsque Francesco Erizzo était le doge de Venise, entretenir une pareille légende ne pouvait être que bénéfique… on peut même penser qu’elle fut un des outils inventés pour accéder au cornet ducal.

En 1647, le jésuite français Pierre Le Moyne nous livre la version aboutie de la légende dans La Galerie des Femmes Fortes.

Le Moyne a relaté l’histoire de la mort du martyr et la décision vertueuse de sa chaste fille, qui apparaît sans son prénom, mais avec l’épithète « La chaste Vénitienne« . Mehmed était subjugué par la jeune fille capturée et lui avait promis la richesse, offrant « des sceptres et des couronnes ». Le jésuite concrétise l’histoire d’Anna avec ses réflexions sur le suicide et, enfin, avec des comparaisons entre son sort et celui des premiers saints chrétiens, entre Mehmed et Neron et entre les dangers du champ de bataille et ceux d’un amphithéâtre.

A partir de ce récit, les artistes peintres s’emparèrent à leur tour de la légende.

Andrea Celesti: Martyre de Paolo Erizzo, collection privée

Andrea Celesti: Martyre de Paolo Erizzo, collection privée

Andrea Celesti: Mort d'Anna Erizzo, collection privée

Andrea Celesti: Mort d’Anna Erizzo, collection privée

Le martyre de Paolo Erizzo

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