Corto Maltese, le retour

Non seulement le marin romantique imaginé par Hugo Pratt va faire son retour en BD en octobre 2015. Mais toutes ses aventures vont bientôt être rééditées dans une édition spéciale à tirage limité à paraître à la mi-novembre.

Corto Maltese

Près de vingt ans après la mort de Hugo Pratt, c’est sous la plume du tandem espagnol Juan Días Canales (scénario) et Ruben Pellejero (dessin) que Corto Maltese va reprendre la mer pour de nouvelles aventures.

En attendant le mois d’octobre 2015, Le Figaro propose une édition de luxe des douze récits contant les aventures du marin romantique créé par Hugo Pratt en 1967. Ce coffret spécial à tirage limité présente l’intégrale chronologique en couleur.

Voilà l’occasion de (re)découvrir ce fameux marin romantique né il y a maintenant 47 ans. En relisant l’intégralité de ses aventures, on comprend mieux pourquoi Corto Maltese ressemble à Ulysse. Pour s’épanouir, il a besoin d’être emporté par le souffle et les embruns homériques de nouvelles histoires. Ses aventures, aujourd’hui encore, restent aussi fascinantes que son mystérieux créateur, l’Italien Hugo Pratt.

Hugo Pratt

Paré du charme insolent de l’éternelle adolescence, mi-Rimbaud, mi-Bowie, Corto Maltese a pris place dans notre imaginaire auprès du Billy Bud de Melville et du colonel Lawrence immortalisé par Peter O’Toole. On l’imagine au septième ciel des héros de bandes dessinées, indifférent au tapage des stars du monde des comics, perdu dans une rêverie prolongeant celle de son créateur, l’un et l’autre désormais aussi légendaires… Corto est né en 1887 à Malte d’un père irlandais et marin et d’une Gitane de Séville ayant servi de modèle à Ingres. Le pedigree de Pratt est presque aussi cosmopolite, né d’un père vénitien et d’une mère espagnole éprise d’occultisme et de cartomancie. Mais il semblerait que le père littéraire d’Hugo Pratt soit un romancier quelque peu oublié de nos jours, irlandais et grand voyageur, nommé Henry De Vere Stacpoole. Son roman Le Lagon bleu, naguère porté à l’écran, n’égale pas celui intitulé La Baie des songes, qui a, semble-t-il, inspiré au dessinateur l’un des premiers récits mettant en scène Corto, La Lagune des beaux songes.

Corto Maltese

Ce que l’on découvrira finalement, entre les lignes des sept volumes de cette belle édition, c’est surtout qu’à travers les péripéties de son héros, Hugo Pratt aura passé sa vie à raconter la vérité… comme si c’était un mensonge.

Lele Vianello

Derib, Silvina Pratt, Michel Jans de Mosquito et Lele Vianello à Grenoble en mai 2011

Derib, Silvina Pratt, Michel Jans de Mosquito et Lele Vianello à Grenoble en mai 2011

Raffaele, dit Lele, Vianello est né le 7 septembre 1951.

Diplômé en dessin industriel, il réside et travaille dans la lagune à Malamocco, sur le Lido de Venise.

Au milieu des années 70, il commencça à dessiner des histoires de science-fiction pour le magazine de BD italien Il Mago. Il alla présenter ses premiers travaux à Hugo Pratt qui lui donna de nombreux conseils, et finit par se lier d’amitié avec lui. Quelques publications suivirent dans les Help, Simbad et dans les journaux locaux.

Il publia en 1981 Venezia una singolare avventura dont il a dessiné les 170 vignettes qui illustrent l’histoire écrite par Umberto Franzoi, directeur du Musée du Palazzo Ducale.

Dans les années 80, il débuta sa collaboration avec Hugo Pratt. Il commença à travailler sur les Scorpions du désert, puis Corto en Sibérie. Aux côtés du maître, il a entre autres travaillé sur Cato Zoulou, Jesuit Joe, et sur des travaux publicitaires. Il accompagna Hugo Pratt jusqu’à la fin de sa vie, en travaillant avec son complice Guido Fuga, avec lequel il réalisa, en 1997, le guide sur Venise Corto Sconto qui deviendra ensuite dans sa version française, Itinéraires avec Corto Maltese, aux éditions Casterman.

En 2000, il a collaboré avec le magazine nautique Bolina dans laquelle il a créé un nouveau personnage, Matko.

Son second guide, en 2002, est toujours attaché à sa lagune natale. Navigar in laguna, où l’histoire officielle est liée aux contes de fées et aux légendes que l’on raconte encore à Venise. Il n’y a jamais eu de version française.

En 2005 , il a illustré cinq aventures d’aviation, liés de manières diverses à Venise, publié par l’armée de l’air italienne et publiée sous le titre Le ali del Leone. Il n’y a pas eu de version française hélas !

En 2010 il recommencça une fructueuse collaboration avec Guido Fuga, pour la bande dessinée Cubana, publiée par la maison d’éditions Edizioni Voilier. Cet album est une suite du célèbre L’homme des Caraïbes par Hugo Pratt, dans lequel Sven change son nom en capitaine Cudd  pour vivre une aventure cubaine au moment où les Barbudos, menés par un certain Che, s’agitent dans la forêt. Le livre a été publié en version française.

Un autre de ses albums à été édité en France, en 1993, Le Fanfaron, est la version française de Il Millantatore.

 On notera encore Marco Polo. Testimonianze d un viaggio straordinario sorti en Italie en 2007, Garibaldi Eroe di fatto publié en 2011, et toujours en Italie seulement…

Heureusement, ses deux derniers albums, sortis en Italie en 2013, Dick Turpin et Ladri di maschere e lune turche sortirons prochainement dans une version française, pour notre plus grand bonheur (aux éditions Mosquito)

Mosquito est une maison d’édition de bandes dessinées créée en 1989. L’association dauphylactère d’où sont issus les fondateurs de Mosquito organise chaque année le salon des 5 jours BD à Grenoble. Mosquito est connu pour ses rééditions de classiques de la bande dessinée italienne (Sergio Toppi, Attilio Micheluzzi, Guido Buzzelli) qui lui ont valu le Prix du patrimoine du festival d’Angoulême 2011.

 Voir le site personnel de Lele Vianello.

Cubana

Corte sconta detta Arcana

Tous nos amis en ont déjà parlé :

Aldo, dans Veneziamente
Annalivia dans Mes Carnets Vénitiens
Chantal Robillard, dans ses Poèmes de Voyages
Luca et Daniela dans e-Venise
Fauto, dans Alloggi Barbaria
Kerglas,
Lorenzo, dans TraMeZziniMag
Stef, dans La Part des Anges

etc… et presque tous les livres touristiques en parlent également. Certains écrivent même, depuis le campo San Zanipolo le chemin pour y aller sans se tromper. Nous ne parlerons donc pas de ce qui a été déjà dit partout, mais d’un mal qui ronge Venise.

La faute, au départ, à Hugo Pratt qui a dessiné pour Corto Maltese, une cour de son enfance, proche de la maison où il vivait enfant.

Cet endroit presque inconnu a attiré de plus en plus de visiteurs, aficionados du célèbre auteur vénitien, amateurs de la Venezia Nascota, touristes avertis, puis curieux, voyeurs et pervers. Enfin, pour les habitants de cette cour à l’accès peu aisé, il est vrai, la vie est devenue impossible, jour et nuit des « visiteurs » plus ou moins bien intentionnés venaient les déranger.

Il a commencé à y avoir des dégradations, des vols.

Aujourd’hui l’accès à la corte est fermée par une porte, comme une grille de prison qui enferme ses habitants pour les préserver d’un monde de voyeurs.

Désormais, plus aucun touriste ne peut y accéder, sauf en « violant » l’intimité des habitants de la cour (et dans ce cas, à ses risques et périls).  Même les guides officiels n’y ont plus accès que de façon très exceptionnelle. C’est dommage, mais c’est un juste retour des chose par rapport à un monde où plus rien n’est respecté, où le voyeurisme à remplacé la découverte respectueuse et les échanges culturels.

Personne ne peut être incriminé d’avoir par ses écrits été le complice des égarements de certains. Mais cela pose, pour le coup, les limites de ce que nous pouvons décrire de la ville qui déchaine tant de passions, sans prendre le risque de violer des espaces privés et la vie de leurs habitants. Nous aimons Venise et aimons en partager ses richesses inconnues, mais il y a des gens malhonnêtes et stupides qui souillent ce qui est beau et propre. Alors, garder ces trésors pour nous seuls ?

Pour visiter la corte Botera, désormais, il vous reste les liens ci dessus, et bien d’autres encore : nous vous avons donné simplement les meilleurs 😀 Ou alors, avoir la chance de rencontrer un de ses habitants qui acceptera de vous la faire visiter, à condition que vous sachiez le convaincre.

Pour vous consolez, allez-donc dans un autre lieu mythique de Venise : l’Osteria Corte Sconta dans les petites rues de Castello.

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