Le 2 juin 1882 Giuseppe Garibaldi expirait dans sa maison de Caprera, entouré de sa famille et de Menotti. Victor Hugo déclarait « L’Italie n’est pas en deuil, ni la France, mais l’humanité »
Quatre jours plus tard, le Consiglio Comunale di Venezia décidait d’ériger un monument, sans, bien entendu, recevoir l’accord de l’aile monarchiste qui, en signe de désaccord, boycotte l’initiative. Tous les élus monarchistes au Conseil Municipal se levèrent, laissant leur siège déserté et quittèrent la salle. Mais la popularité du « Héros des deux mondes » fit que le projet fut approuvé à la plus grande majorité.
C’est le sculpteur Augusto Benvenuti qui remporta le concours. Déjà, en 1885, il avait signé le Monumento in onore dell’Esercito Italiano. Le monument qui était autrefois situé sur la Riva San Biagio, et qui, plus tard, a été déplacé aux Gardini.
Une fois l’œuvre terminée, restait en suspend la question de son emplacement. Plusieurs propositions avaient été faites, de la balustrade du Rio Sant’Anna au campo Santa Maria Formosa. Mais l’idée qui a prévalu fut de placer la sculpture à l’entrée des Giardini sur la via récemment élargie. Entourée d’un bassin, de manière à renforcer l »importance du rocher de l’île de Paprera, sur lequel le héros national scrute la mer. A ses pieds, on n’avait pas oublié de placer le lion, Venise oblige.

« Qui si fa l’Italia o si muore » (Ici, c’est l’Italie ou mourir) à lancé Giuseppe Garibaldi à Nino Bixio lorsque le sort de la bataille de Calatafimi paraissait de nature à favoriser les Bourbon. C’est l’un des épisodes les plus célèbres du Risorgimento, évoqué ici par le peintre Walter Molino.
Le dernier acte de cette histoire s’est terminé le 24 juillet 1887, lorsque le monument à été inauguré lors d’une cérémonie solennelle. L’absence, remarquée, du maire Dante Di Serego Allighieri, absent pour un deuil familial, fit dire à de nombreux malins, que c’était très « providentiel ». De fait, ce fut le dernier maire de Venise nommé par le Roi.
En 1921, alors que Vinicio Salvi marchait dans les jardins à le recherche d’escargots, comme il le faisait régulièrement chaque semaine, et alors qu’il s’était approché de la statue du « Héros des deux mondes », il sentit qu’on le tirait par le bras. Suffisamment fort pour le faire tomber à terre. Alors qu’il se relevait, il vit une « ombre rouge » qui s’enfuyait. Quand il raconta cette nouvelle à ses amis, ils se moquèrent, en disant aue l’unique « ombre rosse » qu’il avait vue était à la taverne. A Venise, « une ombre » est un verre de vin rouge servi en vrac dans les bacari.
Plus personne n’y pensait, mais, une semaine plus tard, un couple qui s’était isolé un soir près de la statue, fut perturbé par une « ombre rouge ». Puis, ce fut le tour d’un pécheur qui rentra chez lui avec une belle bosse.
Ces évènement répétés alertèrent les carabinieri qui organisèrent, un soir, une patrouille dans le secteur. Alors que la patrouille approchait de la statue, l’ombre rouge apparut, mais, au lieu de se jeter dans l’ombre, elle s’interposa entre les militaires et la statue de Garibaldi. Tous virent alors devant eux un homme en uniforme et chemise rouge (l’uniforme des hommes de Garibaldi). Immédiatement, personne ne le reconnut vraiment. Mais, dans la foule qui avait assisté à cette apparition, se trouvait certains qui l’avaient connu : « ma quelo xe Bepi, Bepi el garibaldin » Giuseppe Zolli, né en 1838, qui, pendant l’expédition des 1000 avait fait la promesse de surveiller les arrières de Garibaldi, même après sa mort.
Tous les habitants du quartier furent si émus, et tous les vénitiens si reconnaissants en ce noble héros. Sous la pression des habitants, la municipalité demanda qu’une statue fut rajoutée à l’arrière du monument, qui représente Giuseppe Zolli qui veille sur son général.
Depuis, il n’y a plus jamais eu d’apparitions fantomatiques, ni aucune agression dans ce secteur.
Source : « Leggende veneziane e storie di fantasmi » de A. Toso
Nous vous ferons désormais visiter Venise, avec un brin de nostalgie, au travers de photographies anciennes de nos collections. Les quartiers oubliés, les monuments disparus, les grands travaux… régulièrement nous vous ferons revivre la Venise de la fin du XIXème et du début du XXème siècle et la vie entre murs et canaux à cette époque.
Nous vous raconterons également quelques Légendes vénitiennes, avec de bonnes histoires de fantômes…